INTERVIEW – PARK CHAE BIOLE & PARK CHAE DALLE, ARTISTS

(English version below)

NB: Cet entretien a été reconstitué à partir de discussions menées séparément avec chaque artiste.

Park Chae Biole et Park Chae Dalle sont deux jeunes artistes coréennes qui se font remarquer sur la scène parisienne. Leurs œuvres colorées et visuellement attrayantes, créées à partir d’une gamme variée de médiums, mettent en évidence une utilisation captivante de la scénographie. ACA project avait déjà présenté le travail de ces deux artistes jumelles, à l’occasion d’une de leurs expositions à Alterside en Corée, en 2023. Cette fois-ci, c’est BoYoung CHOI, commissaire d’exposition et écrivaine coréenne basée à Paris, qui a eu l’opportunité d’échanger avec les artistes et d’explorer leur univers artistique pour ACA project. Bien que leurs pratiques soient enracinées dans la même enfance et le même environnement, Park Chae Biole et Park Chae Dalle se sont épanouies dans des pratiques artistiques distinctes et indépendantes, embrassant à la fois leur connexion commune et leurs propres perspectives sur le monde. 


Installation view of the duo show ‘Break, Breath’, at Alterside, Seoul, Korea, 2023

ACA project : Pour toutes les deux, vos œuvres sont vivement colorées et intègrent divers éléments de la nature, tels que des paysages, des fleurs et des oiseaux, ce qui leur confère une perspective enfantine malgré leur haut niveau de raffinement plastique. Vous êtes nées à Paris, en France, et avez déménagé à GangNeung, en Corée, à l’âge de 7 ans, où vous avez été éduquées dans un système unique créé par votre père, sans aller à l’école. Il semble que de nombreuses influences de votre enfance se reflètent dans vos œuvres. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces expériences ?

Park Chae Biole :  Notre enfance et notre environnement ont profondément influencé ma vie et ma pratique artistique. Nous avons grandi en immersion totale dans la nature. À Sceaux, en France, nous vivions près d’un magnifique parc qui est devenu notre terrain de jeu, et à GangNeung, notre maison était entourée d’une plage, d’un lac et de montagnes.

Après notre déménagement en Corée, nos parents ont décidé de nous retirer de l’école au bout d’un an. Ils ne voulaient pas que nous fassions l’expérience du système éducatif coréen traditionnel avec lequel ils avaient grandi. Mon père, qui était le principal responsable de notre éducation, avait une philosophie éducative forte et distincte et nous enseignait d’une manière singulière. Pour que nous puissions profiter pleinement de la nature, il a créé un emploi du temps unique : six mois de vacances au printemps et en été, et six mois d’études intenses le reste de l’année.

Park Chae Dalle : Lorsque mon père a conçu notre programme d’études, il s’est concentré sur des domaines créatifs tels que la musique classique, les langues, l’exercice physique – des domaines qui l’intéressaient personnellement – plutôt que sur des matières académiques traditionnelles. En particulier, l’apprentissage de plusieurs langues a eu un impact significatif sur ma pratique artistique, car le texte est l’un des principaux supports que j’utilise. 

La couleur joue également un rôle crucial dans la formation de notre univers artistique, enraciné dans notre environnement d’adulte. Mes parents aimant les couleurs primaires, tous les meubles de notre maison étaient vivement colorés. C’est pourquoi je me suis toujours exprimée à travers la couleur, en développant mon propre style sur lequel je ne peux pas transiger. Lorsque je crée mes œuvres, je suis mon instinct en utilisant les couleurs sans planification préalable.

Park Chae Biole : Je n’ai pas peur d’utiliser les couleurs. Depuis que nous sommes bébés, nous dessinons tous les jours. Chose amusante, c’est que le dessin était la seule activité que mon père ne nous demandait pas de pratiquer – nous aimions tout simplement dessiner. 

Park Chae Dalle : Il n’avait peut-être pas besoin de nous demander d’apprendre à dessiner parce que nous étions déjà passionnées par cette activité. Chaque fois que mes parents me demandaient : « Quand es-tu la plus heureuse ? », je répondais toujours : « Quand je dessine en écoutant de la bonne musique ».

Park Chae Biole : J’ai intentionnellement conservé le style que j’ai développé à partir de mes dessins d’enfant. J’essaye de ne pas le perdre. Je suis heureuse de maintenir mon lien avec la nature à travers l’art.

La première chose que les gens remarquent souvent à votre sujet, c’est que vous êtes jumelles. Bien que vous créiez toutes deux des œuvres totalement indépendantes, avec vos propres thèmes et expressions artistiques, il vous arrive de collaborer sur des projets, de participer aux mêmes expositions, et vous faites même partie d’un collectif d’art appelé Collectif Nest. Vous devez partager une connexion profonde l’une avec l’autre, mais j’imagine qu’il y a aussi un désir d’être reconnues individuellement. Que pensez-vous du fait d’être des artistes jumelles ?

