FOCUS – LOOKING BACK ON THE KING OF KOWLOON

Retour sur le Roi de Kowloon, Tsang Tsou-Choi, et sa portée sur la culture Hongkongaise.

Looking back on the King of Kowloon, Tsang Tsou-Choi, and his significance in Hong Kong culture.

By Amandine Vabre Chau

Tsang Tsou-Choi, (King of Kowloon) -Marker on Rice Paper – 18 1/2 × 29 1/2 in | 47 × 75 cm – 2004-2006 – L+/ Lucie Chang Fine Arts -Artsy

English version below

Un Roi en devenir

Connu sous le nom de « Roi de Kowloon », ce personnage Hongkongais a été, et est toujours, une source de débats pour de nombreuses personnes. Né en 1921, Tsang Tsou-Choi était éboueur puis est devenu artiste malgré lui, avant de se hisser au rang de symbole de résistance nationale. Actuellement exposé au musée M+ de Hong Kong, il a acquis son titre en se baptisant lui-même roi de la péninsule de Kowloon, à Hong Kong. La plupart s’accordent à dire qu’il avait des troubles mentaux, d’autres l’ont jugé lucide et simplement doté d’une grande inventivité.    

La légende est la suivante : Tsang devait être souverain de cette région puisqu’un empereur chinois avait fait don de sa souveraineté à l’un de ses ancêtres. Au départ, celui-ci ne revendiquait que la péninsule, mais bientôt, l’entièreté de Hong Kong fut concernée. Différents récits ayant été récoltés sur son origine, personne ne sait réellement comment cette idée lui est parvenue. L’un d’entre eux affirmait qu’il aurait découvert des documents familiaux attestant des droits de propriété de son clan ancestral sur le territoire, un autre déclarait son accident, qui le rendit handicapé, comme cause première. Sa famille s’est tenue à l’écart des projecteurs, ce qui entraîna toute confirmation difficile, et les autorités n’ont jamais reconnu ses affirmations. Rien de tout cela n’a empêché notre icône de manifester son obsession, qui fit de lui l’un des artistes Hongkongais les plus prisés et le premier à représenter la région administrative spéciale1 à la Biennale de Venise en 2003, avant son décès en 2007.  

Peeling paint reveals Tsang Tsou-Choi (King of Kowloon) intervention at Boundary Street, Hong Kong – © Amandine Vabre Chau

Une histoire de résistance inhabituelle   

Tsang lança sa campagne à l’âge de 35 ans, comme tous bons rois font lorsque leur territoire leur est volé : en déclarant guerre. La calligraphie fut son arme de prédilection et la ville, sa cible. Au milieu des années 50, armé d’un pinceau en poils de loup, il commença à écrire dans les espaces publics. Il s’agissait principalement de murs, piliers, de boîtes électriques, de lampadaires et de diverses structures appartenant à l’État. Il choisissait ses proies avec soin en ne se focalisant que sur des édifices appartenant à la Couronne, lorsque Hong Kong était encore une colonie britannique, puis ceux appartenant au gouvernement, lorsque la ville fut restituée à la Chine en 1997. Ni les autorités, ni le public n’ont jamais considéré son travail comme de l’art, du moins au début. Le gouvernement le classait, à juste titre, de vandalisme et de graffiti, voire d’écriture à l’encre s’il était d’humeur conciliante.  

N’ayant fréquenté l’école que pendant deux ans, les caractères chinois de Tsang étaient irréguliers et parfois erronés, cependant jamais hésitants. Au contraire, ils étaient imposants, larges, visibles et absolument impossibles à ignorer. Avec environ 55 845 œuvres dans des espaces publics, il réussit à construire une ville à son image. Témoins de ses efforts, ses sujets l’ont vu jouer un magistral jeu de cache-cache graphique avec le régime. Chaque fois qu’une de ses nouvelles créations était effacée par des agents de propreté publique, il revenait pour recouvrir à nouveau toute la surface. S’apparentant presque à une performance urbaine dans laquelle les autorités furent involontairement participantes, Tsang Tsou-Choi se montrait inflexible face à la suppression de son travail. Déterminé à se faire entendre, il écrivait toutes les 21 générations de sa lignée pour expliquer à qui les gouvernements -britannique et chinois- avaient volé. Il ajoutait son nom, des chiffres, des dates importantes ainsi que ses opinions très tranchées et enthousiastes telles que « Fuck the Queen ». Il demandait également aux gens de l’appeler « Votre Majesté » et réclamait parfois des taxes foncières aux pouvoirs en place.  
Il a bien sûr été arrêté à plusieurs reprises et fut même interné dans un service psychiatrique pendant un bon moment, mais il en faudrait bien plus pour décourager notre protagoniste. Une fois libéré, il continua son périple jusqu’en 2004, date à laquelle il fut placé dans une maison de retraite. Grâce à son travail acharné, il est parvenu à s’ancrer dans la culture visuelle de la ville et est devenu une figure centrale associée à Hong Kong, puis bientôt, à son insu, l’identité nationale. 

