LUO YANG – ARTIST

ACA project, had the opportunity to talk with Chinese artist Luo Yang about her series entitled “GIRLS” in May 2019. Made of several pictures of Chinese women born in the 1980s, “GIRLS” challenges the traditional image of women in China and was celebrated worldwide through a series of exhibitions from 2008 till today. Inspired by her own experience, Luo Yang reveals a moving portrait of independent, brave and self-reliant women.

Luo Yang – Courtesy MO industries

Could you explain how your series « GIRLS » was initiated?

It started as my passion project in college when I got a point-and-shoot from a friend, and I started to shoot people around me, also as a way to release and explore my own adolescent emotions and confusions.

What were your sources of inspiration for this series?

It became quite natural to shoot girls as the starting point is to reflect something of my own in the people I shoot and I’m always interested in people, I tend to find that we share very similar emotions and problems. Artistically, to be honest I get my inspirations from everywhere. Other artists’ photography, paintings, movies… etc. 

Is this series inspired by your own experience? How is it important for you to base your creation on your own individual experience?

Yes to a large extent. It was at first an expression and solution to my own problems, which is significant because of its authenticity and thus has the power to move people. 

Up to which point this personal experience can echo to an important issue faced in the contemporary China society – the traditional image of women in the Chinese society?

I started the project with a question in my mind and as I shot more girls, I realized some of the emotions/problems I had are mutual among a much bigger group: tension with families, traditional expectations and restraints of what a woman should do, what role they should play… But still the girls I shoot are the minorities, they are brave and trying to get rid of the limitations. 

Grazzy, 2017 – Courtesy of the artist

How does your series challenge this traditional image of women in China?

Like traditionally women are supposed to marry at a certain age and if you are still single at 28 you’ll face the pressure of marriage and having children; teachers and other stable jobs are considered good choices, etc.  The girls I shoot are slightly different from the majority of their age. They are more brave and independent, dare to live differently and have different pursuits in life other than traditional expectations.

Do you think your work could be a voice and a way to show independence to the new generation of women in China?

The group of Chinese young people I shoot, I won’t say they can completely represent this generation, but it’s a series that has been going on for a decade and I’m sure they are the most interesting, most independent and most different group of people. 

Why is it important for you to work on the topic of women in China?

First of all it’s about expressing myself. I see many stories and many women with precious and touching experiences, friends, families, even strangers. If I don’t record them as much as I can, they’ll easily be forgotten and gone as time goes by.

What do you think the role of an artist should be in regard to society?

To honestly reflect society, to comfort people’s minds.

Xie Yue, 2015 – Courtesy of the artist

Do you consider yourself as an engaged artist?

I don’t think I’m that much engaged. I try to go into the subject’s lives in the shoot, but also manage to keep distance as to see my works clearly. 

Do you consider yourself as a “woman artist”?

I never consider my gender in creation. But as a woman, perhaps there will be naturally women’s subtlety and caring gaze revealed in the things or people I shoot.

What are the feedbacks about your series in China? Do you think it has raised awareness yet?

People also like my works and surely it has created some impact. And different from the west, people won’t interpret it from a political perspective. 

How do you think engaged art by Chinese artists can have an impact on Chinese society?

My focus will always be the people. When your works reach the heart and bring comfort to every person, you’ll create your own influence on the whole society.

What are your next projects and news?

I’m currently doing a new project about the Chinese young generation, focusing on a younger group of people (the 90s and younger), both boys and girls, to reflect the lives and worlds of the young. 

Interview by Lou Anmella-de Montalembert – May 2019

PiPi, 2015 – Courtesy of the artist

En mai 2019, ACA project a eu l’opportunité d’échanger avec l’artiste chinoise Luo Yang sur sa série intitulée  “GIRLS”. Composée de photographies de femmes chinoises nées dans les années 1980 , “GIRLS “ remet en question le concept de la féminité en Chine et a fait l’objet d’une tournée d’expositions dans le monde entier de 2008 à aujourd’hui. Mêlant son expérience personnelle à celle d’autres femmes, Luo Yang dresse un touchant portrait de femmes indépendantes, courageuses et libres.

Pouvez-vous nous dire quel a été le point de départ de la série « GIRLS » ?

Cela a débuté par un passe-temps à l’université lorsque j’ai reçu un appareil photographique compact d’un ami, et j’ai commencé à prendre des photos des personnes autour de moi; c’était aussi une façon de libérer et d’explorer mes propres émotions et confusions adolescentes.

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour cette série ? 