Park Chae Biole : Je pense qu’il s’agit d’un sujet sur lequel nous sommes destinées à travailler toute notre vie. Pour être honnête, jusqu’à ce que nous entrions à l’université en France, je n’avais pas pleinement conscience des idées que les gens pouvaient avoir sur nous. Ils supposaient souvent que nous travaillions en équipe ou nous considéraient comme une seule et même personne. Comme nous avons toujours été seules toutes les deux et qu’il me semblait naturel d’être ensemble, je ne m’étais jamais questionnée sur nos identités respectives. En fait, à cette époque, au début de notre parcours artistique, nos œuvres se ressemblaient beaucoup plus qu’elles ne se ressemblent aujourd’hui.

Cependant, le fait d’être séparées de nos parents en Corée et de nous rendre compte de la façon dont les gens nous percevaient nous a donné l’occasion de développer nos propres expressions artistiques. Après une profonde discussion, nous avons décidé de travailler séparément pendant nos études universitaires et n’avons jamais collaboré ensemble, à l’exception d’un seul projet. Le temps d’obtenir notre diplôme et de développer nos propres styles, je ne me suis plus sentie confuse quant à mon identité. Peu importe ce que pensent les autres, j’ai cessé de me soucier de mon identité, et travailler ensemble est devenu quelque chose d’agréable.

Park Chae Dalle : Je pense la même chose que Biole. Ces inquiétudes étaient liées à la conscience que nous avions de trop nous ressembler. Cependant, je vois maintenant que nos styles sont clairement différents et je ne ressens plus aucune pression. De temps en temps, on me pose encore des questions du genre « À qui appartient ce travail ? », mais cela ne me dérange plus.

Lorsqu’il s’agit d’expositions, je ne pense pas à faire une distinction entre les œuvres de Biole et les miennes – en fait, je préfère qu’elles soient mélangées et qu’elles interagissent les unes avec les autres. Le dialogue qui s’instaure entre les différentes œuvres m’interpelle toujours fortement, c’est pourquoi j’installe mes pièces avec d’autres sans les séparer, et les œuvres de Biole ne font pas exception.


Park Chae Biole in front of her ‘Blind’ series. Photo by BoYoung CHOI

Passons maintenant à vos œuvres. Je voudrais commencer par l’œuvre textuelle de Biole, « Frida & Gyueme » (2019), une fiction biographique basée sur l’histoire de votre mère. Biole, vous avez démontré votre intérêt pour le corps, la mobilité et la dualité entre confort et contrainte par le biais de diverses disciplines, notamment la sculpture, la peinture, le texte, l’installation et la performance. Votre mère, qui a contracté la polio, semble jouer un rôle crucial dans l’élaboration de votre art. Vos récentes œuvres en céramique, « Tap, tap tap » (2024), sont également inspirées par le rythme de ses mouvements. 

Park Chae Biole : Ma mère a profondément influencé mon art, mais même lorsque j’écrivais le texte, je n’imaginais pas qu’il deviendrait le fondement de ma pratique. À cette époque, les thèmes clés de mes œuvres – tels que le corps, la mobilité, le confort et la contrainte – n’avaient pas encore émergé. C’était une période expérimentale où je passais de la peinture à la sculpture. Le livre « Frida & Gyeume », est accompagné d’une sculpture assortie, « The Walker » (2019), qui est un bureau mobile. Ces deux œuvres ont eu une influence profonde sur mes séries ultérieures, y compris les plus récentes, « Tap, tap tap ». 

« Tap, tap tap » est une série de sculptures en céramique réalisées à partir de rampes, créées lors de ma résidence d’artiste à la Villa Dufraine. Le thème de la résidence était « la lenteur », et j’ai exploré les moyens de ralentir les mouvements des spectateurs dans l’espace d’exposition. Le titre « Tap, tap tap » vient du son de ma mère marchant avec des béquilles. 

Le corps de ma mère m’a amené à douter du concept normalisé du corps humain. Pour moi, le premier corps que j’ai vu était le sien, et tout me semblait naturel. Je devais l’aider dans la vie de tous les jours, et j’ai appris cela par l’expérience quotidienne, et non par l’éducation formelle. Cette expérience m’a amenée à poser d’autres questions, telles que : « Pourquoi les œuvres d’art doivent-elles être exposées à cette hauteur spécifique ? » ou « Pourquoi les œuvres d’art doivent-elles être exposées de cette manière ? ». Ces questions sont devenues profondément liées à mon exploration de l’installation et de l’utilisation de l’espace. J’essaie donc toujours d’exposer mes œuvres à différentes hauteurs, du sol au plafond, dans l’espoir de les rendre plus accessibles. 

Vos installations donnent indéniablement l’impression de briser les règles conventionnelles de la scénographie d’une exposition. Lorsque j’écoute votre point de vue sur l’inclusivité, il semble également aborder les questions d’accessibilité. Comment considérez-vous le spectateur et comment intégrez-vous ces valeurs dans votre pratique et votre présentation ? Utilisez-vous des méthodes spécifiques pour améliorer l’accessibilité et l’inclusivité ?