Les Hongkongais.e.s commencèrent à se prendre d’affection pour le roi. Si ce n’est pour son talent contestable alors pour son impressionnante audace. Une histoire tantôt comique, tantôt inspirante. Un homme ordinaire mais aventureux, qui décida contre toutes attentes de défier deux superpuissances mondiales, et ce, tous les jours jusqu’à la fin de sa vie. Il le fit sans discrétion et exhiba une éruption inconventionnelle, erratique et surprenante de provocation enfantine. Fallait-il vraiment une personne dont la rationalité est mise en question pour contester l’ordre établi ?  Il est apparu tel un phénomène organique résultant des enjeux sociopolitiques majeurs à Hong Kong. S’il fallait faire face à une situation irrationnelle et absurde, il était logique qu’un résultat irrationnel et absurde prenne vie. La plus improbable des icônes, un produit de son environnement. Si la souveraineté, l’empire, la nation et l’identité étaient toujours remis en cause à Hong Kong, Tsang défendit ses positions en se déclarant souverain, neutralisant et absorbant tous ces termes. À la Chine ou à l’Angleterre, il dit non. À colonie ou empire, il choisit la localité. À Artiste ou Fou, il se proclama Roi.  

Remaining traces of Tsang Tsou-Choi’s intervention on Electric Box, Choi Hung, Academy of Arts, Hong Kong – © Amandine Vabre Chau

Contexte politique et social  

Nous pourrions dire que nous arrivons au moment où l’autrice d’un article se met à psychanalyser une personne qu’elle n’a jamais connue et déverse un jugement politique dans son article qui devrait être neutre. Malheureusement la neutralité est un privilège que je ne pourrai pas vous accorder. En tant qu’écrivaine obsessive de la diaspora Hongkongaise, je ne peux que témoigner de la situation de folie incompréhensible dans laquelle se trouve mon pays d’origine. Ce qui explique peut-être la naissance d’un héros incompréhensiblement fou. Hong Kong a été transmise de la Chine à la Grande-Bretagne, puis de nouveau à la Chine, en vertu d’un accord signé par les deux parties, sous la contrainte pour la Chine, sans que les Hongkongais.e.s aient été consulté.e.s. L’Angleterre, avide de thé et de porcelaine, exigeait de la Chine qu’elle cède une partie de son territoire pour le commerce, sous peine d’être envahie. Lorsque la métropole fut restituée en 1997, comme le prévoyait l’accord, les puissances dirigeantes ont mis en place le principe d’ « un pays, deux systèmes ». Ce principe constitutionnel stipule que Hong Kong doit rester inchangé pendant 50 ans, jusqu’en 2047, en conservant ses propres lois et son propre système, ceux-ci développés sous l’empire britannique. Suite à quoi, le territoire sera entièrement intégré à la Chine. Le compte à rebours pour la fin de ce purgatoire fut ainsi lancé. Un sentiment d’inconfort et d’effroi grandissait, avec une montée croissante d’apatridie ou d’identité volée, une ville-pays-colonie dans les limbes. Pour simplifier le clivage en 1997 : d’un côté, certain.e.s ressentaient une nostalgie coloniale pour un soi-disant meilleur dirigeant qui avait donné une valeur capitaliste au territoire et avait d’une certaine façon amélioré le mode de vie local ; de l’autre, il y avait les patriotes qui se souvenaient très clairement de l’humiliation que la Chine avait subie pendant un siècle aux mains des colonisateurs européens et qui étaient donc reconnaissant.e.s de retourner vers la mère patrie. Enfin, il y a celleux qui ont grandi pendant cette période, lorsque Hong Kong a développé sa propre culture et ses propres traditions. Certain.e.s ont refusé la logique binaire, d’autres ont tiré la sonnette d’alarme en observant l’évolution rapide de la Chine et ses bouleversements violents, certain.e.s ont exigé la citoyenneté britannique, d’autres savaient que la Grande-Bretagne ne laisserait jamais ceci se faire. D’autres ont protégé leurs intérêts, certain.e.s ont fui, d’autres encore se sont battus pour leur identité locale en plein essor. Je ne peux vous donner une image complète et compréhensible de tous les concerné.e.s à cette époque. Je peux seulement souligner à quel point il est important de ne pas céder à des schémas binaires, d’autant plus que ceux-ci sont encore contestés aujourd’hui.    

