by Seoha Park & Lou Anmella-de Montalembert
La Biennale di Venezia, Stranieri Ovunque
La Biennale de Venise, qui célèbre cette année son 60ème anniversaire, a ouvert ses portes le 20 avril dernier. Sous la direction de son commissaire, le brésilien Adriano Pedrosa, cette édition historique se décentre de l’Occident pour accorder une attention privilégiée à la création artistique en provenance d’autres continents. Les artistes d’Asie et de sa diaspora y occupent une place majeure : ils et elles y sont trois fois plus nombreux que lors de la précédente édition.
Ainsi, ce ne sont pas moins de 331 artistes et collectifs provenant de 80 pays, y compris Hong Kong, la Palestine et Porto Rico, qui sont réunis cette année à la Biennale de Venise. L’exposition principale se concentre sur les artistes qui sont étrangers, immigrés, expatriés, membres de la diaspora, exilés ou réfugiés, en mettant particulièrement en avant ceux qui traversent les frontières entre le Sud et le Nord global. Son titre, “Stranieri Ovunque (Foreigners Everywhere)”, est tiré d’une série de sculptures en néon réalisées par le collectif Claire Fontaine, commencée en 2004. Ces pièces, exposées en différentes couleurs, traduisent la phrase « Étrangers Partout » en plus de cinquante langues.
« Les artistes ont toujours voyagé et se sont déplacés à travers les villes, les pays et les continents. La Biennale Arte 2024 se concentre donc principalement sur les artistes qui sont eux-mêmes étrangers, immigrés, expatriés, diasporiques, émigrés, exilés ou réfugiés », déclare Adriano Pedrosa.
Celebrating its 60th anniversary this year, the Venice Biennale opened its doors on 20 April. Under the direction of its curator, the Brazilian Adriano Pedrosa, this historic edition shifts its focus away from the West to give special attention to artistic creation from other continents. Artists from Asia and its diaspora occupy a major place in the exhibition, with three times as many as in the previous edition.
No fewer than 331 artists and collectives from 80 countries, including Hong Kong, Palestine and Puerto Rico, are taking part in this year’s Venice Biennale. The main exhibition focuses on artists who are foreigners, immigrants, expatriates, members of the diaspora, exiles or refugees, with particular emphasis on those who cross the borders between the global South and North. Its title, ‘Stranieri Ovunque (Foreigners Everywhere)’, is taken from a series of neon sculptures created by the Claire Fontaine collective, which began in 2004. These pieces, exhibited in different colours, translate the phrase ‘Foreigners Everywhere’ into more than fifty languages.
“Artists have always traveled and moved about through cities, countries and continents. The Biennale Arte 2024’s primary focus is thus artists who are themselves foreigners, immigrants, expatriates, diasporic, émigrés, exiled, or refugees” says Adriano Pedrosa.
Prenant place au Pavillon Central à Giardini et à l’Arsenale, “Stranieri Ovunque” est composé de deux sections : Nucleo Contemporaneo (Le Noyau Contemporain) et Nucleo Storico (Le Noyau Historique). Cette seconde section « rassemble des œuvres d’Amérique latine, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du XXe siècle. (…) Nous sommes tous trop familiers avec les histoires du modernisme en Euroamérique, mais les modernismes dans le Sud global restent largement méconnus. (…) Le modernisme européen lui-même a voyagé bien au-delà de l’Europe tout au long du XXe siècle, souvent entrelacé au colonialisme, et de nombreux artistes du Sud global sont allés en Europe pour y être exposés.» explique le commissaire.
Adriano Pedrosa poursuit la présentation de l’exposition principale en ces termes : « L’expression Stranieri Ovunque a plusieurs significations. Tout d’abord, partout où vous allez et où que vous soyez, vous rencontrerez toujours des étrangers, ils / nous sont / sommes partout. Deuxièmement, peu importe où vous vous trouvez, vous êtes toujours véritablement, et au fond de vous-même, un étranger.