Park Chae Biole : L’inclusivité et l’accessibilité sont les mots clés de mes œuvres, je les garde donc toujours à l’esprit lorsque je crée. Cependant, il y a toujours des limites à ma capacité de contrôler et d’améliorer ces aspects, car l’environnement de chaque exposition varie considérablement. Par exemple, en France, les bâtiments anciens posent souvent des problèmes d’accessibilité, ce qui m’amène à réfléchir profondément à la signification de travailler sur ces thèmes. Lors de ma dernière exposition personnelle, « Safe Space » (2024) à la Galerie Anne-Laure Buffard, je me suis davantage concentrée sur le rez-de-chaussée pour garantir l’accessibilité en raison des escaliers abrupts.

J’utilise diverses méthodes, mais mon premier critère est la hauteur des fauteuils roulants. J’ajuste mes critères pour tenir compte des êtres marginalisés, tels que les personnes handicapées, les enfants et les animaux. Enfin, je m’écarte de la norme pour l’accrochage des tableaux, qui est généralement d’environ 150 cm, ce qui correspond à la hauteur moyenne des yeux d’un adulte.


Park Chae Biole’s studio view at the Cite internationale des arts. Photo by BoYoung CHOI.

Bien que vous utilisiez différents supports, les paysages apparaissent souvent à la surface de vos œuvres, délivrant une impression lyrique et personnelle unique, à la manière d’un journal intime. La série « Blind » (2018 ~), qui est la plus ancienne et la plus importante de vos séries, comporte des peintures de paysages qui s’harmonisent avec l’arrière-plan de l’endroit où elles sont accrochées. Qu’est-ce qui vous a incité à commencer à peindre des paysages ? Comment en êtes-vous venue à utiliser le store en bambou, un objet ordinaire, comme si c’était une toile ?

Park Chae Biole : Peindre des paysages est une conséquence naturelle de mon intérêt pour la mobilité. En réfléchissant au mouvement des œuvres d’art et des spectateurs, j’ai ressenti le désir d’exprimer le concept plus large du mouvement, comme les lieux et les paysages que je traverse. C’est ainsi que j’ai commencé à peindre des paysages, et chaque fois que je reviens d’un voyage, je peins les paysages que j’ai vus, comme une sorte de rituel. En peignant des paysages, je sens que mon travail et ma vie sont intrinsèquement liés. 

La série des stores en bambou a commencé par hasard. J’ai visité un temple et j’ai trouvé un store installé comme une porte. En l’observant, j’ai réalisé que les stores ne font pas seulement écran, mais ils laissent aussi passer le vent et protègent de la lumière du soleil. De plus, je pouvais voir le paysage à travers l’espace entre chaque lamelle de bambou, et cela m’a fait penser que je pouvais peindre le paysage directement sur le store. 

Ici, dans votre atelier à la Cité internationale des arts, je peux voir votre nouvelle œuvre de cette série : un store en bambou avec un trou, et la pièce que vous avez découpée dans le store. Selon le point de vue du spectateur, la partie principale et le morceau restant sont interchangeables dans cette série. Ces œuvres étaient auparavant des pièces entières, souvent suspendues, loin du mur. Comment avez-vous commencé cette nouvelle approche et quelle est votre intention ?

Park Chae Biole : J’ai récemment commencé à expérimenter la transparence du store en bambou, qui est une caractéristique unique de ce support, révélant le paysage qui se trouve derrière. Cela signifie que lorsque les spectateurs l’observent de loin, ils peuvent voir la peinture plus clairement, et lorsqu’ils s’approchent, c’est l’arrière-plan qui devient plus visible. Cette ambiguïté, qui remet en question les limites entre l’œuvre et son environnement, est importante pour moi, et j’ai voulu souligner cette qualité d’une manière plus directe. En créant ce trou, la zone située derrière le store devient une partie plus importante, plus évidente de l’œuvre. L’étape actuelle consiste à trouver l’équilibre entre l’œuvre et son arrière-plan. 

Park Chae Dalle, la transparence est également une caractéristique clé de votre série « Hand to Hand » (2018) – des œuvres textiles comportant des dessins colorés à la surface, souvent installées à la manière d’un assemblage. Malgré votre remarquable scénographie, comme Biole, vous vous identifiez comme peintre et considérez le textile comme un support pour la peinture. Qu’est-ce qui vous a incité à incorporer le tricot dans votre pratique, et quelle est la signification de la création de votre propre support ?

Park Chae Dalle : Ma série textile, « Hand to Hand », a débuté vers 2018, lors d’une période difficile où j’ai ressenti le besoin d’expérimenter véritablement le temps. « Que dois-je faire pour vivre et ressentir le passage du temps ? » ; cette question m’a amenée à la conclusion de ralentir le processus artistique.

La première tentative de ralentissement a été le tricot. Comme j’avais appris à tricoter dans mon enfance, c’était la technique la plus accessible pour moi. Après avoir tricoté ma propre toile avec de la laine, je me suis rendue compte qu’elle était trop molle pour servir de support à la peinture. Pour la renforcer, j’ai essayé la pâte d’amidon, une méthode coréenne traditionnelle pour solidifier le papier hanji, et j’ai créé mon premier textile. Il était de piètre qualité, avec de nombreux trous, mais je l’ai adoré. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que c’était le bon procédé pour moi, un procédé que je pouvais maintenir pendant très longtemps.