Il y a eu des conseillers Hongkongais pendant la domination britannique qui ont fait leur possible pour le bien commun de la population. Ils participaient à la logistique périphérique du gouvernement, sans bénéficier d’un statut officiel, et étaient appelés les « Unofficials » (non-officiels). Ce titre démontre, pour le moins, le peu de considération que l’organe gouvernemental accordait à ces professionnels. Cependant, ils n’étaient pas sans pouvoir et les gouverneurs contredisaient rarement leurs recommandations. En somme, je mentionne cela pour éviter l’image d’un peuple impuissant. Le peuple n’est jamais impuissant et trouve toujours un moyen de passer à travers les fissures d’un système supposément étanche.  

Avec ce contexte, j’espère que l’importance de Tsang Tsou-Choi apparaît plus claire. Il a physiquement récupéré les propriétés du peuple. Il était le premier occupant avant que le mouvement des parapluies n’apparaisse à Hong Kong2. Bien que de manière inconsciente, il a réussi à se faufiler à travers les fissures du système et à élargir la fracture en mettant en lumière les échecs de notre gouvernement. Il a enrichi notre conception de l’art, s’est engagé dans des espaces publiques aux yeux de tous, a développé notre définition de la résistance avec un sens invraisemblable, presque juvénile, d’insubordination. À l’heure où les promoteurs immobiliers déferlaient sur la ville en faisant grimper les prix, il était un point d’ancrage permanent, une démonstration continue de la nécessité de reprendre possession de nos biens. Alors que les agriculteur.rice.s se faisaient expulsé.e.s pour des projets de reconstruction, il était un cultivateur acharné de notre territoire commun. À l’instar d’un agriculteur plantant une graine pour nourrir son sol, le roi a incrusté son encre dans notre paysage urbain, alimentant son royaume.   

Sa pratique artistique, sa symbolique et son devenir 

Notre conception de l’art semble être réévaluée de temps à autre, comme il se doit. Si notre définition de cette pratique devait rester inchangée, le monde de l’art ne serait jamais plus que ce qu’il est actuellement. C’est une perte, une approche contraignante, restrictive et régressive d’une activité fondamentalement humaine. Comme toutes pratiques humaines, elle est appelée à changer, à se transformer et à s’adapter. C’est pourquoi la calligraphie de Tsang est devenue un élément important de la culture visuelle de Hong Kong. Elle est apparue à un moment précis, avec une approche et une méthode spécifique répondant à son environnement.   
Son travail était visuellement entreprenant, insolite voire étrange. Inadéquat selon les normes traditionnelles de la calligraphie, imprécis dans son exécution. Pourtant, ses caractères carrés empilés les uns sur les autres, envahissaient chaque surface avec une envie, un désespoir presque maniaque, un besoin d’occuper tous les espaces vierges disponibles.   
Tsang ne manquait pas de bon sens, il savait que la calligraphie était un art d’empereur et se prit à cœur de perpétuer cette tradition en se l’appropriant. Le roi prenait soin de placer ses caractères sous forme de structure quadrillée pour nous permettre de les lire de haut en bas, de droite à gauche, c’est-à-dire à la manière traditionnelle chinoise. Il était beaucoup moins désorganisé qu’on ne pourrait le croire. Il calculait la taille de ses mots, créant un motif qui s’inscrivait dans le cadre de son choix. Il configurait de nouvelles formes à l’intérieur de celles qui se formaient déjà sous ses yeux, agrandissant soudainement un caractère pour occuper l’espace de cinq autres, formant ainsi un bloc à l’intérieur d’un autre, attirant notre attention sur ce dernier. Ce bloc laissait presque toujours apparaître « Roi ». En plaçant sa signature au premier plan, vous deviez savoir qui était passé par là. Sous son nom figuraient souvent ceux de sa famille, de sa femme et de ses enfants. De temps en temps, ses mots se pressaient les uns contre les autres, chacun essayant de se faire une place, comme une vague vivante se heurtant à une autre. Une autopollinisation se multipliant à certains endroits, où ses mots semblaient se précipiter pour s’envahir, culminant dans une bataille pour la domination visuelle. Le public qui lisait ses décrets était familier avec son contenu, le plus souvent constant, se faisant ainsi un devoir de lire l’ensemble de la pièce et, si nécessaire, la décrypter lorsqu’elle était trop enchevêtrée en elle-même.   

