EXHIBITION – CHINESE GROUP SHOW @ PARIS-BEIJING GALLERY

© Zhu Xinyu
© Zhu Xinyu

La galerie Paris-Beijing reçoit jusqu‘au 31 juillet six peintres figuratifs, incarnant les différentes recherches inhérentes à la situation chinoise contemporaine. Wang Haiyang, Yan Heng, Ma Sibo, Fu Site, Zhu Xinyu et Sun Yu sont tous nés autour de 1980, et mobilisent les questionnements affleurant à l’aune de la création de la nouvelle Chine, et en particulier la question de l’identité individuelle.

Plusieurs traits paradigmatiques émanent ainsi des représentations picturales ; il s’agit d’abord du thème incontournable des rapports entre tradition et modernité, que l’on retrouve particulièrement dans les œuvres de Zhu Xinju. Les forêts sombres et profondes, ici, font office de refuge à la vitesse fulgurante contemporaine, lorsqu’une lumière artificielle vient en colorer les arbres. Avec Drastic Remedy (2014) Yang Heng veut signifier le matérialisme et le consumérisme de la Chine contemporaine, en introduisant dans la toile des fragments d’objets qui viennent bouleverser l’harmonie picturale.

© Ma Sibo
© Ma Sibo

C’est en particulier le domaine de l’intime qui domine la majorité des œuvres présentées. L’inconscient, notamment, est évoqué comme une constante liant la construction de l’être humain à la fantasmagorie, comme dans les toiles oniriques de Fu Site dans lesquelles des figures fantomatiques viennent hanter des intérieurs aux accents fin de siècle, où semblent se superposer différentes temporalités. Ce sont à nouveau des intérieurs que représente Ma Sibo, dans un combiné de couleur vive et de flou où les jeux de lumière donnent à voir le lieu de l’intime dont l’effet estompé permet autant le sentiment d’intrusion que celui d’appropriation. L’inconscient est exploré également dans les toiles de Wang Haiyang, qui mobilise par ailleurs la figure même de Freud, présenté comme une icône centrale de l’introspection et qui ne laisse aucun doute quant à la réflexion initiale de l’artiste. Ici, le peintre et vidéaste explore « l’inquiétante étrangeté » de ses personnages, mêlant des représentations de la relation à l’autre à celles de l’animalité et de la métamorphose. Il signe également une vidéo d’animation graphique déroutante, Freud, Fish and Butterfly (2012) : des figures s’y animent en des transformations incessantes, dans lesquelles on saisit tout particulièrement l’impératif de l’expression de la singularité de l’individu, incarné par des figures tour à tour déstructurées, avalées et dégluties.

© Wang Haiyang
© Wang Haiyang

Ce sont les portraits peints en petit format de Sun Yu qui ferment enfin l’exposition, mis en valeur par l’accrochage sur les murs noirs d’une dernière pièce minuscule qui évoque l’expérience de l’intimité, comme dans une chapelle ; l’étude de l’être humain, renforcée dans l’expressivité et le soin du détail, prend alors une dimension mystérieuse et sacrée.  

STATE OF MIND – Painting China Now, Galerie Paris-Beijing, Paris. Jusqu’au 31 juillet.

par Marguerite Adeline de Boisbrunet

Vue de l'exposition © Galerie Paris-Beijing
Vue de l’exposition © Galerie Paris-Beijing

Paris-Beijing Gallery presents six figurative painters, representatives of various artistic research in contemporary China. Born in the 80’s, Wang Haiyang, Yan Heng, Ma Sibo, Fu Site, Zhu Xinyu and Sun Yu look into the new China’s issues, especially bringing personal identity into focus.

The paintings convey several paradigms : the first is the major link between tradition and modernity in China, particularly in Zhu Xinju’s canvases. The artist’s deep and dark forests serve as a refuge from the contemporary speed of life, while an artificial light shines through the trees. Yan Heng « Drastic Remedy » (2014) aims to display China’s materialism and consumerism, by disrupting the former balance of the painting with mechanical items.

Most of the paintings explore the private area issue. The unconscious is particularly highlighted as a link between the human being and the unreal : in Fu Site’s fantasy canvases, old-fashioned interiors appear to be haunted by ghost-like characters. Ma Sibo also paints interiors : the intimacy is conveyed by blurred lines and vivid colors. The unconscious is explored as well in Wang Haiyang’s canvases, where Freud himself appears as the main figure of introspection. The painter aims to enhance the characters’ strangeness, with representations of relationships with others, animality and metamorphosis. Wang Haiyang also presents a animated short-movie : « Freud, Fish and Butterfly » (2012). The video’s characters constantly turn into different faces and objects – especially, the worth of the individuals uniqueness is highlighted, through deconstructed, swallowed and rejected figures. 

Sun Yu’s little painted portraits put an end to the exhibition, enhanced by the hang on the black walls of a very small room which reminds of a chapel and the experience of intimacy. The study of the human being take a mysterious and sacred extent, heightened by the expressiveness and the attention to detail.