YUXIN ZHENG – GALLERIST

Located in the Former French Concession of Shanghai for almost 10 years, the Parisian Galerie Dumonteil cares about discovering and supporting contemporary artists in the making. At the occasion of Chinese artist Lin Guocheng’s exhibition opening, ACA Project met Yuxin Zheng, director of the gallery in Shanghai, to talk about her opinion on the contemporary art market in China. 

ACA PROJECT : First, nowadays who are the Chinese collectors of contemporary art ?

YUXIN ZHENG : First it is important to explain that there is not only one kind of Chinese collector but several with their own particularities. A decade ago, contemporary art was a bit a niche in China and collected by only a few collectors. Today, the market is well developed as witness the rising of a new type of collectors – younger, well-educated, part of the new middle-class growing in China. If collectors used to be most interested in the decorative aspect of an artwork, they now have more knowledge, background in art and a stronger sense of taste. Hence the landscape of today’s Chinese collectors is well diversified. 

ACA PROJECT : What kind of artwork are the Chinese collectors looking for ?

YUXIN ZHENG : Chinese collectors are mainly looking for artworks that encompass three caracteristics : aesthetic appeal, price and financial prospects. Visual and aesthetic aspects are very important for all, and especially for young collectors. Art is a pleasure and a true passion for them. Similar to many international collectors, some Chinese collectors do impulse buys, while others are looking for artworks that they can keep for a few years and then sell again with an added value. Price is also a fundamental element and mature collectors always take the time to think before buying an artwork. The collectors who have the goal of opening a private museum will be looking for works that fit a consistent collection based on era, medium, or artist etc. 

ACA PROJECT : Why did you choose to support Lin Guocheng ?

YUXIN ZHENG : First, Pierre Dumonteil, founder of the gallery, saw Lin Guocheng’s workin Hong Kong several years ago. He fell in love with his work immediately and began to collect him. He has been following Lin’s artistic career for years. In addition, Lin is recognized both nationally and internationally as his work has already entered important private collections in Hong Kong, Taiwan and England. Besides Lin’s work, the more we know about Lin, the more we like him as a person. When discussing about the collaboration, we both agreed that now is a good time to show his work in China.

ACA PROJECT : In your opinion, what are the reasons why he appeals to both asian and european collectors ? 

YUXIN ZHENG : In fact, Lin’s work combines the artistic tradition of the East and the West. On one hand, the final work he achieves with an ink pen is similar to traditional Chinese painting at first glance. It gives the impression that it is the same but it is not, and that’s what Chinese collectors like. On the other hand, his pen strokes and work details remind us of European sketch and engraving masters such as Albrecht Dürer, Leonardo Da Vinci,  favored by European collectors. Moreover, Lin comes from a province known for its literati culture and he has a profound knowledge and comprehension of Chinese traditional culture especially on Taoism. Hence his work also appeals to antique art collectors. 

ACA PROJECT : Recently some Chinese contemporary artist have been sold to auction for high prices, do you think it is difficult today to discover and support young Chinese artists ?

YUXIN ZHENG : It depends on the artist and on his work. Generally speaking it is true that selling works by an emerging contemporary artist is more difficult than selling a well-established artist. It takes more time and more effort, but that is also the beauty of our work and what makes it interesting.  

ACA PROJECT : To conclude what is your analysis on the Chinese contemporary art market ?

YUXIN ZHENG : After observing a major growth in the last ten years, I feel that the market is maturing, and the speculative bubbles will soon burst and leave us with a healthier market. I also noticed that more and more Chinese collectors want to play apart not only in the national market but also in the international market. 

Interview by Camille Despré – Shanghai, June 2019

Lin Guocheng & Yuxin Zheng

Implantée depuis 10 ans à Shanghai, la galerie Dumonteil, d’origine parisienne, a à cœur de découvrir et soutenir les artistes contemporains en devenir. À l’occasion du vernissage de l’exposition de l’artiste chinois Lin Guocheng, ACA Project est allé poser quelques questions à Yuxin Zheng, directrice de la branche shanghaienne, afin de recueillir son analyse du marché de l’art contemporain chinois. 

ACA PROJECT : Tout d’abord, qui sont les collectionneurs chinois d’art contemporain actuellement ? 

