YANG YONGLIANG
Né à Shanghai en 1980. Diplômé de l’académie des Beaux-Arts de Chine à Shanghai, département de la communication visuelle en 1999. Vit et travaille à Shanghai.
Born in Shanghai in 1980. Graduated from China Academy of Fine Art, Shanghai branch, Visual Communication department in 1999. Currently works and lives in Shanghai.
Dès son plus jeune âge, Yang Yongliang a étudié la peinture traditionnelle chinoise et la calligraphie auprès du grand maître Yang Yang à Shanghai. Utilisant le medium de la photographie et inspiré par la culture ancestrale et le fameux shanshui, ces paysages de montagnes calligraphiés par les plus grands artistes classiques depuis plus d’un millénaire, il crée de toute pièce un nouveau monde d’illusions, une vision entre rêve et cauchemar, à la fois futuriste et séculaire.
Comme il le dit lui-même, il crée pour « critiquer la réalité qu’il a sous les yeux », alors même que les anciens traduisaient par leur art le sentiment profond qu’exerçait sur eux une nature qui semblait immuable, Yang Yongliang s’attache à exprimer les bouleversements dont il est témoin : « Si j’aime la ville pour son côté familier, j’ai peur de la rapidité stupéfiante à laquelle elle grossit et englobe l’environnement…». Mais le travail de Yang Yongliang dépasse la notion de pastiche, cette œuvre, par sa finesse, par sa texture, devient un shanshui photographique. L’usage des longs rouleaux panoramiques, l’impression sur papier coton, le jeu sur les détails et les effets d’échelle, l’apposition de sceaux classiques à l’encre rouge, le tout composé en noir et blanc comme à l’encre de Chine, font de l’œuvre de Yang Yongliang le renouveau contemporain du shanshui.
Lorsque l’on regarde l’œuvre à distance, elle relève de la calligraphie aux paysages embrumés et paradisiaques des temps anciens mais en s’approchant, on s’aperçoit que l’imagerie urbaine contemporaine est omniprésente ; comme ses illustres ancêtres, Yang Yongliang privilégie la composition pour masquer de prime abord le contenu ; ce paysage chaotique fourmillant non plus d’arbres centenaires, de cascades, de pavillons et autres montagnes sacrées, mais de pylônes électriques, de gratte-ciel et d’embouteillages. Les contradictions entre les notions d’éphémère et de solide, de fragilité et de danger ou encore de beauté et de laideur sont parfaitement maitrisées et l’artiste en use avec une parfaite balance a l’instar de ses pairs, l’harmonie devient alors poésie…
Mais contrairement à eux, le défi de Yang Yongliang n’est pas seulement d’ordre esthétique, il bouscule notre conscience collective, questionnant divers problèmes économiques, environnementaux et sociaux, anticipant les effets dévastateurs de l’urbanisation sauvage et de l’industrialisation. Séduisantes par leur beauté et leur dynamisme, ses mégalopoles en forme de champignons atomiques ne sont pas anodines alors même que Shanghai, sa ville natale, – ville champignon par excellence, a vu sa population quintupler en l’espace de 40 ans… Entre réalité sublimée et composition fictionnelle, les sublimes et visionnaires photographies de Yang Yongliang nous dérangent, nous plongeant dans l’enfer fictif de ces cités verticales, tentaculaires constituées de grues et d’échangeurs d’autoroutes, que l’on imagine grossissant a un rythme infernal et qu’il aime à nommer lui-même, non sans ironie les « Cités Célestes » … Est-ce là notre futur ?
Source: Romain Degoul, Galerie Paris-Beijing
From his early age, Yang Yongliang has studied traditional Chinese art and calligraphy with the great master Yang Yang in Shanghai. Using a camera, the contemporary visual device to express his creativity, and inspired by the main representation of Chinese shanshui paintings, such as mountainous landscapes represented by the most influent classical artists for centuries, he cleverly creates a new world of illusions, a vision between dreams and nightmares, futuristic and age-old at one time. As he puts it himself, he makes art to criticize reality as he sees it, whereas the old masters would express through their art deep feelings triggered by a natural world, which to them seemed permanent, Yang Yongliang is more concerned by the turmoil he witnesses everyday: « I love the familiarity of the city, more so to hate it growing too fast and invading everything around at an unexpected speed »
Yang Yongliang’s work goes beyond the notion of pastiche through its refinement and texture, this body of work becomes a « photographic shanshui ». Formatted to long panoramic scrolls, printed on cotton paper and red-stamped like in the ancient times, enhanced with details and sense of scale, the whole composition being black and white as it would be Chinese ink, Yang Yongliang’s pictures do indeed represent the contemporary shanshui.
As for his illustrious ancestors, his priority is composition – a chaotic landscape not of ancient trees, waterfalls, pavilions or some Holy mountains, but electric pylons, skyscrapers and traffic-jam. When watching the photographic works at a distance, they are dreamlike shanshui calligraphy paintings. On the contrary when looking at them closely, they become shockingly modern city views.
He perfectly handles the contradictions between ephemeral and solid, sparse and bold, beauty and ugly so as to make the entire picture poetically harmonious, but the details are ‘blots on the landscape’. He successfully achieves a perfect balance between fragility and danger and contrarily to his peers, brings the viewers not only visual enjoyment, but also to the contemplation and self-examination of various social, environmental and economical concerns. This work can also be seen as a cry of alarm triggered by the devastating effects of uncontrolled urbanization and industrialization. Seducing and alluring, yet dynamic, his megalopolises, mushroom cloud alike are not innocent when Shanghai, his native city, has seen its population growing five times in the past four decades…
Oscillating between sublimated reality and fictional composition, the splendid and visionary pictures of Yang Yongliang move us and submerge us to the fictive depth of those vertical and sprawling cities made of cranes and interchanges, those cities constantly expanding with an infernal rhythm that he ironically named « Heavenly cities » … Is that our future ?
Source: Romain Degoul, Galerie Paris-Beijing