A few weeks ago, Yoyo Maeght organized a visit of painter Aki Kuroda’s studio. ACA project had the chance to meet him and asked him a few questions.
Aki Kuroda is a Japanese artist who has been living and working in Paris, France for forty years. His work questions the notions of time, space, universe, cosmos and reality in a colorful and abstract aesthetic made of human figures, flowers and mythological animals.
ACA project : Aki, you have been a painter for forty years. What were your first inspirations and how did they evolved ?
Aki Kuroda : When I began my work as an artist forty years ago, I was interested in mystical and even philosophical subjects, connected with the Asian culture, such as the concept of cosmos. At the beginning, my work raised the question of the purpose of our time on Earth. I was then painting figures, almost empty, symbolizing this idea of our passage on earth.
ACA : Could you describe us your creative process ?
AK : All of my works are directly drawn with my hands. I like feeling the matter, the paint. I need my whole body to be involved in the process when I paint.
ACA : You have been developing the concept of cosmogarden in your work for a few years now, could you define us what it is ?
AK : It is not easy to describe as I want this concept to evolve. The starting point is that human being is a result of the Big Bang. That is why for me there is a link between human being, the city, the cosmos and the painting. I explore that synergy in my paintings. Human beings and space are constantly evolving and I want the concept of cosmogarden to evolve consequently.
ACA : What was the starting point for this new series of self-portraits that you are presenting ?
AK : Over the time, the notions of body and memory became major components of my work. I easily forget about things but I always keep snippets in mind. For me, human being is an animal. I like the metaphor of the Minotaur, half-human half-animal, and the idea of an hybrid human being. I also like doing pun with the three words : minotaur, bullfighting (tauromachie in French) and machine. Currently in my work, I explore the transition from the Minotaur to the machine.
ACA : Where does your daily inspiration come from ?
AK : I am interested in many subjects such as ecology and artificial intelligence.
ACA : Sciences seem to become more and more important in your work. Could you tell us a bit more about that ?
AK : The development of artificial intelligence raises a lot of questions in me. This new science questions and redefines our role in the Universe. Will we become robots ? Human being is a witness of this development but we can’t say anything about it. I can’t judge, I can only offer a vision, a reflexion, neither positive or negative. That is what I am trying to do with my paintings.
ACA : What are your upcoming projects ?
AK : I am curently working on an exhibition in collaboration with Jean-Pierre Bibring, one of the member of the Rosetta space mission. I am also working on a project on a new building built in a very minimal aesthetic in a disavantaged area. I have been ask to paint on the building. I would like to make art that creates a social link with the people living in this area. I don’t want to make something with a too minimal and geometric easthetic that will be too cold, I am working on making a more organic, sensitive painting.
Interview by Camille Despré, November 2019
Il y a quelques semaines, Yoyo Maeght organisait une visite de l’atelier du peintre Aki Kuroda. ACA project a eu la chance de s’y rendre et de lui poser quelques questions.
Aki Kuroda est un artiste japonais vivant et travaillant à Paris depuis près de quarante ans. Il s’intéresse aux notions de l’espace-temps, du cosmos, de l’univers et de la réalité. Il développe dans son travail une esthétique abstraite et colorée au vocabulaire iconographique fort composé de figures humaines simplifiées, de fleurs et d’animaux mythologiques tel le minotaure.
ACA Project : Vous êtes actif depuis une quarantaine d’années. Quelles ont été vos premières inspirations et comment ont-elles évolué ?
Aki Kuroda : Quand j’ai commencé mes recherches picturales il y a quarante ans, je m’intéressais alors à des sujets un peu mystiques voire philosophiques en lien avec la culture asiatique tel le cosmos. Au début, mon travail interrogeait la question du passage de l’homme sur terre. Je représentais alors des figures presque vides afin d’évoquer cette idée de passage.
ACA : Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre processus de création ?
AK : Toutes mes œuvres sont peintes directement avec les doigts. J’aime le contact avec la matière et l’implication du corps dans la réalisation d’une œuvre.
ACA : Vous développez depuis quelques années dans votre travail le concept de « cosmogarden », pourriez-vous le définir ?
AK : C’est un concept assez difficile à décrire. L’homme étant le résultat du Big Bang, ce qui m’intéresse c’est d’explorer la synergie entre l’homme, la ville, le cosmos et la peinture. Je ne veux pas que le concept de « cosmogarden » soit fixe, je veux qu’il évolue en même temps que l’homme et le monde qui l’entoure. L’espace est en perpétuel mouvement, le concept de « cosmogarden » évolue en conséquence.
ACA : Quel a été le point de départ de cette nouvelle série d’autoportraits que vous présentez actuellement ?
AK : Petit à petit, la notion du corps est devenue récurrente dans mon travail ainsi que celle de la mémoire. J’ai tendance à oublier facilement les choses cependant j’ai toujours des bribes qui me restent. Pour moi, l’homme est comme un animal. J’aime l’analogie avec l’image du minotaure qui a un corps humain et une tête animale, l’idée d’un être hybride. J’aime également jouer avec les mots : minotaure – tauromachie – machine. Actuellement, je m’intéresse à l’exploration de ce passage entre minotaure et machine.
ACA : Qu’est ce qui nourrit votre travail au quotidien ?
AK : Aujourd’hui, je m’intéresse à de nombreux sujets comme l’écologie ou encore la robotisation et l’intelligence artificielle.
ACA : L’aspect scientifique est très présent dans votre travail. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
AK : Le développement de l’intelligence artificielle est quelque chose qui me questionne. L’homme est spectateur de ce développement et ne peut rien dire. Mais le développement de cette nouvelle science remet en question la place de l’homme. Deviendrons-nous des robots ? À cela, je n’ai pas de jugement à apporter mais je propose dans mes peintures une vision, une réflexion, ni positive, ni négative.
ACA : Quels sont vos projets à venir ?
AK : Je travaille actuellement sur un projet d’exposition avec Jean-Pierre Bibring, l’un des responsables de la mission spatiale Rosetta. Je travaille également sur un projet en lien avec un bâtiment qui vient d’être construit dans un quartier peu favorisé et qui a une esthétique très minimale. Je dois intervenir sur ce bâtiment et j’ai envie de réaliser une œuvre pour créer du lien avec la population et qui peut leur parler. Pour cette commande, je n’ai pas envie de faire quelque chose à l’esthétique trop minimale et géométrique, qui pourrait être trop froide mais au contraire à faire une peinture plus vivante et organique.
Propos recueillis par Camille Despré, novembre 2019