YUXIN ZHENG : Il faut tout d’abord savoir qu’il n’y a pas qu’un seul groupe de collectionneurs mais plusieurs qui recherchent des artistes et des œuvres bien spécifiques. Il y a une dizaine d’année, l’art contemporain était encore une niche en Chine et le nombre de collectionneurs était assez restreint. Aujourd’hui le marché s’est développé comme l’atteste l’émergence d’une nouvelle catégorie d’acheteurs, plus jeune, plus éduquée, en lien avec la naissance d’une nouvelle classe moyenne en Chine. Si auparavant les collectionneurs s’intéressaient plus à l’aspect décoratif des œuvres, aujourd’hui ils sont plus avertis et ont des goûts plus précis. Ainsi aujourd’hui le paysage des collectionneurs s’est beaucoup diversifié. 

ACA PROJECT : Que recherchent actuellement les collectionneurs chinois en matière d’art contemporain ? 

YUXIN ZHENG : Trois données fondamentales déterminent l’achat d’une œuvre pour les collectionneurs chinois : l’aspect esthétique, le prix et l’aspect financier. La dimension visuelle et esthétique est importante pour les collectionneurs, particulièrement pour les jeunes collectionneurs. Ils considèrent l’art comme une véritable passion. Si certains collectionneurs achètent au coup de cœur, d’autres voient l’œuvre d’art comme un placement financier. Ils recherchent des œuvres qu’ils vont pouvoir garder quelques années et revendre à un bon prix par la suite. Enfin, ils sont aussi très sensibles au prix, particulièrement les collectionneurs les plus expérimentés qui prennent souvent le temps de la réflexion. Certains collectionneurs ont également le but d’ouvrir un musée privé et souhaitent construire véritablement une collection logique.  

ACA PROJECT : Pourquoi avoir choisi de représenter Lin Guocheng ? 

YUXIN ZHENG : Lin Guocheng ça a tout d’abord été un coup de cœur pour Pierre Dumonteil, fondateur de la galerie. Il a commencé à suivre et collectionner son travail. De plus, il plaît beaucoup à de grands collectionneurs internationaux en Chine, à Hong Kong, à Taiwan mais également à Londres. Certaines de ses œuvres ont déjà intégré d’importantes collections. 

ACA PROJECT : À votre avis, quelles sont les raisons pour lesquelles Lin Guocheng plait autant aux collectionneurs ?

YUXIN ZHENG : Cela tient à l’essence de son travail, à la croisée entre l’Orient et l’Occident. La technique qu’il utilise, le gangbi – que l’on peut traduire par stylo plume – donne l’impression que ses œuvres sont réalisées à l’encre, selon la technique chinoise picturale traditionnelle, ce qui plaît beaucoup aux collectionneurs chinois. D’un autre côté, son geste, le fourmillement des détails, rappellent les esquisses et gravures de Dürer, Da Vinci, ce qui fait échos chez de nombreux collectionneurs européens. Lin Guocheng est aussi quelqu’un de très lettré, qui a une connaissance très profonde de la culture traditionnelle chinoise, notamment du taoïsme. Pour cela, il plaît aussi beaucoup à des collectionneurs d’antiquités et d’archéologie.

ACA PROJECT : On entend souvent parler des enchères records de certains artistes chinois : pensez-vous qu’il est aujourd’hui difficile de découvrir et représenter de jeunes artistes ? 

YUXIN ZHENG : Cela dépend du travail de l’artiste mais il est vrai que cela demande plus de travail, de temps et d’énergie de vendre les œuvres d’un artiste émergent. Mais c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt et la beauté de notre métier. 

ACA PROJECT : Enfin pour terminer, quelle est votre analyse du marché chinois de l’art contemporain ? 

YUXIN ZHENG : Après avoir connu une croissance très forte ces dernières années, je sens que le marché de l’art contemporain en Chine est en train de mûrir. J’ai le sentiment que les bulles spéculatives vont éclater pour laisser place à un marché plus sain. De plus, les collectionneurs chinois souhaitent aujourd’hui dépasser le marché national pour intégrer le marché de l’art international. 

Propos recueillis par Camille Despré – Shanghai, Juin 2019