by Erwan Jambet
Si la Corée du Sud a la réputation d’être un pays principalement conservateur, et dans lequel les thématiques LGBTQIA+ sont encore largement entourées de tabous, y compris dans le monde de l’art, des artistes queer y font entendre leurs voix, et exposent leurs travaux dans des centres d’art et musées à travers le pays. Young Joon Kwak, Grim Park et Kang Seung Lee sont trois artistes coréens ou coréo-américains. Leurs recherches – plastiques, musicales ou curatoriales – s’intéressent aux identités, aux histoires et aux communautés queer.
While South Korea has the reputation of being a mostly conservative country where LGBTQIA+ issues are still very much taboo, even within the art world, queer artists from the local scene make their voices heard and exhibit their work in art centers and museums across the country. Young Joon Kwak, Grim Park and Kang Seung Lee are Korean or Korean American artists. Their research – plastic, musical or curatorial – focuses on queer identities, stories, and communities.
Young Joon Kwak (they/them)
Young Joon Kwak est un·e artiste et musicien·ne né·e à New York. Iel y a grandi au sein d’une importante communauté coréenne, et vit désormais à Los Angeles. Son exposition “All About Love”, présentée au Arko Art Center à Séoul, explore les corps et identités queer au moyen de sculptures, vidéos et installations. À travers ses recherches plastiques et esthétiques, l’artiste met à jour de nouvelles formes en résistances au regard patriarcal (“patriarchal gaze”), et donne à voir de nouvelles manières d’exister, d’aimer, d’être. L’hybridation des médiums et matériaux à l’œuvre dans le travail de Young Joon Kwak sert aussi d’appel pour davantage de diversité, de nouveaux imaginaires, et contre l’homogénéisation. En remettant directement en cause les catégories sociales normatives de race ou de genre, son travail problématise et réimagine les corps et les existences, en marge du système binaire. “All About Love” est visible jusqu’au 17 juillet au Arko Art Center.
Young Joon Kwak is a Los Angeles-based artist and musician. They were born in New York, where they grew up in a large Korean community. Their latest exhibition “All About Love” at Arko Art Center, Seoul, explores queer bodies and identities through sculpture, installation and video. Through their plastic and aesthetic researches, the artist unveils new figures in an attempt to resist the patriarchal gaze and suggest new shapes of life, love, and being. The hybridization of media and materials in Young Joon Kwak’s work also seems to serve as a call for diversity, new utopias, and against homogenization. By challenging preexistent normative social categories of race and gender, their work aims to question and reimagine bodies and existences out of the binary. « All About Love » runs through July 17 at Arko Art Center.
Grim Park (he/him)
Grim Park est un peintre coréen qui emploie des techniques et références visuelles de la peinture bouddhique sur soie coréenne traditionnelle, qu’il utilise pour représenter des guerriers modernes queer. Dans son exposition “Horo, Becoming a Tiger” au Studio Concrete à Séoul, l’homoérotisme latent perceptible dans les représentations spirituelles traditionnelles est reporté sur des icônes gay contemporaines, tandis que des éléments comme une queue de tigre prennent une dimension phallique. Réincarné en tigre, un symbole de force et de pouvoir profondément ancré dans l’histoire et la culture coréennes, l’artiste, en combinant maîtrise technique et iconographie queer, confronte les rôles genrés et les représentations, dans un pays où les relations homosexuelles sont encore souvent considérées comme résultant d’une influence de l’Occident. Ses portraits fascinants et virginaux peuvent également être vus comme faisant allusion aux canons de beauté irréalistes et aux importants préjugés à l’œuvre au sein même de la communauté LGBTQIA+.
Grim Park is a Korean painter whose work revolves around techniques and visual leitmotivs from traditional Korean Buddhist silk painting, while using them to picture modern queer warriors. In his recent show “Horo, Becoming a Tiger” at Studio Concrete in Seoul, the latent homoeroticism that is perceptible in traditional representations of spirituality is used to depict gay icons, while details such as a tiger’s tail are given a phallic connotation. Reincarnated as a tiger, a symbol of strength and power strongly associated with Korean culture and history, the artist, through his combination of exquisite technique and queer iconography, confronts gender roles and representations in a country where same-sex relationships are still often considered a Western influence. But his mesmerizing and pristine depiction of characters can also be understood as a reference to the unrealistic beauty standards and strong prejudices existing within the LGBTQIA+ community.
Kang Seung Lee (he/him)
Kang Seung Lee est un artiste et curateur coréen qui vit et travaille à Los Angeles. Son travail s’intéresse à la curation, l’archivage, le remodelage et la mise en espace de documents, images et artefacts liés à l’histoire des personnes LGBTQIA+. Ses dessins au crayon, broderies et installations donnent vie à une archive ouverte et continue des histoires queer, dont l’héritage prend une dimension transnationale et communautaire au travers du travail de l’artiste et de son approche collaborative. En redécouvrant et se réappropriant des récits minoritaires, à l’instar d’histoires de l’épidémie du VIH/SIDA dans les années 1980 ou d’aspects méconnus de l’histoire de la communauté queer dans la péninsule coréenne, le travail de Kang Seung Lee a valeur de rappel que les histoires des communautés marginalisées ont besoin d’être racontées, préservées, et transmises aux générations à venir.
Kang Seung Lee is a Korean artist and curator living and working in Los Angeles. His practice focuses on curating, archiving, transforming and exhibiting documents, images and artifacts linked to LGBTQIA+ history. His pencil drawings, embroidery and installations constitute an ongoinb open archive of queer stories, whose legacies are given a transnational and communal dimension through the artist’s work and his collaborative approach. By rediscovering and reappropriating narratives of minorities, such as stories of the HIV/AIDS epidemic in the 1980s or inconspicuous aspects of the history of the queer community in the Korean peninsula, Kang Seung Lee’s works are a reminder of the fact that the stories of marginalized communities need to be told, preserved, and passed on to the next generations.