MALEONN

MALEONN

Série Big Fream, No°1, 2010, 90X135
Série Big Dream, No°1, 2010, 90 x 135 cm

Né à Shanghai en 1972. Diplômé de l’académie des Beaux-Arts de Chine à Shanghai, département du design graphique. Vit et travaille à Shanghai.

Born in Shanghai in 1972. Graduated from China Academy of Fine Art, Shanghai branch, in Graphic Design. Currently works and lives in Shanghai.

Dans le monde étrange de Maleonn, les superhéros hilares sont couverts de contusions et les facteurs traversent les murs pour délivrer leur courrier. Utilisant les ressources numériques et les techniques manuelles de re-colorisation, cet ancien réalisateur de films met en scène un univers fantaisiste et malicieux, où l’imaginaire délirant sert une trame narrative métaphorique.
L’enfance est au cœur de ce royaume, car Maleonn, de son vrai nom Maliang – jeune personnage de conte qui avait le pouvoir de transformer la réalité au gré de ses fantaisies – cultive cet enfant intérieur, celui qui ne nous a jamais pardonné d’avoir grandi. Né en 1972 à Shanghai et doté de ce nom singulier, Maliang était destiné à devenir artiste ; né d’un père directeur de l’opéra de Shanghai et d’une mère actrice, il a baigné dans un univers théâtral « artificiel ». Aux vies fictionnelles et romanesques de la scène s’est très vite opposée une réalité extérieure particulièrement terne. Pendant la Révolution Culturelle, ses parents furent envoyés à la campagne et il resta seul avec sa sœur durant plusieurs années. Livré à lui-même, le jeune Maleonn s’est inventé un univers salvateur, un monde de rêves et de fantaisies.

« La photographie est mon pinceau magique ». Chaque photographie porte une intensité dramatique souvent teintée d’ironie. Le Facteur naquit de la figure réelle du facteur Cheval, ce postier de campagne français qui à la fin du XIXè siècle construisit seul un Palais Idéal avec les pierres qu’il ramassait au cours de ses tournées. Face à un quotidien triste et morose, le magicien Maleonn apporte une touche d’irréalité ; l’imagination est une évasion et le souvenir, la mélancolie d’une innocence perdue.

De nombreux objets récurrents et symboliques occupent cet univers onirique : les scènes de théâtre, premiers souvenirs marquants de son enfance, les masques, les billes de couleur, les envolées de papiers et autres animaux indomptables… Quand Les Enfants impardonnables font l’école buissonnière et sèment au vent leurs feuilles d’examens, les lettres du Facteur semblent se diriger poétiquement vers leurs mystérieux destinataires. Maliang accompagne chacune de ses séries de poèmes où les références littéraires chinoises et étrangères sont courantes : Voyage vers l’Ouest, Le Songe d’une nuit d’été ou encore l’œuvre du poète contemporain Bei Dao .

Dramatiques ou comiques, les personnages de ses fables sont là pour nous divertir. Déguisés et maquillés, ils ont la gestuelle grandiloquente des opéras chinois. Dans Les garçons de Shanghai ou dans Ambre, de jeunes adultes en tenue militaire pastichent les grandes figures communistes. Leurs identités soigneusement cachées, ces personnages batifolent et gesticulent, tantôt s’entraînant les uns les autres, tantôt esseulés, déambulant comme des âmes en peine.Quant au Petit porteur de drapeau, cet homme-clown qui a tous les atours du censeur, il écoute et juge, caché derrière son masque souriant. Car les héros des photographies de Maleonn s’accrochent à leur idéalisme, malgré les décors désolés qui les entourent ou les situations grotesques qu’ils rencontrent. Aussi, lorsque Maleonn évoque la Chine contemporaine et son histoire, il engage aussi ce qu’il appelle l’histoire « sentimentale » de la Chine traditionnelle. Au milieu d’un paysage calme en noir et blanc rappelant la calligraphie classique, le personnage « plastifié » et percé de flèches d’Une histoire chinoise évoque un stratège de l’époque des Trois Royaumes. L’usage du noir et blanc sert des sujets plus graves, plus éloignés de l’enfance, où la mélancolie semble avoir pris le pas sur le ludique.