Ce décodage était toujours pertinent même après l’effacement de son travail : pouvant discerner les résidus d’encre, la foule s’arrêtait parfois devant une œuvre recouverte pour essayer d’en lire les traces. Malheureusement, sur les 55 845 ouvrages, il n’en reste plus que trois encore visibles dans l’espace public. Quelques-uns ont été retirés et placés dans des musées mais la plupart sont perdus, recouverts sous d’épaisses couches d’enduit. Certains objets qu’il a peints à la demande sont aussi présentés dans diverses institutions. En effet, durant ses dernières années de vie, de plus en plus de personnes se sont intéressées à son travail. Sachant que les piliers et murs ne peuvent pas être facilement transportés pour être revendus sur le marché, certain.e.s lui ont donné des bouteilles, tee-shirts, et autres articles à décorer.    
Nombre de créateur.rice.s de mode, directeur.rice.s artistiques, décorateur.rice.s d’intérieur et curateur.rice.s l’ont alors rencontré ou encore se sont inspiré.e.s de lui. Sa calligraphie fut bientôt retrouvée sur divers produits, il fut invité à figurer dans des films et même à paraître dans une publicité de Swipe Clean (un geste ingénieux de la part de la société d’annoncer leur produit de nettoyage avec un artiste travaillant avec l’encre).  
À juste titre, le public a exprimé des doutes quant à l’éthique d’introduire une personne ayant des troubles mentaux dans un écosystème mercantile sans scrupules pour commercialiser son art. On pourrait aussi s’interroger sur la pertinence de lui faire écrire sur des objets alors que son but était de démontrer sa souveraineté sur les terres volées avec des œuvres massives dans l’espace public. Vous étiez censé les voir dans votre vie quotidienne comme preuves de sa perte. Plus important encore, Tsang ne s’est jamais considéré comme artiste. Il avait à maintes reprises clarifié sa position, soit son statut de Roi lésé. Peut-être alors, même cet article est inapproprié. Après tout, ne serait-il pas déraisonnable de transformer une personne, vivante ou non, en un symbole qu’elle n’a jamais revendiqué ? Ne serait-ce pas les déshumaniser que de les réduire à une histoire simpliste au service d’un jugement social ? Ne serait-ce pas édulcorer leur existence complexe au profit d’un récit novateur ? Il a été mis sous les feux de la rampe, et nous avons été ravi.e.s de constater un phénomène inhabituel sans questionner la légitimité de cette propulsion. 

Le professeur, critique culturel et chercheur de renom Ackbar Abbas a expliqué que Hong Kong est enracinée dans « une culture de disparition dont l’apparence est posée sur l’immanence de sa disparition ». Dans une ville entravée par des logements inabordables, une pression sociale accompagnée de tension politique, un système de santé dysfonctionnel, la pollution et le manque d’espace ; Tsang-Tsou Choi fut un homme ordinaire qui parvint à réaliser l’extraordinaire, ce pourquoi il fut mémorisé. Avec tous ses défauts et sa perplexité, contre toute attente et même contre sa volonté, il a offert un aperçu de ce que l’irrationalité de notre monde pouvait accomplir. Il a été la preuve qu’une voie de résilience non-habituelle pouvait mener à d’innombrables nouvelles possibilités. Il a résisté à son effacement à maintes reprises, défiant sa suppression pendant des décennies alors que nous étions piégés dans un cycle sans fin de dissolution et de révocation culturelle. Les Hongkongais.e.s ont continuellement combattu pour leur émergence. Peu importe si le roi ou son héritage étaient considérés comme risibles ou étranges. Il importait qu’il ait eu un rare courage et le témoignait chaque jour en inscrivant sa présence sur les os de la ville en refusant de disparaître, qu’importe le nombre de tentatives d’effacement. Il témoignait de sa perte et à travers lui, nous témoignions de notre désir de reprendre possession de la ville. 

