INTERVIEW – FANSACK

by Anthony Brienza

Fansack (庞凡) est un artiste chinois vivant depuis plus d’une dizaine d’années entre Paris et sa ville natale du Sichuan, Chengdu. Très actif notamment dans le milieu du street-art, il a su se faire un nom sur la scène contemporaine grâce à une importante productivité et de nombreuses collaborations. Nous avons ici le privilège de partager pour ACA Project notre discussion avec ce plasticien aux inspirations multiples. 

Fansack (庞 凡) is a Chinese artist living for more than ten years between Paris and his hometown of Sichuan, Chengdu. Very active especially in the street-art world, he was able to make a name for himself on the contemporary scene thanks to a high productivity and many collaborations. Here we have the privilege of sharing for the ACA Project our discussion with this artist with multiple inspirations.

Fansack, Elixir Ape, 2022, acrylic spray paint and oil pastel on linen, 200 x 185 cm
ACA : Bonjour FANSACK. Vous vivez actuellement entre Paris et la Chine et avez réalisé une partie de vos études d’art en France, comme beaucoup d’artistes chinois de votre génération. Comment considérez-vous cette relation singulière au niveau artistique et culturel entre les deux pays ? Comment se manifeste-t-elle dans votre processus créatif et votre travail ? 

Fansack : Les échanges entre la Chine et la France ont commencé au XIVème siècle et historiquement, les philosophies, les arts et les cultures de ces deux pays se sont mutuellement influencés. À mon avis, la Chine et l’Orient constitueront toujours une source de romantisme et de mystère pour les français, tandis qu’à l’inverse, la France apporte à la Chine plus de rationalité, de spéculation et de passion. 

Dans mes œuvres, je connecte toujours ces différents facteurs intentionnellement, comme dans “Paris in My Eyes”, où je juxtapose le logo du Paris Saint-Germain, considéré par les supporters parisiens comme une sorte de symbole religieux, aux flammes tantriques orientales. Cette association sert à accentuer l’idée de passion et de folie autour du football qu’il y a en France. 

ACA : Hello FANSACK, you are now living between Paris and China and made a part of your art studies in France, like many other chinese artists of your generation, how do you consider this singular  artistic and cultural relationship between these two countries ? 

Fansack : Exchanges between China and France began in the 14th century and historically, the philosophies, arts and cultures of these two countries have mutually influenced each other. In my opinion, China and the the countries of the East will always be a source of romanticism and mystery for the French, whereas, conversely, France brings more rationality, speculation and passion in the chinese imaginary.

In my works, I always connect these different factors intentionally, as in “Paris in My Eyes”, where I juxtapose the logo of Paris Saint-Germain, considered by Parisian supporters as a kind of religious symbol, with oriental tantric flames. This association serves to accentuate the idea of passion and madness around football that exists in France.

ACA : Et pouvez-vous nous parler du point de vue chinois d’aujourd’hui à l’égard de la culture française ?

Fansack: Je pense que la plupart des opinions des Chinois sur la culture française aujourd’hui sont principalement basées sur la consommation de marques de luxe. Avec par exemple l’événement de la fashion week et plus globalement les tendances relatives à la mode (notamment les nombreuses collaborations qui existent aujourd’hui entre des artistes contemporains et des marques de luxe). 

ACA : Can you tell us about today’s Chinese point of view of the French cultural system?

Fansack: I think that most of the Chinese opinions on French culture today are mainly based on the consumption of luxury brands. For example the event of the fashion week and more generally the different fashion trends (especially the many collaborations that exist today between contemporary artists and luxury brands).

Fansack, Paris in my eyes, 2021, acrylic on linen, 120 x 120 cm
ACA : Les voyages et les expériences sont-ils ainsi de véritables forces de création pour vous ? Vous avez récemment eu privilège de réaliser une fresque à Lhassa au Tibet, avant d’aller Mont Kailash (冈仁波齐峰), site sacré et l’un des lieux de pèlerinages les plus importants d’Asie. Comment s’est déroulée cette réalisation si particulière ? Êtes-vous autant inspiré par le monde extérieur d’aujourd’hui que par les symboles spirituels historiques et dans quelle mesure estimez-vous que votre art est lié à l’espace et à l’environnement qui vous entourent ?  ? 