Lorsque j’ai commencé à créer des œuvres textiles, leur transparence – qui permet à la lumière de passer à travers – a fait de l’installation et de la composition spatiale des considérations majeures pour moi. Je crée toujours des installations in situ, c’est-à-dire que chaque œuvre présentée dans une exposition est nouvellement assemblée en fonction de l’espace, puis démontée par la suite. Cependant, même si je passe par différents processus d’installation, mon plus grand désir est de peindre, c’est pourquoi je me considère comme une peintre.



Votre autre série de peintures, « Dead Leaves » (2020 ~), suit la même logique que vos œuvres tricotées. Vous créez votre propre toile à l’aide de feuilles mortes, vous peignez dessus et vous les installez de différentes manières. Vous fabriquez également votre propre papier recyclé. Ces approches sont à la fois économiques et écologiques. Pourriez-vous m’en dire plus sur votre processus et sur la philosophie qui sous-tend ces œuvres ?

Park Chae Dalle : Pour la série « Dead Leaves », j’ai ramassé des feuilles mortes dans des parcs tels que le Cimetière du Père-Lachaise, à l’aide d’un chariot, ou d’un arbre devant mon atelier. Mon idée initiale était de conserver la forme originale des feuilles, mais en séchant, elles se désagrégeaient. J’ai donc commencé à les broyer et les mélanger à de l’amidon pour en faire une pâte, puis j’ai utilisé de la colle pour solidifier le matériau. 

La création de mon propre papier recyclé suit un processus similaire. J’ai utilisé du papier que j’ai collecté dans ma vie quotidienne, par exemple lors de mes voyages, mes travaux textuels ou des papiers laissés de résidences d’artistes. Je déchire et trempe le papier dans l’eau, je le broie pour en faire de la pâte, puis j’utilise un tamis pour façonner les feuilles. Alors que je réalisais auparavant des formes rectangulaires, j’expérimente maintenant des formes organiques en versant librement la pâte.

Je souhaite créer des œuvres d’art le plus longtemps possible, c’est pourquoi je me suis demandée ce dont j’avais besoin pour soutenir ma pratique artistique. Je me suis rendue compte que le fait d’être économe me permettait de maintenir ma pratique de manière indépendante. Les œuvres d’art ont besoin d’espace et de transport, ce qui peut être coûteux, elles doivent donc être légères et abordables. J’essaie donc d’acheter des matériaux d’occasion ou de les fabriquer moi-même, ce qui me permet de continuer sans avoir besoin d’un financement ou d’un investissement important. Cette approche a également un sens écologique. Je ne prétends pas que mon travail soit parfaitement écologique, mais j’espère que les matériaux et les procédés sont moins nocifs pour l’environnement.

Outre les peintures, les œuvres textuelles constituent l’un des principaux fondements de votre pratique artistique. Comme une manière d’expérimenter le temps – à l’instar du tricot et de la peinture – vous écrivez chaque jour un poème dans différentes langues, dont le coréen, le français, l’anglais et d’autres encore. Qu’est-ce qui vous a amenée à écrire des poèmes plutôt que des pièces narratives, comme « Frida & Gyueme » de Biole, et comment voyez-vous la relation entre vos œuvres textuelles et vos œuvres plastiques ? Par ailleurs, je suis curieuse d’en savoir plus sur votre publication indépendante avec votre partenaire, Kim Wonwoo. 

Park Chae Dalle : Je n’ai pas choisi la poésie, c’est elle qui m’a choisie. Je ne lis que de la poésie et des documentaires, plutôt que des récits. J’ai essayé de lire et d’écrire d’autres formats, mais j’ai fini par revenir à la poésie. Contrairement à Biole, je ne peux écrire que des textes symboliques et abstraits, et je pense que cette différence détermine notre individualité. 

Les différentes langues que j’utilise pour ma poésie sont comme les matériaux ou les couleurs utilisés pour créer des textures dans mes peintures. La plupart de mes œuvres plastiques ne montrent pas l’influence du texte, mais la façon dont j’écris de la poésie a un lien naturel avec ma façon de penser. Je considère donc la peinture et la poésie comme de meilleurs amis qui se nourrissent l’un l’autre. 

Avec Kim WonWoo, nous publions un livret mensuel, « Mots verts », depuis mars 2022. Ce projet est né de notre profonde préoccupation pour la valeur de l’art et des pratiques artistiques, qui ne sont pas financièrement tangibles. Pour montrer cet aspect de l’art, nous avons voulu créer des textes en utilisant les caractéristiques économiques de l’art. Nous imprimons les livrets à la maison pour rendre le processus économique, et surtout, nous ne les distribuons jamais commercialement – nous partageons seulement les livrets de main en main, lors de vernissages d’expositions par exemple, de dîners avec des amis, ou même aujourd’hui pendant cet entretien.


Park Chae Dalle with her dog, Bebe. Photo by BoYoung CHOI

À travers vos pratiques artistiques et vos œuvres, j’arrive à voir en vous votre attachement positif à la vie. Vous décrivez votre pratique singulière comme « patience active » et, dans vos œuvres, vous instillez les valeurs de liberté, d’espoir et d’amour, qui sont importantes mais dont on ne parle plus. Depuis les premières séries jusqu’aux plus récentes, votre voix artistique s’est élargie, passant de souvenirs personnels à ces valeurs universelles. Quels messages souhaitez-vous transmettre ? 

