EXHIBITION – LIVING PICTURES : PHOTOGRAPHY IN SOUTHEAST ASIA @ NATIONAL GALLERY SINGAPORE

By Amirahvelda Priyono

Du 2 décembre 2022 au 20 août 2023, la National Gallery Singapore présente une nouvelle exposition photographique illustrant l’Asie du Sud-Est, du 19 siècle à nos jours. L’exposition met en avant diverses figures de la photographie qui ont contribué à façonner et à définir nos relations avec le monde, ainsi qu’entre nous en tant qu’individus. Examinant l’instrument qu’est la photographie, nous nous penchons alors sur ce medium comme acte d’expression, allant d’un outil pour capturer les réalités fragmentées de la guerre, tel un art respecté, à sa présence sur les réseaux sociaux sous la forme de memes et selfies. Des photographes et artistes contemporains de renom sont présentés. Leur travail a su construire un portrait de l’Asie du Sud-Est sous un point de vue local ou étranger, naviguant l’histoire à travers différentes régions. Si les images peuvent capturer l’histoire collective des personnes et des lieux, les archives jouent également un rôle crucial dans la préservation de la mémoire et de l’identité de chacun.e.s. Comme il y a beaucoup de choses à couvrir, ACA project a mis en lumière six artistes d’Asie du Sud-Est dont le travail et la pratique artistique sont essentiels à analyser.

From December 2nd 2022 to August 20th 2023, the National Gallery Singapore is presenting a new photography exhibition portraying Southeast Asia from the 19th century to the present day. The exhibition highlights various photographic figures who have helped shape and define our relationships with the world, and with each other as individuals. This show examines the instrument that is photography as an act of expression, from capturing the fragmented realities of war as a respected art form, to memes and selfies on social media. Notable photographers and contemporary artists are presented, their photographic work having built Southeast Asian portraiture. Ranging from local to foreign perspectives, they navigate history in different areas. If pictures capture the collective history of people and places, archives also play a crucial role in keeping the memory and identity of individuals alive. As there are lots of things to cover, ACA Project highlighted six artists from Southeast Asia whose work and artistic practice are crucial to explore. 

Danh Vo (Vietnam) 

Danh Vo – Photographs of Dr Joseph M Carrier 1963-1973 2010 – Photogravures on paper (seven of 24 prints) – Collection of National Gallery Singapore

Danh Vo (né en 1975) est un artiste danois d’origine vietnamienne basé à Copenhague. Ses médiums varient de la photographie aux pratiques multimédias, qu’il utilise pour aborder l’histoire géopolitique vietnamienne du 20 siècle. L’exposition « Living Pictures » présente les Archives of Photographs of Joseph M Carrier (1963-1973) (2010). Une série de photos de jeunes hommes vietnamiens prises par le Dr Joseph M Carrier, un spécialiste américain de la contre-insurrection, qui a travaillé au Vietnam pour la RAND Corporation de 1962 à 1973. Celui-ci a quitté son emploi car son homosexualité était considérée comme un risque en matière de sécurité. Pendant son séjour au pays, Carrier a secrètement capturé des interactions informelles entre divers hommes vietnamiens. Toutes ces photos semblent intimes, même si elles ne le sont pas forcément, et présentent un caractère homoérotique. En 2007, Carrier a donné ses négatifs pour exposer ses photos. Bien que Vo n’ait jamais incarné l’expérience d’un réfugié vietnamien, les archives photographiques de Carrier reflètent son pays d’origine et sont intégrées à l’histoire collective de l’identité de chacun.e.s.

Danh Vo (b. 1975) is a Vietnamese-born Danish artist based in Copenhagen. His artistic mediums range from photography to multimedia practices, which he uses to discuss the wider geopolitical history of 20th century Vietnam. The ‘Living Pictures’ exhibition shows Vo’s Archive of Photographs of Dr Joseph M Carrier (1963-1973) (2010). A photo series of young Vietnamese men taken by Dr Joseph M Carrier, an American conterinsurgency specialist, who worked in Vietnam for the RAND Corporation from 1962 to 1973. He left his employment as his homosexuality was considered a security risk. During his stay in the country, Carrier secretly captured casual interactions between Vietnamese men. All photos seem intimate, while not entirely, and have a homoerotic characteristic. In 2007, Carrier gave his negatives to exhibit his photos. While Vo never embodied the experience of a Vietnamese refugee, Carrier’s photo archive reflected his birth country and was integrated as part of the collective histories of everyone’s identity.  

