Jusqu’au 20 février, des créations originales en bambou et papier de soie du célèbre artiste chinois Ai Weiwei peuplent Le Bon Marché Rive Gauche, insufflant féérie et enchantement au temple du luxe parisien.
Sculpteur, performeur, photographe, architecte mais aussi blogueur et activiste politique, Ai Weiwei (né en 1957 à Pékin) est un artiste pluridisciplinaire et engagé qui n’hésite pas à dénoncer les travers de la société chinoise et plus largement les maux et les crises de notre monde actuel. S’il a la part belle dans les médias occidentaux depuis une dizaine d’années, cela est principalement dû à sa ferme et rude opposition contre le gouvernement de son pays d’origine, la Chine, où censure et corruption font partie du paysage quotidien. Arrêté, passé à tabac et incarcéré par les autorités chinoises en 2011, il s’est vu privé de son passeport pendant 4 ans – jusqu’à l’été dernier. Condamné à rester sur le territoire chinois durant cette période, l’artiste et activiste n’a pourtant jamais été aussi connecté au reste de la planète. Internet, qu’Ai Weiwei découvre au début des années 2000, devient le média privilégié de l’artiste pour communiquer avec le monde. Utilisant tour à tour son blog, Twitter ou Instagram, il partage idées et images engagées ou anodines avec des milliers d’internautes.
Cette relation particulière qu’entretient Ai Weiwei avec les réseaux sociaux se découvre en partie au sein de son exposition actuelle au Bon Marché Rive Gauche avec Mur de selfies, une installation regroupant une centaine d’autoportraits de l’artiste capturés ces deux dernières années. Les influences politiques mais aussi personnelles, qui sont les principaux sujets ou sources d’inspiration d’Ai Weiwei, se lisent également dans Vitrines 1 à 10, des installations composées de sculptures de bambou au sein des vitrines de la rue de Sèvres. Références à Marcel Duchamp et Jasper Johns, à ses propres oeuvres ou à sa confrontation avec les autorités chinoises, Ai Weiwei invite à déchiffrer et interpréter ces petits théâtres à la confection incroyablement minutieuse. Là où l’exposition « Er Xi, Air de jeux » surprend le plus est certainement au centre du magasin. L’artiste y a installé Dragon en quatre segments, un étonnant dragon long d’une dizaine de mètres, et surtout, a pris possession des atriums avec La chanson du blanc : sous les très belles verrières centrales planent quelques vingt-deux créatures mythologiques chinoises, inspirées de l’ouvrage Shanhai jing. Sculptures monumentales à la structure en bambou, recouvertes de papier de soie blanc pour certaines, la facture et l’esthétique de ce bestiaire chimérique se marient parfaitement avec l’architecture qui l’abrite.
Avec « Er Xi, Air de jeux » au Bon Marché Rive Gauche, Ai Weiwei signe une exposition à la fois autobiographique et poétique qui comblera aussi bien les néophytes que les plus avertis sur son oeuvre, pour un résultat époustoufflant.