C’était devenu naturel de prendre des filles en photo dans la mesure où le but premier était de refléter quelque chose de moi-même à travers les personnes que je photographiais et j’ai toujours été intéressée par les autres; je tends à penser que nous partageons des émotions et des problèmes très similaires. Artistiquement, pour être honnête, je tire mon inspiration de partout, des photographies d’autres artistes, de tableaux, de films…

Est-ce une série inspirée par votre propre expérience ? A quel point est-il important de définir votre création sur votre propre expérience individuelle ? 

Oui, dans une large mesure. C’était la première expression et solution à mes propres problèmes; ce qui est significatif en raison de son authenticité et ainsi d’avoir le pouvoir d’émouvoir les gens.  

A quel point cette expérience personnelle fait-elle écho à un problème conséquent de la société contemporaine chinoise – l’image traditionnelle de la femme chinoise dans la société chinoise ?

J’ai commencé ce projet avec une question en tête, et plus je photographiais des filles, plus je réalisais que certains de mes problèmes et émotions sont mutuels au sein d’un groupe beaucoup plus large: tensions familiales, attentes et restrictions traditionnelles de ce qu’une femme doit faire et son rôle dans la société… Mais les filles que je photographie sont toujours minoritaires, elles sont courageuses et tentent de se libérer des limitations qui leur ont été imposées. 

Jin Jing, 2015 – Courtesy of the artist

Comment votre travail met à l’épreuve ces croyances sur la femme chinoise ? 

Les femmes sont traditionnellement supposées se marier à un certain âge et si elles sont toujours célibataires à 28 ans, elles devront affronter la pression de se marier et d’avoir des enfants; enseignantes et autres professions stables sont considérées comme des bons choix, etc. Les filles que je prends en photo sont légèrement différentes de la majorité du même âge. Elles sont plus courageuses et indépendantes; elles osent vivre différemment et avoir un parcours de vie distinct des attentes traditionnelles.  

Est-ce que vous pensez que votre travail pourrait être une voix et une façon de montrer une voie vers l’indépendance pour une nouvelle génération de femmes en Chine ?
En ce qui concerne le groupe de jeunes Chinoises que je photographie, je ne dirais pas qu’il peut complètement représenter cette génération, mais c’est une série qui se poursuit depuis une décennie, et je suis sûre qu’elles sont les plus intéressantes, les plus indépendantes et le groupe de personnes le plus intéressant.

Pour vous, pourquoi est-il important de travailler sur le thème des femmes en Chine ?

Tout d’abord, c’est pour m’exprimer. Je vois plusieurs histoires et plusieurs femmes avec de précieuses et touchantes expériences avec des amis; des familles et même des étrangers. 

Si je ne me souviens pas d’eux aussi bien que je le peux, ils seront facilement oubliés et disparus au fil du temps. 

Pour vous, quel doit être le rôle de l’artiste par rapport à la société ?

De montrer honnêtement la société et de réconforter les individus. 

Vous considérez-vous comme une artiste vous-même engagée ? 

Je ne pense pas être autant engagée. J’essaie de pénétrer dans la vie des sujets que je prends en photo, mais aussi de me distancer pour voir clairement mon travail. 

Beijing Couple, 2013 – Courtesy of the artist

Vous considérez-vous comme une “femme artiste” ?
Je n’ai jamais accordé d’importance à mon genre dans ma création.  Mais, en tant que femme, peut-être qu’il y aura naturellement un regard féminin subtil et attentionné révéIé dans les choses ou les personnes que je photographie.

Quelles sont les réactions provoquées par votre série en Chine ? Pensez-vous qu’elle a déjà suscité une prise de conscience ? 

Mes œuvres y sont aussi appréciées et elles ont certainement eu un impact. Et contrairement à l’Occident, mes œuvres ne vont pas être interprétées d’un point de vue tellement politique. 

Comment les artistes chinois engagés peuvent avoir un impact sur la société chinoise selon vous ? 

Mon centre d’intérêt premier sera toujours les individus. Quand vos travaux touchent le cœur des gens et apportent du réconfort à chacun, vous allez générer votre propre influence sur l’ensemble de la société. 

Quels sont vos derniers travaux et futurs projets ? 

Je réalise actuellement un projet sur la nouvelle génération chinoise, se concentrant sur un groupe de personnes plus jeunes (issus des années 1990 et plus jeunes), filles et garçons,  pour rendre compte des vies et des univers de la jeunesse.

Entretien réalisé par Lou Anmella-de Montalembert – Mai 2019

Xie Yue, 2015 – Courtesy of the artist