FX Harsono (Indonesia) 

FX Harsono (Indonesia) – Preserving Life, Terminating Life #1, 2009 – Diptych, arcrylic and oil on canvas, thread, 200 x 350 cm – Living Pictures exhibition at the National Gallery Singapore

FX Harsono (né en 1949) est une figure marquante de la scène artistique contemporaine indonésienne. Né d’une famille chinoise, ses œuvres critiquent souvent la situation socioculturelle et politique de l’Indonésie. L’une de ses créations les plus remarquables est un diptyque intitulé Preserving Life, Terminating Life #2 (2009). Les premières images présentées proviennent de la même source : des photographies en noir et blanc que l’artiste a découvertes chez lui et qui représentent sa famille. Elles sont juxtaposées à des photographies de fosses communes, celles de Chinois.e.s assassiné.e.s au cours des années turbulentes qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Entre ces images sont cousus des mots rouges qui font écho au titre de l’œuvre. Dans la culture chinoise, la couleur rouge symbolise à la fois les occasions favorables et défavorables. Cette ligne de fils au milieu de l’œuvre sert de motif visuel représentant la lignée, les liens du sang, et la ligne continue de l’histoire marquée par l’effusion de sang et de violence.

FX Harsono (b. 1949) is a seminal figure on the Indonesian contemporary art scene. Born into a Chinese household, his work often criticises Indonesia’s socio-cultural and political situation. One of his most notable creations is a diptych titled Preserving Life, Terminating Life #2 (2009). The first images shown are from the same source: black and white photographs that the artist discovered at his home, portraying his family. These are then juxtaposed with documentation of mass graves, those of murdered Chinese in the turbulent years after the Second World War. Between these images are threaded red words, stitched into the canvas, echoing the title of the work. In Chinese culture, the colour red symbolises both auspicious and inauspicious occasions. This thread lining, in the middle of the artwork, serves as a visual motif representing lineage, blood ties, and the continuous line of history marked by bloodshed and violence. 

Heman Chong (Malaysia) 

Heman Chong (né en 1977) est un artiste né en Malaisie ayant grandi à Singapour. Son travail se concentre sur l’intersection entre l’image, la performance, la situation et l’écriture. Pour cette occasion, il présente God Bless Diana (2000-2004), une collection de 550 photographies imprimées sous forme de cartes postales et vendues à l’intérieur de l’exposition. Ce travail a été inspiré par un séjour de cinq ans en Europe. Il a photographié les paysages quotidiens qui l’entouraient à l’aide d’un appareil photo compact et vendu chaque carte postale pour 1 dollar suédois (ou 1 euro). Il n’y a pas de limite au nombre de cartes postales que le public peut acheter, l’artiste pensant que la sélection des visiteur.euse.s varierait en fonction de leur intérêt et leurs moyens financiers. En créant une « boutique de cartes postales », il a permis à tous.tes d’accéder à ses photographies en fonction de leur curosité et moyens économiques.

Heman Chong (b.1977), is a Malaysian born artist raised in Singapore. His work focuses on the intersection between image, performance, situation, and writing. For this occasion, he is presenting God Bless Diana (2000-2004), a collection of 550 photographs printed as postcards and sold inside the exhibition. The inspiration came to him during his five year stay in Europe. He captured everyday objects around him with a compact camera and would sell each postcard for S$1 (or €1). There are no limits to the number of postcards the audience can buy, the artist figuring people’s selection would vary based on their interest and monetary access. By creating ‘postcard boutique’, he allowed for an inclusive access to his photography based on what piqued people’s interest and their means to purchase. 

Chua Chye Teck (Singapore) 

Chua Chye Teck (né en 1974) est un artiste singapourien qui explore la photographie et la sculpture. Né dans une famille de charpentiers, il se lanca au défi d’utiliser la photographie comme pratique artistique. Il collectionne également des images, des souvenirs et des espaces. Wonderland (2007-2008) est une série d’œuvres composée de 500 objets ornementaux de pacotille provenant de marchés aux puces et de donateur.rice.s. Ces objets ont été recherchés, collectés et nettoyés pour être capturés sur un fond turquoise. Ils illustrent les comportements consuméristes ce celleux qui délaissent les objets de la vie quotidienne. Alors que les déchets sont souvent dévalorisés, Chua invite le public à réévaluer la valeur cachée des objets abandonnés. « Wonderland » incite à repenser la conservation ou l’achat d’objets susceptibles de devenir des détritus.

Chua Chye Teck (b. 1974) is a Singaporean artist whom explores photography and sculpture. Born into a carpenter family, he challenged himself by using photography as an artistic practice. He also collects images, memories, and spaces. Wonderland (2007-2008) is an artwork series that consists of 500 ornamental “junk” objects coming from flea markets and donors. These items were sourced, collected, and cleaned up to be captured in a clean turquoise background. They are portrayals of consumerist behaviours from those who disregard everyday items. While people’s trash is something often ignored, Chua invites the audience to reevaluate the hidden worth from these abandoned objects. “Wonderland” shapes the incentive to rethink keeping or purchasing any items that might end up as waste. 