Park Chae Dalle : Au début de ma carrière artistique, j’exprimais dans mes œuvres toutes mes émotions personnelles, comme le chagrin ou la rage, mais à un moment donné, j’ai commencé à réfléchir à la position politique de mes œuvres, car nos êtres sont naturellement politiques. 

J’ai l’impression qu’il est de plus en plus difficile de connaître le bonheur dans ce monde, en particulier pour les jeunes générations. Je veux donc partager le bonheur et l’espoir que je ressens à travers ma pratique artistique, que je décris comme une « patience active ». La patience consiste à attendre quelque chose en restant immobile, mais en attendant, nous pouvons être actifs plutôt que passifs. Tout le monde attend quelque chose, et en fin de compte, cette chose, c’est la mort. La question qu’il faut alors se poser est la suivante : « Comment attendre ? » ; pour moi, la réponse se trouve dans la création d’œuvres.

Comme beaucoup d’autres artistes, je souhaite un monde meilleur. La partie importante du souhait d’un monde meilleur est « malgré ». Malgré le monde actuel, malgré moi, la vie est belle. Je ne peux pas l’affirmer avec certitude, mais c’est probablement le cas, et je l’espère. Ma série de tricots « Hand-to Hand » est intitulée ainsi en raison de sa forme, mais aussi parce qu’elle signifie la communauté et la solidarité, qui rendent la vie plus belle.  

Pour conclure cet entretien, ACA project est une plateforme qui présente les artistes d’Asie et de sa diaspora à une audience internationale, principalement française, et vous êtes de jeunes artistes ayant un lien particulier avec la France et la Corée. Comment vous identifiez-vous par rapport à ces deux pays ? Et où espérez-vous que votre avenir vous conduise ?

Park Chae Biole : Il y a beaucoup d’étiquettes qui me sont attachées, comme jumelle, asiatique et coréenne. Je ne vois pas ces étiquettes d’un œil négatif, mais j’essaie plutôt de reconnaître et de réfléchir à l’écart entre la façon dont je me perçois et la façon dont les autres me perçoivent. Je ne m’identifie pas fortement à mon origine et je n’incorpore pas intentionnellement des éléments coréens dans mes œuvres, mais comme tout fait partie de ma vie, ces influences apparaissent naturellement dans mon art. 

Comme j’ai vécu en France plus longtemps qu’en Corée, mes fondements artistiques sont plus enracinés en France. Pendant ma résidence d’artiste à GoSeong, en Corée, en 2023, bien qu’elle ait été inspirante et agréable, je me suis sentie un peu dépaysée. Pour le moment, je souhaite me concentrer sur mon travail actuel en France, mais j’espère avoir l’occasion de travailler sur des projets passionnants en Corée à l’avenir et d’établir des liens plus étroits avec la scène artistique coréenne.

Park Chae Dalle : Je pense que ma base est en France, puisque je m’y suis installée, mais mon origine et ma famille sont en Corée. Comme Biole, je concentrerai mes activités artistiques principalement en France pour le moment, bien que j’espère également entreprendre des projets intéressants en Corée.

En termes d’identité au sein de la société, je ne me considère ni comme Coréenne ni comme Française. Je me sens à la frontière entre ces deux pays. Lorsque je suis retournée en France, j’ai eu du mal à comprendre ce qui se passait, car je n’avais l’impression d’être accueillie nulle part. J’étais une femme asiatique en France, mais quelqu’un d’unique en Corée. « Où puis-je me sentir chez moi ? » ; telle était la grande question que je me posais à l’époque. Cependant, avec le temps, je me sens beaucoup moins obligée de trouver un endroit où j’ai ma place. La discrimination existe dans toutes les sociétés, c’est pourquoi j’apprends à définir mon identité selon mes propres termes. Ce qui compte le plus, ce n’est pas l’endroit où je me trouve géographiquement, mais la façon dont je vis et avec qui.

Entretien mené par BoYoung CHOI – Paris, Décembre 2024


Portraits de Park Chae Biole et Park Chae Dalle, 2025

NB: This interview was conducted individually with each artist and later merged into one cohesive piece.

Park Chae Biole and Park Chae Dalle are two young Korean artists who are making significant strides in Paris. Their colorful and visually engaging artworks, created through a diverse range of mediums, showcase a captivating use of scenography. ACA project last reviewed these twin artists’ exhibition at Alterside in Korea in 2023. This time, together with BoYoung CHOI, a Korean curator and writer based in Paris, ACA project had the opportunity to engage in a profound conversation exploring the artists’ unique artistic universe. While their practices are rooted in the same childhood and environment, they have bloomed into distinct and independent artistic practices, embracing both their shared connection and their individually unique perspectives on the world. 

