By Lou Anmella-de Montalembert, art project manager, and Dorian Reunkrilerk, PhD candidate in design at Telecom ParisTech, co-founders of ACA project. This article was initially published in French in the #21 issue of Koï magazine.
Our association ACA Project — standing for Asian Contemporary Art Project — has intended to provide a greater visibility of Asian art practices for five years. What do we really highlight ? What does the adjective “Asian” imply ? What is its underlying tone ? Following these five years of activity, we have felt an urgent need to question our approach to Asia and to develop our association by sticking to our values and mission to promote Asian art.
An approach among others
Our initial goal was simple : to contribute to a better visibility and understanding of the Asian art scene in France where it remains rather unknown. We gradually defined its limits through our explorations. Would talking about “Asian” art practices be the same as reinforcing a common discourse on art which is evidence of a real heterogeneity ? We thought “Asian” reflected reality but would it be more appropriate to say a view on reality ? Does it refer to a form of exoticism ? Therefore the adjective “Asian”, without suggesting anything, became a keyword in our definition of a unique perception of art practices though they are different.
The role played by the confrontation between cultures in the depiction of contemporary Asian art practices has increased since the rise of globalization in the 1990s. If the internalization of contemporary art is said to be the incentive of its standardization and westernization, it also enabled minorities to express themselves and struggle against the effects of uniformity. Talking about “Asian” art is necessary to put its art scene into the limelight and highlight identities which differ from the mainstream.
Would associating art to specific nationalities be a problem? According to us, influences drawn from social, cultural, political contexts are more likely to define art practices originating from Asia.
Contemporary art from Asia
How can we define an “Asian” culture ? As we reflect on this conception, we realized that it would be more accurate to talk about contemporary art from Asia that mirror geographical situations and influences without necessarily implying nationalistic views.
We think this term can also be used to describe artists who belong to the Asian diaspora all over the world. Nowadays, artists are always on the move and it is needless to say that art turns out to be global. Many of them try to show their Asian identity through their works even though they were raised abroad. Heritage that was passed on from one generation to another might serve as a source of inspiration for their pieces of art.
Art and beyond
This manifesto, implying self-criticism, tends to reveal the importance of the choice of words which vehicle different views of Asia. Some of them are criticized and related to stereotypes. We attempt to break down these stereotypes about contemporary art but we keep in mind that other fields are concerned : what about Asian cinema, gastronomy and craftsmanship?
L’art contemporain asiatique existe-t-il ?
Par Lou Anmella-de Montalembert, cheffe de projets culturels indépendante, et Dorian Reunkrilerk, doctorant en design, co-fondateurs d’ACA project. Article initialement publié dans l’édition 21 de Koï magazine.
Depuis cinq ans, notre association ACA project — ACA pour Asian Contemporary Art et Art Contemporain Asiatique —, tend à donner davantage de visibilité à des démarches qui relèvent de pratiques artistiques asiatiques. Que valorisons-nous réellement ? À quelles significations et quelles lectures renvoie l’adjectif « asiatique » ? Au terme de ces cinq années, nous ressentons le besoin de questionner notre approche et de faire évoluer notre nom, afin de s’aligner au plus près de nos valeurs et de notre mission.
Une lecture parmi d’autres⠀
Notre objectif de départ était simple : apporter une visibilité, une connaissance, une compréhension de la scène artistique asiatique, alors peu connue en France. Au fur et à mesure de nos explorations, nous en avons cependant cerné les limites. Qualifier des pratiques artistiques d’ « asiatiques » ne reviendrait-il pas à uniformiser notre discours qui en fait témoigne d’une réelle hétérogénéité ? En choisissant d’employer l’adjectif « asiatique », nous pensions qu’il renvoyait à une réalité, mais ne renverrait-il pas davantage à une interprétation de cette réalité ? Et à une certaine exotisation ? Sans nécessairement en être conscients, ce terme est donc devenu un maître mot à partir duquel nous construisons une image unique de ces pratiques artistiques pourtant bien singulières les unes des autres.
Depuis l’essor de la mondialisation des années 1990, la confrontation des cultures a un rôle de plus en plus important dans les représentations des pratiques artistiques contemporaines. Si certains considèrent que l’internationalisation de l’art contemporain a participé à son uniformisation et surtout son occidentalisation, elle a aussi permis à des voix minoritaires de s’exprimer de façon plus affirmée et de lutter contre ces effets d’uniformité. Parler d’art « asiatique » serait donc un passage obligé pour lever le voile de l’invisibilité et valoriser une scène, voire souligner une identité, différente de celle majoritaire.
Cependant, porter une lecture en termes de nationalité ne serait-il pas problématique ? Selon nous, ce qui définit l’ensemble des pratiques artistiques provenant d’Asie pourrait être davantage à ce qui les influence, dans leurs contextes géographiques, culturels, sociaux et politiques.
Art contemporain d’Asie⠀
Comment dessiner les contours d’une culture dite « asiatique » ? À l’aune de nos réflexions, il nous semblerait plus juste de parler d’art contemporain d’ « Asie », renvoyant davantage à une situation géographique et aux influences que cela implique sans nécessairement s’affilier à des connotations nationalistes.
Cette appellation nous paraît tout aussi juste pour parler des artistes issus de la diaspora d’Asie. Aujourd’hui en effet, les artistes circulent constamment et la dimension internationale de l’art n’est plus à discuter. Pour beaucoup, dans leurs pratiques, demeure une recherche d’expression liée à l’Asie, quand bien même ils ou elles auraient grandi dans une culture étrangère. Le terreau familial communique un héritage, qui peut constituer un matériau pour leur travail.
Au-delà de l’art
Ce texte, sous forme d’autocritique, tente de montrer l’importance du choix des mots, qui peuvent véhiculer des lectures, parfois inconscientes, renvoyant à des stéréotypes. Nous cherchons à les déconstruire ici dans le cadre de l’art contemporain mais nous avons aussi en tête d’autres domaines : qu’en est-il du cinéma asiatique, de la gastronomie asiatique ou encore de l’artisanat asiatique ?