Notes :

1 Hong Kong a été une colonie britannique de 1841 à 1997, date à laquelle elle a été restituée à la Chine. Le principe « un pays, deux systèmes » fut appliqué, faisant de Hong Kong une région administrative spéciale dotée de ses propres lois. Cela a donné au territoire un statut semi-indépendant qui doit être maintenu pendant 50 ans, jusqu’en 2047. Hong Kong sera alors entièrement intégrée à la Chine continentale.

2 Le mouvement des parapluies est un mouvement politique qui s’est déroulé à Hong Kong en 2014 et qui a culminé en une occupation de la ville pendant 79 jours afin de réclamer un véritable suffrage universel.

Untitled 2003 – Tsang Tsou-Choi – Ink on paper mounted on board, 77.6 x 108.5 cm – Ota Fine Arts – Ota Fine Arts Tokyo 2019 King of Kowloon

A King in the making

Known as the « King of Kowloon », this Hong Kong figure was, and still is, conflicting for many people. Born in 1921, Tsang Tsou-Choi was a garbage collector turned artist against his will, before becoming a national symbol of resistance. Currently exhibited at the M+ museum in Hong Kong, he earned his title by baptising himself the rightful king of the Hong Kong Kowloon peninsula. Most agreed on him having mental health issues, a few others believed him lucid enough and merely highly inventive.  

The story goes: Tsang was to be monarch of this land as one of his ancestors received it as a gift from a Chinese Emperor. At first referring to the peninsula only, soon the entirety of Hong Kong was supposedly under his rule. No one knows for sure how he came to this idea, as there have been many different reports of its origins. One of these states that he found family documents testifying his ancestral clan’s ownership over the territory, another says it was due to his accident, which rendered him disabled. His family stayed out of the spotlight making it difficult to confirm anything, and officials never recognised his claims. None of this stopped the cultural icon from manifesting his obsession which would make him one of the most expensive Hong Kong artists and the first one to represent the Special Administrative Region1 at the Venice Biennale in 2003 before he passed away in 2007. 

Tsang Tsou-Choi (King of Kowloon) preserved work on lamppost, Pink Shek Estate, Hong Kong © Amandine Vabre Chau

An unexpected tale of defiance 

He began his campaign at 35 years old, starting as all good Kings do when land is stolen from them: by declaring war. Calligraphy was Tsang’s weapon of choice and the city was his canvas. In the mid-50s, armed with a wolf-hair brush, he began writing in public spaces. Mostly walls, pillars, electricity boxes, lampposts and various government-owned structures. Indeed, he picked carefully by only targeting crown land, when Hong Kong was a British Colony, then government land, when it returned to China in 1997. Authorities never considered his work art (neither did the public at first) and called it vandalism. Admittedly, they weren’t wrong. At other times they named it graffiti, and if they were in an accommodating mood, ink writing.  

Having attended school for only two years, his not-so-correct Chinese characters were irregular and occasionally erroneous but never hesitant. Instead, they were imposing, big, visible and absolutely impossible to ignore. With an estimated 55 845 works in public spaces, he managed to build a city in his own image. Bearing witness to his endeavours, his subjects saw him play a masterful game of graphic hide and seek with the government. Each time one of his new creations was painted over by government cleaners, he would come back to cover the entire surface again. Almost akin to a city-wide performance in which the regime was unwittingly co-participant, Tsang Tsou-Choi was unyielding when confronted with the erasure of his work. Determined to be heard and have the world witness his loss, he would write all 21 generations of his lineage to explicit who the British and Chinese governments stole from. Adding his name, numbers, significant dates along with strongly worded opinions of his such as “Fuck the Queen”, he would also ask people to refer to him as “Your Majesty” and occasionally ask the ruling powers, which he called imposters, to pay him land taxes. 
He had of course been arrested a few times and even internalised in a psychiatric ward but it would take much more to discourage our protagonist. Upon release, he would continue and carry on until 2004 when he was sent to an old people’s home. Through his relentless enterprise, decade after decade, he managed to become a household name. A pivotal figure associated with Hong Kong and soon, unbeknownst to him, nationhood.  