De ses références photographiques, Maleonn nous parle volontiers du travail du photographe tchèque Jan Saudek, de l’aspect théâtral et de l’ambiance ambiguë qui se dégage de ses photographies de nu, entre facétie et noirceur. Passionné de cinéma, il cite le réalisateur iranien Abbas Kiarostami également formé par la publicité. On pense encore à Tim Burton ou à Jean-Pierre Jeunet pour leur univers foisonnant, l’imagination débordante associée à l’enfance et leur utilisation alternée du noir et blanc ou de la couleur selon les sujets.

Au cours de sa carrière de réalisateur, Maleonn a appris à diriger des acteurs et à développer son sens inné de la mise en scène. Collectionneur d’objets hétéroclites, il conçoit également les costumes et décors nécessaires à ses scénographies. De ses études de graphique-design dans la plus prestigieuse université d’Arts Appliqués de Shanghai, il a acquis la parfaite maîtrise des outils numériques. Peintre depuis l’âge de onze ans, certaines séries comme les Portraits de Mephisto sont recolorisées à la main en postproduction. À chaque étape du processus, l’image est construite dans ses moindres détails et il parvient avec génie à faire fusionner dans le seul cadre d’une photographie de nombreux mediums artistiques afin de nous emmener toujours plus loin dans la découverte de son royaume. Car c’est un monde infini et d’une rare densité qui s’offre au spectateur ; un monde d’illusions à la fois conscientes et subconscientes. Dans ses photographies aux symboliques prolifiques, Maliang offre une expérience visuelle inédite et sans cesse renouvelée. Témoignant d’une grande maîtrise des langages visuels et scéniques, les photographies faussement naïves de Maleonn captivent et interrogent notre perception de la réalité, éclairant le labyrinthe de nos esprits et la complexité de nos existences.

Source: Perrine Pautre, Galerie Paris-Beijing

 

In the strange world of Maleonn, laughing superheroes are covered in bruises, while postmen walk through walls to deliver their mail. Using digital resources and manual re-colorization techniques, this former film director constructs a fanciful and mischievous universe, where a wild imagination sets up a metaphorical narrative framework.

Childhood is at the heart of this kingdom, because Maleonn, whose real name is Ma Liang – a young fictional character who had the power to transform reality at the will of his fantasies –harbors an inner child, one who has never forgiven us for growing up. Born in Shanghai in 1972 and endowed with his peculiar name, Ma Liang was always destined to become an artist. The son of the head of the Shanghai Opera and a famous actress, he was surrounded by an “artificial” theatrical universe. The fictional and romantic lives on stage were early on contrasted with a particularly drab external reality. During the Cultural Revolution, his parents were sent to the countryside and so he stayed alone with his sister for many years. Left alone, the young Maleonn invented a salutary universe, a world of dreams and fantasies.

“Photography is my magic brush.” Each photograph bears a dramatic intensity, often tainted with irony. The Postman was born out of the real-life figure of Ferdinand Cheval, a rural French postman who at the end of the 19th century built himself a PalaisIdéal [Ideal Palace] with stones that he had picked up whilst on his rounds. Faced with a dreary and morose daily life, Maleonn the magician brings a touch of unreality, where imagination is an escape, and memory the melancholy of a lost innocence.

A number of recurring objects and symbols occupy this dreamlike universe: scenes from plays, his first childhood memories, masks, colourful marbles, flying papers, as well as untamable animals… While the Unforgivable Children are playing truant and sending their exam papers off into the wind, the letters of the Postman seem to find their way poetically to their mysterious addressees. Ma Liang accompanies each of his series with poems in which Chinese and foreign literary references are common: Journey to the West, A Midsummer Night’s Dream, or perhaps the work of contemporary poet, Bei Dao.