Le terme italien “straniero”, le portugais “estrangeiro”, le français “étranger” et l’espagnol “extranjero” sont tous étymologiquement liés à “strano”, “estranho”, “étrange”, “extraño”, respectivement, qui signifie précisément l’étranger. La pensée se tourne vers le Das Unheimliche de Sigmund Freud — « L’inquiétante étrangeté », l’étrange qui est aussi familier, en soi, au plus profond. Selon l’Oxford Dictionary, le premier sens du mot “queer” est précisément “étrange”, et ainsi l’exposition se déploie et se concentre sur la production d’autres sujets connexes : l’artiste queer, qui a évolué au sein de différentes sexualités et genres, souvent persécuté ou proscrit ; l’artiste outsider, qui se trouve aux marges du monde de l’art, tout comme l’artiste autodidacte, l’artiste populaire et l’artiste indigène, souvent traité comme un étranger sur sa propre terre. Les productions de ces figures sont au centre de cette Biennale, constituant le noyau contemporain de l’exposition.»
Taking place at the Central Pavilion in Giardini and at the Arsenale, ‘Stranieri Ovunque’ is divided into two sections: Nucleo Contemporaneo (The Contemporary Core) and Nucleo Storico (The Historical Core). The latter brings together “works from 20th century Latin America, Africa, the Middle East and Asia. (…) We are all too familiar with the histories of modernism in Euroamerica, yet the modernisms in the Global South remain largely unknown. (…) European modernism travelled far beyond Europe throughout the 20th century, often intertwined with colonialism, and many artists in the Global South traveled to Europe to be exposed to it.”
Adriano Pedrosa goes on to present the main exhibition in the following terms: “The expression Foreigners Everywhere has several meanings. First of all, that wherever you go and wherever you are you will always encounter foreigners—they/we are everywhere. Secondly, that no matter where you find yourself, you are always truly, and deep down inside, a foreigner.
The Italian stranieri, the Portuguese estrangeiro, the French étranger, and the Spanish extranjero, are all etymologically connected to the strano, the estranho, the étrange, the extraño, respectively, which is precisely the stranger. Sigmund Freud’s Das Unheimliche comes to mind—the uncanny in English, which in Portuguese has indeed been translated as “o estranho”–the strange that is also familiar, within, deep down side. According to the American Heritage and the Oxford Dictionaries, the first meaning of the word queer is strange, and thus the Exhibition unfolds and focuses on the production of other related subjects: the queer artist, who has moved within different sexualities and genders, often being persecuted or outlawed; the outsider artist, who is located at the margins of the art world, much like the self-taught artist, the folk artist and the artista popular; as well as the indigenous artist, frequently treated as a foreigner in his or her own land. The productions of these four subjects are the interest of this Biennale Arte, constituting the International Exhibition’s Nucleo Contemporaneo.”
ACA project vous présente 5 artistes coups de cœur présentés à “Stranieri Ovunque (Foreigners Everywhere)” :
We would like to introduce you 5 artists from “Stranieri Ovunque (Foreigners Everywhere)” that we liked at ACA project :
PACITA ABAD
Basco, Philippines, 1946- 2004, Singapour
L’œuvre de Pacita Abad se caractérise par l’utilisation effusive de la couleur et par un large éventail de techniques et de matériaux influencés et inspirés par ses contacts avec les gens et les cultures au cours de ses voyages. Avec son mari, un économiste du développement dont le travail nécessitait de nombreux déplacements, Pacita Abad a vécu dans onze pays et en a visité soixante-deux. Son intérêt pour l’expérience des immigrants lui a inspiré une série de tableaux utilisant sa technique de peinture trapunto. Haitians Waiting At Guantanamo Bay (1994) dépeint l’attente pleine d’espoir derrière des barbelés, laissant derrière elle des bateaux vides et une ville avec des cieux ensoleillés et des palmiers. Au cours de cette période, Abad a également créé Contemplating Flor (1995) et Filipinas in Hong Kong (1995). You Have to Blend in Before You Stand Out (1995) est un grand trapunto représentant une femme vêtue d’un sarong assorti à une casquette de base-ball des Yankees et à un maillot de basket-ball des Bulls, illustrant la lutte interne que les immigrants et leurs familles connaissent lorsqu’ils s’intègrent dans une nouvelle société. Abad a elle-même été naturalisée américaine vingt-quatre ans après son arrivée aux États-Unis.