Hong Kongers began to slowly but surely take a liking to the King. If not for his debatable talent, at least for his sheer audacity. A comical tale at times, an awe inspiring one at others. A man, bold and reckless, somehow decided to challenge two global superpowers every day for the rest of his life. Furthermore, he did so without being discreet and chose an unconventional, erratic, surprising and fantastical eruption of childlike defiance instead. He dared when daring seemed like a farfetched idea people could not fathom. Perhaps then, it truly takes someone whose sanity is questioned to contest the ruling order. It appeared as if he was an organic byproduct of the larger socio-political issues in Hong Kong. If there was an irrational and absurd situation to deal with, it was only logical an irrational and absurd result would come to life. The most unlikely of icons, a product of its environment. If sovereignty, empire, nationhood and identity were always thrown into question in Hong Kong, he would hold ground to all these claims, declaring himself ruler and neutralising them all at once. To either China or Britain, he said neither. To Colony or Empire, he said locality. To artist or fool, he said King.  

TsangTsou-Choi (King of Kowloon), preserved work on pillar, Tsim Sha Tsui Pier, Hong Kong – © Amandine Vabre Chau

Political context and social background 

Now this might be when the author of an article starts psychoanalysing a person they have never met and pours political judgment into their should-be neutral piece. Unfortunately, neutrality is a privilege I am unable to give you. As an obsessive Hong Kong diasporic writer, I can only testify of the utterly incomprehensible madness my home country has gone through. Which perhaps explains how an incomprehensibly mad hero came along. Hong Kong was passed on from China to Britain and back to China again under a coerced agreement signed by both parties where Hong Kongers were not consulted. Britain, hungry for tea and porcelain, required China to cede part of its territory for trade unless they were to face invasion. When the metropolis was returned to China in 1997, as the former agreement stated, the ruling powers agreed on the “One Country, Two System” principle. A constitutional principle declaring that Hong Kong was to remain unchanged for 50 years, continuing with its own laws and system developed under the British empire, until 2047 when it will be returned to China in full. This effectively activated a countdown until the end of this purgatory. A feeling of discomfort and dread was growing, a rising sense of a stateless or stolen identity, a limbo city-country-colony. To simplify the divide in 1997: on one hand some had colonial nostalgia for a supposed better ruler who gave capitalistic value to the territory and arguably improved the local lifestyle; on the other were patriots who remembered very clearly the century long humiliation China endured at the hands of European colonisers and were therefore grateful to return to the motherland. Then, there were those who grew up in this period, when Hong Kong developed its own culture and traditions. Some refused the either/or logic, others sounded alarm bells when observing the rapidly changing landscape in China with its violent upheavals, some demanded British citizenship, a few knowing Britain would never let this happen, others protected their interests, some fled, some fought for their growing local identity. I can’t give you a comprehensive picture of everyone during that time, I can only stress how important it is to not yield to binaries, especially as these are still contested today.  

There had been Hong Konger advisers during British rule who truly tried their best for the common good of the people. They participated in the peripheral government logistics, without being allowed an official status, and were called the “Unofficials”. The title demonstrating, to put it mildly, the lack of consideration the colonial government allocated to these professionals. However, they were not without power and governors usually did not act against their recommendations. All in all, I am mentioning this so we do not get an image of a powerless people. People are never powerless, and always find a way to slip through the cracks of a supposedly watertight system.  

With this context, I hope the significance of Tsang Tsou-Choi can appear clearer. He physically reclaimed the properties of the people, he was an original occupier before social unrest in Hong Kong brought us the Umbrella Movement2. He managed to slip through the cracks and widen the fracture, bringing light to the failures of our government, even if unconsciously. Developing our conception of art, engaging in public spaces, broadening our definition of resistance with an implausible, almost juvenile, sense of insubordination. As property developers swept through the city skyrocketing prices, he was a permanent anchor, a continued demonstration of the need to repossess. As land farmers were fewer and fewer due to evictions for large-scale housing projects, he was a relentless cultivator of our common territory. Like a farmer would plant a seed and nurture their soil, the King embedded his ink into our cityscape, fostering his kingdom.  