Dramatic or comical, the characters in his fables are there to entertain us. Disguised and made-up, they display the grandiloquent body movements of Chinese opera. In The Boys from Shanghai or Amber, young adults in military uniform imitate the great figures of communism. With their identity carefully hidden, the characters frolic and gesticulate, egging each other on or, forlorn, wander around like stricken souls.As for Little Flagman, this clown-man has all the regalia of a censor, listening and judging as he hides behind his smiling mask. For the heroes of Maleonn’s photographs hang on to their idealism despite the depressing sets that surround them, or the grotesque situations that they encounter. Also, when Maleonn evokes contemporary China and his history, he also engages with what he calls the “sentimental” history of traditional China. In the midst of a calm black and white landscape reminiscent of classical calligraphy, the “laminated” and arrow-pierced character in A Chinese History evokes a strategist from the time of the Three Kingdoms. The use of black and white makes the subjects more serious, more distant from childhood, where melancholy seems to have overcome playfulness.

Concerning his photographic references, Maleonn tells us willingly about the work of Czech photographer Jan Saudek, about the theatrical aspect and ambiguous atmosphere that is produced by his nude photographs, caught between humour and darkness. Impassioned by cinema, he cites the Iranian director Abbas Kiarostami , similarly trained in advertising. One thinks too of Tim Burton or Jean-Pierre Jeunet for their luxuriant worlds, overflowing imagination associated with childhood, and their alternative use of black and white or colour depending on the subject.

During his career as a director, Maleonn learned how to direct actors and developed his innate sense of stagecraft. A collector of miscellaneous objects, he also thinks up the costumes and props that are necessary for his stage designs. During his studies in graphic design in Shanghai’s most prestigious university of Fine Arts, he acquired a perfect command of digital tools. A painter since the age of eleven, certain series such as Portraits of Mephisto are recoloured by hand in post-production. At each stage of the process, the image is constructed with minute detail. He manages, with genius, to fuse numerous artistic media into a single photographic frame in order to bring us ever deeper into the discovery of his kingdom.

For it is an infinite world of rare density that presents itself to the spectator; a world of illusions at once conscious and subconscious. In his symbol-laden photographs, Maliang presents an unedited and constantly renewed visual experience. Testimony to a great command of visual and scenic languages, Maleonn’s deceptively naïve photographs captivate and question our perception of reality, enlightening the labyrinth of our spirits and the complexity of our existence.

Source: Perrine Pautre, Galerie Paris-Beijing

 

TRAVAUX/WORKS :
Série Amber, No°3, 2008, 90X135
Série Amber, No°3, 2008, 90 x 135 cm
Life's passenger, No°1, 2010
Life’s passenger, No°1, 2010
Série Portrait of Mephisto, No°1, 2004, Hand-Colored, 30X36
Série Portrait of Mephisto, No°1, 2004, Hand-Colored, 30 x 36 cm
Série The Specimen of my Time, No°2, 2012, 120X80
Série The Specimen of my Time, No°2, 2012, 120 x 80 cm
Série Book of Taboo, No°9, 2006, 90X135
Série Book of Taboo, No°9, 2006, 90 x 135 cm
Série Leaves of Grass, No°6, 2007-2008, 108X90
Série Leaves of Grass, No°6, 2007-2008, 108 x 90 cm
Série Days on the cotoon candy, No°6, 2006, 90X135
Série Days on the cotton candy, No°6, 2006, 90 x 135 cm
Série Unforgivable Chlidren, No° 5, 2005, 90X135
Série Unforgivable Children, No° 5, 2005, 90 x 135 cm
Série Fantasy of Improbable,  No°3, 2011, 40X26
Série Fantasy of Improbable, No°3, 2011, 40 x 26 cm