C’est la première fois que le travail de Pacita Abad est présenté à la Biennale Arte.
-Joselina Cruz
PACITA ABAD
Basco, Philippines, 1946– 2004, Singapore
Pacita Abad’s work is characterised by the effusive use of colour and extensive range of techniques and materials influenced and inspired by her contact with people and cultures during her travels. Abad, along with her husband, a development economist whose work necessitated extensive travel, lived in eleven countries and travelled to sixty-two. Her interest in the immigrant experience inspired a series using her trapunto painting technique. Haitians Waiting At Guantanamo Bay (1994) depicts the hopeful wait behind barbed wires, leaving behind empty skiffs and a town with sunlit skies and palm trees. During this time, Abad also created Contemplating Flor (1995) and Filipinas in Hong Kong (1995). You Have to Blend in Before You Stand Out (1995) is a large trapunto of a woman dressed in a sarong that matches a Yankees baseball cap and Bulls basketball jersey, illustrating the internal struggle that immigrants and their families experience when integrating into a new society. Abad herself became a naturalised US citizen twenty-four years after arriving in the US.
This is the first time the work of Pacita Abad is presented at Biennale Arte.
—Joselina Cruz
ARAVANI ART PROJECT
Bangalore, Inde, 2016. Vit à Bangalore
Aravani Art Project est un collectif composé de femmes cis et transgenres dont l’objectif est de répandre la positivité et l’espoir au sein de leurs communautés par le biais de peintures murales commandées. La peinture murale commandée pour la Biennale de Venise met en relation des représentations de corps transgenres et de la nature, avec un clin d’œil aux processus de transition, de dysphorie et d’acceptation que connaissent les personnes transgenres lorsqu’elles reconnaissent leur identité. Tout en dénaturalisant les constructions de genre, leur travail s’interroge sur les normes dominantes et sur le fait que la dysphorie de genre est un sentiment d’être étranger dans son propre corps, ainsi que sur la manière dont ils surmontent cet obstacle. À l’aide de couleurs vives et d’images aux multiples facettes, le récit montre les différentes possibilités qui s’offrent aux personnes transgenres, au-delà des stéréotypes étroits perpétués par la société. En ce sens, la couleur est un élément crucial de leur travail, à la fois en écho à leurs origines indiennes – où les couleurs vives apparaissent dans les vêtements, les épices et l’architecture – et en amplification des couleurs des drapeaux LGBTQI+ et trans qui apparaissent fréquemment dans leur travail et résonnent comme une diversité parmi les gens.
C’est la première fois que le travail d’Aravani Art Project est présenté à la Biennale Arte.
-Leandro Muniz
ARAVANI ART PROJECT
Bangalore, India, 2016. Lives in Bangalore.
Aravani Art Project is a collective composed of cis and transgender women with the aim of spreading positivity and hope to their communities through their commissioned mural paintings. Their commissioned mural for the Venice Biennale relates representations of trans bodies and nature, with a nod to the processes of transition, dysphoria, and acceptance that trans people experience when acknowledging their identities. While denaturalising gender constructions, their work queries the dominant norms and how gender dysphoria is a feeling of being a foreigner in one’s own body, along with how they overcome this obstacle. Using bright colours and multifaceted images, the narrative shows the different possibilities trans people should have, beyond the narrow stereotypes perpetrated by society. In this sense, colour is a crucial element of their work, both echoing their Indian background – where bright colour appears in clothing, spices, and architecture – as well as an amplification of the colours of the LGBTQI+ and trans flags that frequently appear in their work and resonate diversity among people.
This is the first time the work of Aravani Art Project is presented at Biennale Arte.