ACA project: Both of your works are vividly colorful and incorporate diverse elements from nature, such as landscapes, flowers, and birds, delivering a childlike perspective despite their high level of plastic refinement. You were born in Paris and moved to GangNeung in Korea, at age 7, where you were educated in a unique system created by your father, without attending regular school. It seems that many influences from your childhood are reflected in your works. Could you elaborate on these experiences?

Park Chae Biole: Our childhood and environment deeply influenced both my life and artistic practice. We grew up fully immersed in nature. In Sceaux, France, we lived near a beautiful park that became our playground, and in GangNeung, our home was surrounded by the beach, a lake and mountains.

After moving back to Korea, my parents decided to pull us out of regular school just after one year. They didn’t want us to experience the traditional Korean education system which they had grown up with. My father, who took main responsibility for our education, had a strong and distinct educational philosophy and taught us in a unique way. To ensure we could fully enjoy nature, my father created a unique schedule: six months of vacation during spring and summer, and six months of intense study during the rest of the year.

Park Chae Dalle: As my father designed our study curriculum, it focused on creative fields such as classical music, languages, exercise—areas that were also of personal interest to him—rather than on traditional academic subjects. In particular, learning various languages has had a significant impact on my artistic practice, as text is one of the main mediums I use. 

Color also plays a crucial role in shaping our artistic universe, rooted in our grown-up environment. Since my parents are fond of primary colors, every piece of furniture in our house was vividly colorful. Because of this, I’ve always expressed myself through color, developing my own style that I can’t compromise. When I create my works, I follow my instinct in using colors without any prior planning.

Park Chae Biole: I have no fear of using colors. Since we were babies, we drew every single day. The funny thing is that drawing was the only thing which my father didn’t ask us to do —we just loved drawing. 

Park Chae Dalle: Maybe he didn’t need to ask us to learn drawing because we were already so passionate about it. Every time my parents asked me, “When do you feel happiest?” I always answered, “When I’m drawing while listening to good music.”

Park Chae Biole: I intentionally kept the style I developed from my childhood drawings. I tried hard not to lose it. I feel happy maintaining my bond with nature through art.

The first thing people often notice about you is that you are twins. While both of you create works completely independent, with your own artistic themes and expressions, you sometimes collaborate on projects, participate in the same exhibitions, and are even part of an art collective called Collectif Nest. You must share a deep connection with each other, but I imagine there is also a desire to be recognized as individuals. How do you feel about being twin artists? 

Park Chae Biole: I feel that this is a lifelong subject we are destined to work on. To be honest, I wasn’t fully aware of the common misconceptions people have about us until we entered university in France. People often assumed that we worked as a team or viewed us as one. Since it was always just the two of us and being together felt natural, I had never questioned our separate identities. In fact, during that time, in the early stages of our artistic journey, our works resembled each other much more than they do now.

However, being apart from our parents in Korea and realizing how people perceived us gave us an opportunity to develop our own artistic expressions. After a deep discussion, we decided to work separately during university, and never collaborated except for one single project. By the time we graduated and had developed our own distinct styles, I no longer felt confused about my identity. No matter what others think, I stopped caring about my identity, and working together became something enjoyable.

Park Chae Dalle: I feel the same as Biole. Those concerns were rooted in the self-awareness that we seemed too similar. However, now I see that our styles are clearly different, and I no longer feel any pressure. Occasionally, I still get questions like, “Whose work is this?” but it doesn’t bother me anymore.

When it comes to exhibitions, I don’t think about drawing a distinction between Biole’s works and mine— in fact, I prefer them to be mixed and to interact with one another. The dialogue that occurs among the different works always strongly appeals to me, so I install my pieces together with others without separation, and Biole’s works are no exception.


Installation view at Biennale de Mulhouse at Motoco, Mulhouse, France, 2021, Park Chae Biole

Now moving onto your works—I want to start with Biole’s text work ‘Frida & Gyueme’ (2019), a biographic fiction based on your mother’s story. Biole has demonstrated her interest in the body, mobility and duality of comfort and constraint through various media, including sculpture, painting, text, installation, and performance. Your mother, who contracted polio, seems to play a crucial role in shaping your art. Your recent ceramic works, ‘Tap, tap tap’ (2024), are also inspired by the rhythm of her movements. 

Park Chae Biole: My mother has deeply influenced my art, but even while I was writing the text, I didn’t imagine it would become the foundation of my practice. At that time, the key themes of my works—such as body, mobility, comfort and constraint—had not yet emerged. It was an experimental period when I was transitioning from painting to sculpture. The ‘Frida & Gyeume’ book is accompanied by a matching sculpture, ‘The Walker’, which is a movable desk. These two works later had a profound influence on my subsequent series, including ‘Tap, tap tap’, my most recent works. 

‘Tap, tap tap’ is a ceramic sculpture series made from handrails, created during my artist residency at the Villa Dufraine. The theme of residency was “slowness”, and I explored ways to slow down the spectators’ movements within the exhibition space. The title ‘Tap, tap tap’ comes from the sound of my mother walking with crutches. 

My mother’s body led me to doubt the normalized concept of the human body. To me, the first body I ever saw was hers, and everything felt natural. I had to assist her in daily life, and I learned this through daily experience, not formal education. This experience led me to ask other questions, such as, “Why does artwork have to be displayed at this specific height?” or “Why must artwork be shown in this way?” These inquiries became deeply connected to my exploration of installation and the utilization of space. So, I always try to display my works at various heights, from the floor to the ceiling, in the hope of making them more inclusive.