Manit Sriwanichpoom (Thailand) 

Manit Sriwanichpoom (Thailand) – Masters (2009) – Epson archival ink on archival paper, 129 x 100 cm – Collection of Singapore Art Museum

Manit Sriwanichpoom (né en 1961) est un artiste thaïlandais connu pour son emblématique « homme rose », qui figure dans ses œuvres les plus célèbres. Privilégiant la photographie comme moyen de production, il évoque principalement les conditions socio-politiques thaïlandaises, en les associant à un humour ironique mais élégant. Masters (2009) est actuellement exposé dans « Living Pictures ». Cette œuvre est composée de quatre images, floues et en noir et blanc, représentant chacune un moine, qui sont en réalité des sculptures. L’artiste a trouvé ces statues dans un magasin d’icônes religieuses près de Giant Swings à Bangkok. Elles étaient réalistes, comme revenues d’entre les morts, et leur présence a donné un sentiment étrange et sinistre à Sriwanichpoom, comme si elles faisaient écho aux célèbres sculptures en cire de Madame Tussaud. « Masters » met l’accent sur le marketing et le travail technologique qui se cachent derrière les pratiques religieuses et qui réduisent peu à peu l’essence du bouddhisme. Cela remet également en question le concept original d’adoration du Bouddha en tant que symbole de son enseignement, à savoir l’autosuffisance.

Manit Sriwanichpoom (b. 1961) is a Thai artist well-known for his iconic ‘Pink Man’, featured in his most notable artworks. Focusing on photography as a main medium for his practice, he usually evokes Thai socio-political conditions, combining them with an ironic but elegant humour. Masters (2009) is currently shown in ‘Living Pictures’. This work is comprised of four black and white images, each of them blurred and depicting a monk, which are in fact sculptures. The artist found these statues at the religious icon shop close to Giant Swings in Bangkok. They looked lifelike, as if returned from the dead, and their presence gave an eerie feeling to Sriwanichpoom as if echoing Madame Tussaud’s famous waxed sculptures. ‘Masters’ emphasises the marketing and technological work behind religious practices, which slowly diminishes the essence of Buddhism. This also questions the original concept of worshiping the Buddha as a symbol of his teaching ; his message of being self-reliant. 

Poklong Anading (The Philippines) 

Poklong Anading anonymity 2009 Photograhic transparency, lightboxes; set of 9 Collection of Singapore Art Museum

Poklong Anading (né en 1975) a commencé sa carrière en tant que peintre avant de se tourner vers la vidéo et la photographie. Il élargit également sa pratique artistique avec des sculptures et des installations axées sur le procédé. Dans cette exposition, il présente une série de neuf photos intitulées anonymity (2009). Il a photographié diverses personnes, telles que des ami.e.s, des connaissances et même des inconnu.e.s, dans les rues de différentes villes. Toutes ces photos sont en différentes nuances de gris. Cependant, le public ne peut pas discerner leurs visages, qui sont masqués par une constellation d’éclairs faisant partie des marques de fabrique évidentes de l’artiste. Anading utilise un miroir et la lumière du soleil pour occulter le visage des sujets, l’accent étant mis sur l’arrière-plan et sur les vêtements qu’iels portent, ce qui nous amène à nous interroger sur leurs identités. Ces photos sont le résultat d’un jeu captivant entre la critique sociale, l’objectivité, les figures religieuses et le désir. Avec ce travail, il met en lumière une autre facette de la beauté, inattendue, que la.le spectateur.rice est invité.e à décrypter.

Poklong Anading (b.1975) begun his career as a painter before shifting towards video and photography. He also expands his artistic practice with process-oriented sculptures and installations. In this exhibition, he shows a set of nine photos titled anonymity (2009). He captured various people, such as friends, acquittances, and even strangers, in the street of different cities. All in grayscale. However, the audience cannot see their faces which are blocked by a constellation of flashes as part of his obvious marks. Anading uses a mirror and sunlight to block the figure’s face as his focus is on the background and on the clothes they wear, leading us to wonder about their identities. These photos are a result of a captivating interplay between social criticism, objectivity, religious figures, and desire. With this work, he highlights another side of beauty, unexpected, that the viewer is challenged to decipher. 

Relecture et traduction en français par Amandine Vabre Chau

Proofreading and French translation by Amandine Vabre Chau


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