Fansack : Je crois qu’il existe de nombreuses sources de créativité et les voyages et l’expérience sont sans aucun doute très importants. Effectivement, je suis récemment allé au Tibet pour effectuer un pèlerinage autour du Mont Kailash, qui est une circumambulation de trois jours. Au cours de ce voyage, j’ai pu rencontrer beaucoup de belles personnes, et ce qui me marqua c’est leur foi et le fait qu’ils respectaient et priaient la nature. La montagne sacrée est ainsi un véritable symbole pour moi, présente dans toutes mes œuvres récentes, elle représente le symbole du rêve et de l’âme. En effet, les éléments naturels, tels que la montagne ou les lacs, apparaissent depuis l’Antiquité au sein des différents cultes religieux. 

Je me suis d’abord intéressé à Nyingmapa (Le Nyingmapa désigne la plus ancienne lignée du Bouddhisme tibétain, le terme « Nyingma » signifiant « ancien ») il y a de nombreux années, sous l’influence notamment de MC Yan, un musicien hongkongais indépendant considéré comme étant le premier grand “graffiti-artist” en Asie. Il pratique la tradition Nyingma depuis très longtemps. Par ailleurs, j’ai une amie tibétaine qui s’appelle Nyema Droma et qui tient le plus grand festival culturel qui a lieu chaque année à Lhassa. J’ai eu l’opportunité d’y être invité et d’effectuer une performance picturale à cette occasion. De plus, il y a quelques années, je me suis également rendu au Monastère de Samyé, qui est le premier temple de Padmasambhava, considéré comme le fondateur du bouddhisme tibétain. C’est ici qu’il aurait médité pendant 3 ans, 3 mois et 3 jours. 

Il y a eu donc toutes sortes de karmas qui se sont réunis cette année-là, et c’est pour cela que j’ai décidé d’aller effectuer le pèlerinage du Mont Kailash. Bien sûr, le monde extérieur d’aujourd’hui est plus déchiré par les poursuites spirituelles, je pense que le monde actuel est plus susceptible d’inspirer les parties perverses chez les gens, mais en raison de cela, à notre époque, la sagesse est encore plus précieuse.

ACA : Are travels and experiences real creative forces for you ? Do you have an anecdote about a unique encounter or discovery that could have influenced one of your creations in particular ? You recently had the privilege of creating a fresco in Lhasa in Tibet, not far from Mount Kailash (冈仁波齐峰), a sacred site and one of the most important places of pilgrimage in Asia. How did this so particular achievement came about ? Are you inspired as much by the outside world of today as by historical spiritual symbols ?  And to what extent do you feel your art is linked to the space and environment surrounding  you?

Fansack : I think there are many sources of creativity, and certainly travel and experience are very important. Indeed, I recently went on a trip to Tibet, on a pilgrimage around Mount Kailash, which is a three-day circumambulation. During this trip, I was able to meet many beautiful people, and what marked me was their faith and the fact that they respected and prayed to nature. The sacred mountain is thus a true symbol for me, present in all my recent works, it represents the symbol of the dream and the soul. Indeed, natural elements, such as the mountains or lakes, have appeared since antiquity within the various religious cults.

I first became interested in Nyingmapa (Nyingmapa refers to the oldest lineage of Tibetan Buddhism, the term « Nyingma » meaning « ancient ») many years ago, under the influence of MC Yan, among others, an independent Hong Kong musician considered the first great graffiti artist in Asia. He’s been practicing the Nyingma tradition for a very long time. In addition, I have a Tibetan friend named Nyema Droma, who runs the largest cultural festival held every year in Lhasa. I had the opportunity to be invited and perform a pictorial performance on this occasion. In addition, a few years ago I also visited the Monastery of Samyé, which is the first temple of Padmasambhava, considered as the founder of Tibetan Buddhism. This is where he would have meditated for 3 years, 3 months and 3 days.

So there were all kinds of karmas that came together that year, and that’s why I decided to go on the Mount Kailash pilgrimage. Of course, today’s outer world is more torn by spiritual pursuits, I think the present world is more likely to inspire the perverse parts in people, but because of that, in our time, wisdom is even more precious.