—Leandro Muniz
ISAAC CHONG WAI
Hong Kong, Chine, 1990. Vit à Berlin, en Allemagne, et à Hong Kong
Isaac Chong Wai mène des recherches autour de la performance, de la danse, de la vidéo et de la création d’objets à l’aide de divers médias. Dans Falling Reversely (2021-2024), Chong Wai approfondit ses recherches sur les actes de violence commis non seulement à l’encontre des nombreuses communautés de migrants asiatiques – et en particulier celles d’origine chinoise – en Europe et à l’étranger, mais aussi sur les attaques perpétrées contre des personnes homosexuelles. Prenant comme point de départ l’agression de Chong Wai près d’un échafaudage, l’installation a un caractère sculptural qui fait référence à la construction civile. À sa structure est attachée une série de vidéos montrant l’artiste et un groupe de danseurs réagissant à l’acte d’un corps tombant devant une communauté. Comment réagissez-vous à cette chute ? Serait-il possible de la prévenir ou au moins d’essayer d’amortir la chute pour réduire la douleur physique ? Entre la chorégraphie et l’acte spontané, Chong Wai suggère que l’individuel et le collectif se mélangent dans un même mouvement. Nous, spectateurs, sommes aussi des agents capables à la fois d’éviter de futures chutes et de désirer les soins de nos amis.
C’est la première fois que le travail d’Isaac Chong Wai est présenté à la Biennale Arte.
-Raphaël Fonseca
ISAAC CHONG WAI
Hong Kong, China, 1990. Lives in Berlin, Germany and Hong Kong
Isaac Chong Wai delves into research around performance, dance, video, and creating objects with diverse media. In Falling Reversely (2021–2024) Chong Wai deepens his research into acts of violence committed not only against the many Asian migrant communities – and especially those of Chinese descent – in Europe and abroad, but also in attacks made against queer individuals. Taking as its starting point an attack made on Chong Wai near a scaffold, the installation has a sculptural character that refers to civil construction. Attached to its structure is a series of videos showing the artist and a group of dancers reacting to the act of a body falling in front of a community. How do you respond to this fall? Would it be possible to prevent it or at least try to break the fall to reduce the physical pain? Between the choreography and the spontaneous act, Chong Wai suggests that the individual and the collective mix in a single movement. We, as spectators, are also agents capable of both avoiding future falls and longing for the care of our friends.
This is the first time the work of Isaac Chong Wai is presented at Biennale Arte.
—Raphael Fonseca
CHARMAINE POH
Singapour, 1990. Vit à Berlin (Allemagne) et à Singapour
Charmaine Poh est une artiste, documentariste et écrivaine qui se penche sur des histoires centrées sur les expériences féministes et queer asiatiques, naviguant dans les questions de normes de genre, de dynamique de la parenté et de création d’un monde queer. La série documentaire hybride de Poh, Kin (2021), se penche sur la vie domestique queer à Singapour. Elle met en lumière les dissonances vécues par les personnes queer, dont le désir de vivre et de s’épanouir est limité par l’idéalisation des familles nucléaires hétérosexuelles par la société. Dans Kin, trois jeunes homosexuels envisagent les notions de foyer et de famille choisie, où l’accès au logement public dépend de la définition hétérosexuelle du mariage. Avec What’s softest in the world rushes and runs over what’s hardest in the world (2024), Poh examine les difficultés rencontrées par les parents homosexuels pour élever leurs enfants alors que leur famille n’a pas de légitimité légale aux yeux de l’État. En 2022, le Parlement de Singapour a abrogé l’article 377a, une loi datant de l’époque coloniale qui criminalisait les relations sexuelles entre hommes, tout en consacrant la définition du mariage, réduisant à néant les efforts futurs visant à établir l’égalité des droits matrimoniaux pour les personnes LGBTQIA+. Entremêlant des lettres personnelles de parents homosexuels et des pratiques intergénérationnelles de soins, le film envisage la vie domestique homosexuelle – à la fois banale, fantastique et complexe – comme un lieu de potentiel pour des formes alternatives de communauté. La parenté queer devient un horizon ouvert de possibilités relationnelles qui dépasse les ordres hétéronormatifs de l’intimité, du désir, des soins et de la reproduction.
C’est la première fois que le travail de Charmaine Poh est présenté à la Biennale Arte.