Your installations undeniably give the impression that they break the conventional rules of exhibition design. As I listen to your perspective on inclusivity, it also seems to touch on questions of accessibility. How do you consider the spectator and integrate these values into your practice and presentation? Do you employ any specific methods to enhance accessibility and inclusivity?

Park Chae Biole: Inclusivity and accessibility are the core keywords in my works, so I always keep them in my mind when creating. However, there are always limits to my ability to control and enhance these aspects, as the environment of each exhibition varies greatly. For instance, in France, old buildings often present accessibility challenges, which makes me reflect deeply on the meaning of working with these themes. During my last solo exhibition ‘Safe Space’ (2024) at Galerie Anne-Laure Buffard, I focused more on the ground floor to ensure accessibility because of the steep stairs.

I employ various methods, but my first standard is the height of wheelchairs. I adjust my standards to accommodate marginalized beings, such as disabled individuals, children and animals. After that, I deviate from the normalized standard for hanging paintings, which is typically about 150 cm, widely assumed to be the average eye level of an adult.

Despite the different media you employ, landscapes often appear on the surface of your works, delivering a uniquely lyrical and personal impression, much like a picture diary. The ‘Blind’ series (2018 ~), which is your oldest and significant series, has landscape paintings on the surface that harmonize with the background view where they are hung. What inspired you to start painting landscapes? Also how did you come to use the bamboo blind, an ordinary object, as your canvas?

Park Chae Biole: Painting landscapes was a natural consequence of my interest in mobility. As I reflected on the movement of artwork and spectators, I felt a desire to express the broader concept of movement, such as the places and landscapes I pass through. That’s how I began painting landscapes, and every time I return from a trip, I paint the landscapes I’ve seen, as a kind of ritual. Painting landscapes makes me feel that my work and life are intrinsically connected. 

The bamboo blind series started by chance. I visited a temple and found a blind installed like a door. While looking at the blind, I realized blinds are not only screens but also pathways that let wind pass through and covers for sunlight. Moreover, I could see the landscape through the space between each bamboo slat, and it made me think I could paint the landscape directly onto the blind. 



Here, in your studio at the Cité internationale des arts, I can see your new bamboo blind work with a hole in it, along with the piece you cut out from the rest. Depending on the spectator’s perspective, the main part and the remaining piece are interchangeable in this series. These works used to be whole pieces, often installed in the air, away from the wall. How did you start this new approach, and what is your intention behind it?

Park Chae Biole : I recently began experimenting with the transparency of the bamboo blind, which is a unique characteristic of this medium, revealing the landscape behind it. This means that when the spectators view it from a distance, they can see the painting more clearly, and as they come closer, the background becomes more visible. This ambiguity—questioning the boundaries between the artwork and its environment—is important to me, and I wanted to highlight this quality in a more direct way. By creating this hole, the area behind the blind becomes a larger part of the work, making this characteristic more apparent. The current step is contemplating the balance between the work and its background. 

Transparency is also a key characteristic in Park Chae Dalle’s ‘Hand to Hand’ series (2018 ~)—textile works featuring colorful drawings on the surface, often installed in an assemblage-like manner. Despite your remarkable scenography, like Biole, you identify yourself as a painter and view the textile as a support for painting. What inspired you to incorporate knitting into your practice, and what is the significance of creating your own support?

Park Chae Dalle: My textile series, ‘Hand to Hand’, began around 2018, during a difficult period when I felt the need to truly experience time. “What should I do to live and feel the passage of time?” This question led me to the conclusion of slowing down the artistic process.

The first attempt at a slow process was knitting. Since I had learned how to knit in my childhood, it was the most accessible technique for me. After I knitted my own canvas with yarn, I realized that it was too soft to serve as a support for painting. To reinforce it, I experimented with starch paste, a traditional Korean method for solidifying Hanji, and created my first textile. It was low in quality, with many holes, but I loved it. That was when I realized this was the right process for me, one that I can sustain for a long, long time.

When I started creating textile works, their transparency—allowing light to pass through—made installation and spatial composition major considerations for me. I always create in situ installations, meaning that every work presented in a show is newly assembled according to the space, and then disassembled afterward. Still, even though I go through various installation processes, my greatest desire is painting, which is why I see myself as a painter. 


Installation view of ‘Hand to hand’, 500 x 350 cm, at Jeune Création, 2022, Park Chae Dalle

Your other painting series, Dead Leaves (2020 ~), follows the same logic as your knitted works. You create your own canvas using dead leaves, paint on them, and install them in various ways. You also make your own recycled paper. These approaches are both economical and eco-friendly. Could you tell me more about your process and the philosophy behind these works?

Park Chae Dalle: For the ‘Dead Leaves’ series, I gathered dead leaves from parks such as Cimetière du Père-Lachaise, using a trolley, or a tree in front of my studio. My initial idea was to preserve the leaves’ original shape, but as they dried, they crumbled. So, I started grinding them into a paste mixed with starch, then used glue to solidify the material. 