Fansack, Sainthoods the Ape and Alien no.2, Lhassa, 2022
ACA : Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous avez donc évoqué le fait d’être très inspiré par les différentes croyances dans vos processus créatifs, et plus particulièrement par le bouddhisme. L’iconographie bouddhiste est en effet quasi omniprésente dans votre travail et semble dépeindre une perception presque “délirante” de cette théogonie, où les éléments se confondent et entrent même en contact avec des composants de notre société actuelle. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? 

Fansack : Tout d’abord, la culture traditionnelle chinoise est basée sur le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme et dans l’histoire des échanges culturels entre la Chine et l’Occident, le bouddhisme a toujours joué un rôle très important. Par exemple, les deux types de personnes les plus courantes apparaissant sur les Routes de la Soie sont les hommes d’affaires et les moine, le moine le plus célèbre est Xuanzang (玄奘), l’un des plus grands traducteurs de soutras bouddhiques de l’histoire de la Chine.

À ce sujet, j’ai récemment créé une nouvelle œuvre, “The Walking Alien”, une oeuvre réalisée à l’acrylique et qui représente un personnage mêlant des éléments de la l’iconographie traditionnelle bouddhiste à des éléments futuristes. À mon avis, les enseignements bouddhistes sont une philosophie sur l’essence de l’univers, de l’ego et de la mort. Cela me semble être quelque chose qui dépasse la religion, une technique pour l’amélioration humaine et son exploration est un thème chez tous les humains. J’espère alors que ce sens de la spiritualité pourra toujours se refléter dans mon travail. Le contact artistique que j’entretiens avec les composantes sociales actuelles est ainsi une manière de communication plus légère, plus intéressante et surtout plus contemporaine. 

ACA : When we met, you evoked the fact of being very inspired by different beliefs in your creative processes, especially Buddhism. Buddhist iconography is in fact almost omnipresent in your work and seems to depict a “delusional” perception of this theogony, where the elements merge and even come into contact with components of our present society. Can you tell us more about that?

Fansack : First of all, traditional Chinese culture is based on Confucianism, Buddhism and Taoism and in the history of cultural exchanges between China and the West, Buddhism has always played a very important role. For example, the two most common types of people appearing on the Silk Roads are businessmen and monks, the most famous monk being Xuanzang (玄 奘), one of the greatest Buddhist sutra translators in the history of China.

In this regard, I recently created a new artwork called “The Walking Alien”, made with acrylic and depicting a character combining elements of traditional Buddhist iconography with futuristic elements. In my opinion, Buddhist teachings are a philosophy about the essence of the universe, ego and death. This seems to me to be something that goes beyond religion, a technique for human improvement and its exploration is a theme in all humans. I hope that this sense of spirituality will always be reflected in my work. The artistic contact I have with current social components is thus a lighter, more interesting and especially more contemporary way of communication.

Fansack, The walking alien, 2022, acrylic, spraypaint and pastel on linen, 200 x 103cm
ACA : Quels sont vos prochains projets pour cette année 2023 ? Allez-vous continuer de produire entre la Chine et Paris ? 

Fansack : Pour l’année 2023, Je prévois de faire une série d’œuvres appelées “Space ape” dans les rues de Paris. Je pense que tout le monde les verra bientôt. Bien sûr, je continuerai à créer et à exposer à Paris, en Chine et encore plus ailleurs.

ACA : What are your next projects for 2023 ? Will you continue to produce your art between China and Paris?

Fansack : For the year 2023, I plan to make a series of works called “Space ape” in the streets of Paris. I think everyone will see them soon. Of course, I will continue to create and exhibit in Paris, China and even more elsewhere. 

by Anthony Brienza, Jan. 2023


ACA project est une association française dédiée à la promotion de la connaissance de l’art contemporain asiatique, en particulier l’art contemporain chinois, coréen, japonais et d’Asie du sud-est. Grâce à notre réseau de bénévoles et de partenaires, nous publions régulièrement une newsletter, des actualités, des interviews, une base de données, et organisons des événements principalement en ligne et à Paris. Si vous aimez nos articles et nos actions, n’hésitez pas à nous soutenir par un don ou à nous écrire.

ACA project is a French association dedicated to the promotion of the knowledge about Asian contemporary art, in particular Chinese, Korea, Japanese and South-East Asian art. Thanks to our network of volunteers and partners, we publish a bimonthly newsletter, as well as news, interviews and database, and we organise or take part in events mostly online or in Paris, France. If you like our articles and our actions, feel free to support us by making a donation or writing to us