-Joleen Loh
CHARMAINE POH
Singapore, 1990. Lives in Berlin, Germany and Singapore
Charmaine Poh is an artist, documentarian, and writer who delves into stories centred on Asian feminist and queer experiences, navigating questions of gender norms, kinship dynamics, and queer worldmaking. Poh’s hybrid documentary series Kin (2021) delves into queer domestic life in Singapore. She highlights the dissonances experienced by queer people, whose desire to live and thrive is circumscribed by society’s idealisation of heterosexual nuclear families. In Kin, three young queer individuals contemplate notions of home and chosen family, where access to public housing hinges on heterosexual definitions of marriage. With What’s softest in the world rushes and runs over what’s hardest in the world (2024), Poh examines the struggles of queer parents in raising children when their family lacks legal legitimacy in the eyes of the state. In 2022, Singapore’s Parliament repealed Section 377a, a colonial-era law criminalising sex between men, while simultaneously entrenching the definition of marriage, quashing future efforts to establish equal marital rights for LGBTQIA+ people. Interweaving personal letters from queer parents with intergenerational practices of caregiving, the film envisions queer domestic home life – simultaneously mundane, fantastic, and complex – as a site of potential for alternative forms of community. Queer kinship becomes an open-ended horizon of relational possibilities that points beyond heteronormative orderings of intimacy, desire, care, and reproduction.
This is the first time the work of Charmaine Poh is presented at Biennale Arte.
—Joleen Loh
XIYADIE
Province de Shaanxi, Chine, 1963. Vit dans la province de Shandong, Chine
Xiyadie, père de famille, agriculteur, homosexuel, travailleur migrant et artiste, crée des papiers découpés intimement élaborés qui documentent l’évolution de la vie homosexuelle en Chine depuis les années 1980. Bien que les papiers découpés de Xiyadie depuis la première décennie du XXIe siècle présentent des scènes d’amour homosexuel situées dans des lieux de drague qu’il a découverts à son arrivée à Pékin en 2005, ses œuvres antérieures se déroulent principalement dans des espaces intérieurs. Dans Sewn (1999), Xiyadie décrit sa difficulté à accepter sa sexualité alors qu’il est prisonnier d’un mariage hétérosexuel. Son tronc jaune pend d’une jambe tandis qu’il coud son pénis à l’aide d’une grosse aiguille et d’un fil fait de sperme et de sang. Niché dans un petit intérieur dominé par une porte et un toit chinois traditionnels, Xiyadie regarde une photo de son premier petit ami, un accompagnateur de train nommé Minghui. La douleur et l’impuissance sont suggérées par la lame tranchante qui transperce sa jambe, tandis qu’un grand serpent qui se faufile à l’intérieur de lui représente son désir irrépressible. De manière significative, l’aiguille que Xiyadie utilise pour se recoudre perfore également le toit du bâtiment, suggérant un progrès vers la libération de la tradition et de la pression familiale.
C’est la première fois que le travail de Xiyadie est présenté à la Biennale Arte.
-Rosario Güiraldes
XIYADIE
Shaanxi Province, China, 1963. Lives in Shandong Province, China
Xiyadie, a father, farmer, gay man, migrant worker, and artist, creates intimately crafted paper cuts that document the evolution of queer life in China since the 1980s. Though Xiyadie’s paper cuts since the first decade of the twenty-first century feature queer love scenes situated in cruising sites that he discovered upon arriving in Beijing in 2005, his earlier works are set mostly within interior spaces. In Sewn (1999), Xiyadie describes his difficulty in accepting his sexuality while trapped in a heterosexual marriage. His yellow trunks hang from one leg as he sews his penis tight with a large needle and thread made of semen and blood. Tucked inside a small interior dominated by a traditional Chinese door and roof, Xiyadie looks at a photo of his first boyfriend, a train attendant named Minghui. Pain and helplessness are suggested by the sharp blade piercing his leg, while a large snake slithering inside him represents his irrepressible desire. Significantly, the needle Xiyadie uses to sew himself up is also perforating the roof of the building, suggesting progress towards breaking free from tradition and family pressure.
This is the first time the work of Xiyadie is presented at Biennale Arte.
—Rosario Güiraldes
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