EXHIBITION REVIEW – LEE UFAN @ KUKJE GALLERY, SEOUL

by Joséphine de Fontaines

Installation views of Relatum – The Kiss (2023), Kukje Gallery, Seoul. Courtesy of the artist and Kukje Gallery – Image © Ufan Lee / ADAGP, Paris – SACK, Seoul, 2023. Image provided by Kukje Gallery  

Pour la première fois à Séoul depuis 12 ans, Lee Ufan montre quelques-unes de ses pièces les plus récentes dans le solo show que la Galerie Kukje lui consacre jusqu’au 28 mai prochain.  

Figure de l’avant-garde est-asiatique, et théoricien du Mono-ha (ou « école des choses »), le coréen Lee Ufan partage sa vie entre le Japon et la France. Au contraire de l’art conceptuel ou numérique, Lee fonde son travail sur les relations matérielles entre objets exposés, leur environnement et les spectateurs.  

L’exposition présente ainsi des pièces d’une série emblématique de Lee, les « relatum », (ou récit, rapport, mise en relation), commencés en 1968. Ces sculptures juxtaposent pierres de granite et matériel industriel, comme un dialogue silencieux entre « Nature » et « Civilisation ». La série prend sa source dans l’opposition artistique de Lee au Japon des années 60, avec son règne de la surconsommation et les débuts du numérique. Au contraire, le blanc serein des peintures ou les installations de pierre et de métal sont autant d’oppositions matérielles au monde numérique, où la création manuelle (le coup de pinceau, la pose des sculptures) s’ancre dans l’espace physique, et invite le spectateur à participer à la rencontre que met en scène Lee Ufan.   

Les six salles de l’exposition contiennent chacune une sculpture qui se dresse seule au centre, dans la scénographie dépouillée propre au travail de Lee, invitant à la conversation entre les matériaux. Bien sûr, il est difficile d’entrer vraiment en résonance avec le travail contemplatif et dialogique de l’artiste dans le contexte animé de la galerie. Mais seule l’absence de bancs pourrait rappeler l’aspect marchand du lieu, tant la célèbre galerie coréenne fait preuve d’un savoir-faire muséal dans cette exposition.  

Relatum – The Kiss (2023), où des rochers entourés de deux chaînes d’acier se frôlent comme pour s’embrasser, invite par exemple les visiteurs de la salle tamisée à prendre silencieusement part à la conversation entre les objets (quand ils ne sont pas trop occupés à se prendre en photo devant les œuvres). La sculpture Relatum – The Sound Cylinder (1996/2023), attire elle aussi l’attention en fondant cette fois le principe de dialogue sur le médium moins habituel de l’air, en plus de l’habituelle relation entre les roches et la plaque. Du cylindre en acier émergent des sons de la cloche Emilé, ou cloche divine du roi Seongdeok, la plus grande cloche de bronze conservée à ce jour en Corée. Outre ce jeu sur les différentes formes de “résonnances”, la référence historique de l’œuvre est intéressante dans le travail d’un artiste dont l’identité ne saurait se limiter à son seul pays de naissance.  

On découvre aussi les Dialogues (2023), quatre peintures sur papier, où l’on peut retrouver le coup de pinceau bien connu de Lee Ufan, en petits formats relativement rares dans le travail récent du peintre. Dans sa peinture, Lee crée une tension entre le geste et la toile, sur laquelle il mixe pigments et matériaux naturels. Les aplats de coups de pinceaux disparaissent graduellement sur des fonds blancs unis, et l’on retrouve les principes conducteurs du dialogue, de la méditation au centre de l’œuvre de Lee.  

Installation views of The Sound Cylinder (1996/2023), Kukje Gallery, Seoul. Courtesy of the artist and Kukje Gallery – Image © Ufan Lee / ADAGP, Paris – SACK, Seoul, 2023. Image provided by Kukje Gallery  

For the first time in Seoul in 12 years, Lee Ufan is showing some of his most recent works in the solo show that the Kukje gallery is dedicating to him until May 28.  

A figure of the East Asian avant-garde, and theorist of Mono-ha (or « school of things »), Korean artist Lee Ufan divides his life between Japan and France. In contrast to conceptual or digital art, Lee bases his work on the material relationships between exhibited objects, their environment and the viewers.  

The exhibition features pieces from Lee’s iconic “relatum” series (“narrative”, “relationship”), begun in 1968. These sculptures juxtapose granite stones and industrial materials, like a silent dialogue between « Nature » and « Civilization ». The series is rooted in Lee’s artistic opposition to Japan in the 1960s, with its reign of overconsumption and the beginnings of digital technology. On the contrary, the serene white of the paintings or the stone and metal installations are material oppositions to the digital world, where manual creation (the brushstroke, the installation of the sculptures) is anchored in physical space and invites the viewer to contemplate the objects that Lee Ufan disposes. 

Each of the six rooms in the exhibition contains a sculpture that stands alone in the center, in Lee’s characteristically white-cube scenography, inviting conversation between the materials. Of course, it is difficult to truly resonate with the artist’s contemplative and dialogical work in the busy context of the gallery. But only the absence of benches could remind us of the commercial aspect of the place, so much the famous Korean gallery shows a museum-level exhibition.  

Relatum – The Kiss (2023), where rocks surrounded by two steel chains brush against each other as if to kiss, invites visitors to the dimly lit room to silently take part in the conversation between the objects (when they are not too busy taking pictures of themselves in front of the works). The sculpture Relatum – The Sound Cylinder (1996/2023), also attracts attention, this time basing the principle of dialogue on the less usual medium of air, in addition to the recurrent relationship between rocks and plate. From the steel cylinder emerges the sounds of the Emile Bell, or the Sacred Bell of the Great King Seongdeok, the largest bronze bell preserved to date in Korea. In addition to this play on the different forms of « resonance », the historical reference of the work is interesting in the practice of an artist whose identity cannot be limited to his country of birth.  

We also discover the Dialogues (2023), four paintings on paper, where we can find Lee Ufan’s well-known brushstrokes, in small formats, relatively rare in the painter’s recent work. In his painting, Lee creates a tension between the gesture and the canvas, on which he mixes pigments and natural materials. The brushstrokes gradually disappear on pristine white backgrounds, and we find again the guiding principles of dialogue, of meditation at the center of Lee’s work. 

Installation views of Dialogues (2023), Kukje Gallery, Seoul. Courtesy of the artist and Kukje Gallery – Image © Ufan Lee / ADAGP, Paris – SACK, Seoul, 2023. Image provided by Kukje Gallery  

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