Artistic practice, its symbolic and its becoming 

Our conception of art seems to be reevaluated every now and then, as it should. If our interpretation of this practice was to remain unchanged, the art world would never be more than what it is currently. This would lead to great loss, it would be a constraining, restrictive and regressive approach to a fundamentally human activity. As with all human practices, it is bound to change, move and adapt. This is why Tsang’s calligraphy came to be an important part of Hong Kong visual culture. It emerged at a specific time, with a specific approach and method responsive to his environment.  
His work was visually bold, incorrect by traditional calligraphy standards, imprecise in its execution; yet his squared characters stacked on top of each other invaded every surface with an urge, an almost manic desperation, a need to occupy every blank space available.  
He wasn’t senseless, by all means, he knew calligraphy was an Emperor’s art and took it to heart to continue this tradition, but only by making it his own. The King was careful to place his characters in a grid-like structure to read from top to bottom, right to left, meaning the correct traditional Chinese way. He was much less disorganised than we might think. He calculated the size of his words, creating a pattern to fit within the frame of his choice. He would build new structures within the one already forming before his eyes, suddenly enlarging a character to take up the space of 5 and forming a block within a block, drawing your attention to it. This block, almost always read “King”. Placing his signature front and center, you were to know who passed by and who was speaking. Under his name would often be those of his family, his wife and children. Occasionally his words would squeeze between themselves, trying to make way for one another, similar to a living wave crashing into a different one. A self-pollination multiplying at certain places, where his words seemed to invade others, culminating in a battle for visual domination. The audience reading his decrees was familiar with its content, mostly constant, making it a point to read the entire piece and if needed, decipher it when too enmeshed within itself.  

This decoding was still relevant after his work was erased, the public being able to notice ink residuals. They would stop by an old and covered painting to try and read its remaining traces. Unfortunately, out of the 55 845 works, only three survived in public spaces. A few have been transported to museums along with some objects he painted on after people asked him to. Indeed, in his final years more and more individuals got interested in his work and as pillars and walls are difficultly removed to sell on the market, some gave him bottles, tee-shirts, and other items to write on.   
Fashion designers, art directors, interior decorators and curators either directly met with him or got inspiration from him. His calligraphy was soon found on various commodities, he was featured in movies and even appeared on a Swipe Clean commercial (an ingenious move on the company’s part to advertise their cleaning product with an ink painter). 

Rightfully so, the public expressed ethical concerns about stringing along a person with mental health issues in an unscrupulous commercial ecosystem to merchandise his art. We could also question the relevance of having him write on these objects when his purpose was to demonstrate his dominion over stolen land with massive works in public spaces. You were supposed to see them in your everyday life as the evidence of his loss. More significantly, was the fact that Tsang never considered himself an artist. He had clarified his stance on numerous occasions, maintaining his status as a wronged King. Perhaps then, even this article is out of place. After all, would it ever be right to turn a living, breathing, person into a symbol they have never claimed? Is turning them into a story dehumanising them and watering down their complex existence?  Somehow, he got thrown into the spotlight and we were overjoyed at the sight of an unusual phenomenon.   

Renowned cultural critic Ackbar Abbas explained that Hong Kong is entrenched in “a culture of disappearance whose appearance is posited on the immanence of its disappearance”. In a city hampered by unaffordable housing, societal pressure, political tension, a dysfunctional health system, pollution and lack of space; Tsang-Tsou Choi spoke to people by being an ordinary man who achieved the extraordinary. With all his flaws and perplexity, against all odds and even against his will, he offered a glimpse of what irrationality in an over-analytical world could do. He was proof of how an off-axis path of resilience could lead to countless new possibilities. He resisted erasure time and again, defying disappearance for decades while we were trapped in a never-ending cycle of dissolution. Hong Kongers continually fought for their emergence and it did not matter if he, or his legacy, was seen as laughable or strange. It mattered that he had the courage of a few and radiated it every day by inscribing his presence onto the bones of the city by saying: I am here, and I am not going anywhere, no matter how many times you try to make me vanish. 

Notes :

1 Hong Kong was a British Colony from 1841 to 1997, when it returned to China. The One Country Two System principle was put in place declaring Hong Kong a Special Administrative Region with its own laws. This gave the territory a semi-independent status that was to be maintained for 50 years, until 2047. Hong Kong will then be fully absorbed into mainland China.

2 The umbrella movement was a 2014 political movement in Hong Kong that culminated in a 79 days occupation of the city to demand true universal suffrage.


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