EXHIBITION – HUANG YONG-PING @ GRAND PALAIS

Pour sa septième édition, qui se déroule du 8 mai au 18 juin 2016, Monumenta invite Huang Yong-Ping. Après Anselm Kieffer, Richard Serra, Christian Boltanski, Anisk Kapoor, Daniel Buren, et Ilya et Emilia Kabakov, l’artiste chinois relève le défi d’investir la nef du Grand Palais d’une installation monumentale inédite.

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Membre fondateur du groupe d’avant-garde artistique « Xiamen Dada » en Chine en 1986, Huang Yong-Ping (né en 1954) est l’un des premiers artistes chinois contemporains à être exposé en Occident, lors de « Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou en 1989. Sa présence à Paris pour l’ouverture de cette exposition coïncide avec les événements sanglants de la Place Tiananmen : l’artiste décide de ne pas rentrer dans son pays et s’installe alors en France où il démarre une carrière internationale.

L’œuvre de Huang Yong-Ping est marquée par le choc des cultures, ainsi que leur renouvellement perpétuel. Aussi, la mue est une thématique récurrente dans le travail de l’artiste, souvent symbolisée par des animaux mis en scène à des échelles spectaculaires pour révéler les paradoxes aussi bien géopolitiques, économiques que culturels de nos sociétés. 

« Empires », au Grand Palais, est une parfaite vision de l’univers de Huang Yong-Ping, où le spectaculaire n’évacue pas le propos mais le sert, bien au contraire. En entrant sous la nef, le spectateur est accueilli par un imposant mur de conteneurs industriels colorés de près de 17 mètres de haut. Après l’avoir contourné, se découvre un squelette de serpent de 254 mètres de long, gueule ouverte, le corps couvrant l’amoncellement des 305 conteneurs et entourant un bicorne de 5 mètres de haut qui forme une arche entre deux colonnes de caisses industrielles. Globalisation, grandeur et décadences des empires politiques et économiques de tous les temps, sont les messages qui se lisent entre le choc métallique des boites de marchandises et des vertèbres du monstre.  » L’installation « Empires » doit être vue des deux points de vue simultanés. C’est une de mes premières œuvres qui est totalement chinoise et occidentale. (…) Cette installation est avant tout l’histoire d’un chapeau. Il met en mouvement la roue du monde, des gloires, des échecs, des empires qui se succèdent et sont tous liés à ce couvre-chef. Mais il est vide. Cette réalité pourrait être perçue comme négative, sauf que le vide est ce qui permet à la roue de tourner, comme l’énergie vitale permet au monde de fonctionner. (…) Chez moi, il n’y a pas de jugement. Je fais la constatation que lorsqu’il y a destruction, il y a création ! Les mutations du monde ont un prix, que l’on soit une montagne ou un empereur. (…) Je ne sais pas si je suis engagé. Simplement, il est important d’être en phase avec le monde, de le regarder et de le traduire avec des images. » *

Huang Yong-Ping réussit son défi en occupant magistralement l’espace de la nef du Grand Palais, tout en révélant une œuvre à plusieurs niveaux de lecture. A voir jusqu’au 18 juin.

*Interview de Huang Yong-Ping pour le Grand Palais / retrouvez le dossier pédagogique ici.

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© ACA project
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