Creating my own recycled paper follows a similar process. I used paper I collected from my daily life—such as from my travels, my text works, or papers left over from artist residencies. I tear and soak the paper in water, grind it into pulp and then use a sieve-like screen to shape the sheets. While I previously made rectangular forms, I now experiment with organic shapes by freely pouring the pulp.

I want to create artwork for as long as possible, so I’ve been concerned about what I need to sustain my artistic practice. I realized that being economical allows me to sustain my practice independently. Artworks require space and transportation, which can be costly, so they need to be lightweight and affordable. So, I try to buy second-hand materials or make my own, allowing me to continue without requiring significant funding or investment. This approach also carries an ecological meaning. I wouldn’t claim that my work is perfectly ecological, but I hope that the materials and processes are less harmful to the environment.

In addition to paintings, text works form a major foundation of your artistic practice. As a way of experiencing time—like knitting and painting—you write a poem every day in various languages, including Korean, French, English and others. What led you to write poetry rather than narrative pieces, like Biole’s ‘Frida & Gyueme’, and how do you see the relationship between your text works and your plastic works? Additionally, I am curious about your independent publication with your partner, Kim Wonwoo. 

Park Chae Dalle: I didn’t choose poetry, but I am chosen by it. I only read poetry and documentaries rather than narratives. I tried to read and write other formats, but I ended up coming back to poetry. Unlikely Biole, I can only write symbolic and abstract texts and I feel this difference decides our individual identities. 

The various languages I use for my poetry are like materials or colors used to create textures in my paintings. Most of my plastic works don’t show the influence of text directly on the surfaces but the way I write poetry has a natural link to the way I think. So, I consider painting and poetry as best friends nourishing each other. 

With Kim Won Woo, we have published a monthly booklet, ‘Mots verts’, since March 2022. This project is derived from our deep concern about the value of art and artistic practices, which are not financially tangible. To show this aspect of art, we wanted to create text pieces using the economic characteristics of it. We print the booklets at home to make the process economical, and most importantly, we never distribute them commercially – only sharing the booklets hand-to-hand, such as, at exhibition openings, dinners with friends, or even now during this interview. 

Through your artistic practices and art works, I can see your positive attachment towards life inside you. You describe your unique practice as “active patience” and inside your works, you instill the values of freedom, hope and love, which are important but no longer mentioned. From the early series to recent series, your artistic voice has expanded from personal memories to these universal values. What messages do you want to deliver to people?

Park Chae Dalle: In the early stages of my art, I expressed all my personal emotions such as grief or rage into my works, however, at some point, I started considering my artwork’s political position because our beings are naturally political. 

I feel it is becoming more difficult to experience happiness in this world, especially to the younger generations, so I want to share the happiness and hope I feel through my artistic practice, that I describe as “active patience”. Patience means waiting for something under an immobile status, but while waiting, we can be active rather than passive. Everyone is waiting for something, and ultimately, that something is death. Then the question to ask is, “how do we wait?”. To me, the answer was in creating works.

Like many other artists, I wish for a better world. The important part of wishing for a better world is “Despite.” Despite the current world, despite myself, life is beautiful. I can’t say it with confidence but probably, and hopefully it is. My knitting series ‘Hand-to Hand’ is so titled because of its shape, but also, it signifies community and solidarity, which make life more beautiful.  


Park Chae Dalle’s ‘Drawing’ series on her self-made recycled paper. Photo by BoYoung CHOI.

To wrap up this interview, ACA project is a platform introducing Asian artists to the international art scene, mainly in France, and you are young artists with a special connection to both France and Korea. How do you identify yourselves in relation to these two countries? And where do you hope your future will take you?

Park Chae Biole: There are many labels attached to me, such as twin, Asian and Korean. I don’t see these labels in a negative way but rather try to acknowledge and reflect on the gap between how I see myself and how others perceive me. I don’t strongly identify with my origin or intentionally incorporate Korean elements into my works, but as everything is part of my life, these influences naturally appear in my art. 

Since I’ve lived in France longer than in Korea, my artistic foundation is more rooted in France. During my artist residency in GoSeong, Korea, in 2023, although it was inspiring and enjoyable, I felt a little out of place. At the moment, I want to focus on my current work in France, but I hope to have opportunities to work on exciting projects in Korea in the future and build stronger connections with the Korean art scene. 

Park Chae Dalle: I think my foundation is in France, as I have settled here, but my origin and my family are in Korea. Like Biole, I will focus my artistic activities mainly in France for now, though I also hope to take on interesting projects in Korea.

In terms of identity within society, I don’t see myself as either Korean or French. I feel like I am at the frontier between these two countries. When I arrived back in France, it was confusing and difficult for me because I felt that nowhere truly welcomed me. I was an Asian woman in France, but someone uniquely different in Korea. “Where can I find my home?”—this was big question for me at that time. However, as time passed, I now feel much less pressure to find a place where I belong. Discrimination exists in every society, so I am learning to define my identity on my own terms. What matters most is not where I am geographically, but how I live with whom.

Interview by BoYoung CHOI – Paris, December 2024


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