EXHIBITION – WANG DU @ LAURENT GODIN GALLERY

Wang Du, Médecine interne, 2016, Vue de La Clinique du Monde, Galerie Laurent Godin, © Yann Bohac
Wang Du, Médecine interne, 2016, Vue de La Clinique du Monde, Galerie Laurent Godin, © Yann Bohac

« A mes yeux, le monde était une œuvre d’art, aujourd’hui, je le vois davantage comme un patient. Lorsque je considérais le monde comme œuvre d’art, ma position était celle d’un commentateur: J’observais, j’évaluais, et tentais de le comprendre. En fin de compte, il me semble qu’il n’en résultait que des interprétations subjectives que je maintenais pourtant telles quelles.
Ce monde, devenu une sorte de corps malade, apparaît torturé par une multitude de virus et d’épidémies, conséquences d’un état de crise permanent : guerres sans ennemis, luttes pour le contrôle des ressources énergétiques, compétition pour la colonisation de l’espace, extrême obsession quant à la sécurité nationale, menaces nucléaires, évolution toujours plus matérialiste et consumériste, dégénérescence humaine, confiscation des richesses, ravages de la violence sociale, crise des migrants, contamination croisée entre culture et commerce, défis écologiques et démographiques…
Face à cette maladie virale multi-composite, il semble qu’aucun remède ne puisse agir. Ce qui est bon pour soigner tel organe devenant le poison qui en détruit un autre. La relance de l’économie pouvant, par exemple, se heurter au système démocratique, la lutte anti-terroriste qui provoquerait plus d’attaques terroristes, le renversement d’un régime politique totalitaire qui déboucherait sur plus de chaos et d’injustice, le sauvetage d’un pays en faillite qui plongerait d’autres pays dans la crise, le monopole de la dissuasion nucléaire qui obligerait les autres à s’équiper …
Ce « monde-œuvre d’art » est devenu insupportable aux regards. Tel un corps démembré, dépecé, atrophié, il se retrouve réduit à un tas d’organes sans unité, dont les différentes composantes aurait été jetées sur une table de dissection.
Afin de repenser mes interprétations du monde, j’ai choisi la métaphore : La clinique du monde : Guerre = Chirurgie, Sécurité = Médecine interne, Globalisation = Neurochirurgie, Energie = Urologie, Médias = Service ORL, Fétichisme = Médecine chinoise, Politique et fanatisme = Psychiatrie et cardiologie, Organisations internationales = Morgue, Sexe = Cantine d’hôpital…
Manifestement, La clinique du monde est loin de pouvoir diagnostiquer toutes les maladies. Le développement accéléré des hautes technologies contemporaines, un monde connecté de plus en plus intelligent établissant un écart toujours plus vertigineux en regard de certaines formes de dégénérescence humaines, tout comme les progrès de la médecine et la sophistication des techniques médicales semblent entraîner de plus en plus de maladies étranges et difficiles à soigner.
Quel genre de monde le monde-patient va-t-il devenir? La question est aussi effrayante qu’excitante… »
Wang Du (2016)

Né en 1956 à Wuhan en République Populaire de Chine, Wang Du s’installe à Paris en 1990 où il développe une œuvre basée sur la critique de l’omniprésence des images et de l’hégémonie des médias. « La clinique du monde » est sa troisième exposition à la Galerie Laurent Godin. Il a également exposé au Ullens Center for Contemporary Art, Beijing ; au B.P.S.22, Belgique ; à la Biennale de Dublin, au Tri Postal de Lille, au Mori Art Museum de Tokyo, à la Städtische Galerie de Viersen, à la Akbank Sanat d’Istanbul, au Palais de Tokyo, Paris…

« La Clinique du monde », Wang Du, Exposition à la Galerie Laurent Godin jusqu’au 23 décembre 2016