Selection by Lou Anmella-de Montalembert
Sculpture, photographie, peinture… les expositions proposées par les galeries parisiennes ce printemps invitent à explorer la richesse et la diversité de la création contemporaine asiatique, et à découvrir des artistes originaires du Japon, de Chine, de Taiwan ou encore d’Inde.
Sculpture, photography, painting… this spring, the exhibitions in Paris galleries invite visitors to explore the richness and diversity of contemporary Asian art, and to discover artists from Japan, China, Taiwan and India.
La Galerie Looloolook présente « Dialogue », une exposition duo célébrant la fusion délicate de deux âmes créatives – Michiko Picco, photographe, et Akiko Takebayashi, artiste textile. « Dialogue » évoque bien plus qu’une simple exposition ; c’est une conversation intemporelle entre l’ombre et la lumière, le mouvement et l’immobilité, le tissu et l’image figée. Michiko Picco, originaire d’Osaka et enracinée à Paris depuis plus de deux décennies, saisit l’âme du monde à travers le prisme de son objectif. Ses photographies en noir et blanc, empreintes d’une profondeur émotionnelle, révèlent la symphonie silencieuse de la nature. Son voyage artistique, nourri par les rivières de l’héritage familial, transcende les frontières géographiques pour étreindre l’universalité de l’expérience humaine. À ses côtés, Akiko Takebayashi, tisserande de rêves et magicienne des textures, trouve son inspiration dans la danse éternelle des saisons. Résidente à Paris, elle enveloppe les fils du temps dans des arabesques subtiles, capturant l’éphémère dans les plis de ses créations. Son travail, véritable hymne à la résilience et à la beauté dans la décomposition, révèle une élégance intemporelle qui transcende les limites du temps.
Galerie Looloolook presents « Dialogue », a duo exhibition celebrating the delicate fusion of two creative souls – photographer Michiko Picco and textile artist Akiko Takebayashi. « Dialogue » evokes much more than just an exhibition; it’s a timeless conversation between shadow and light, movement and stillness, fabric and frozen image. Michiko Picco, a native of Osaka who has lived in Paris for over two decades, captures the soul of the world through the prism of her lens. Her black-and-white photographs, imbued with emotional depth, reveal the silent symphony of nature. Her artistic journey, nourished by the rivers of her family heritage, transcends geographical boundaries to embrace the universality of the human experience. At her side, Akiko Takebayashi, weaver of dreams and magician of textures, finds her inspiration in the eternal dance of the seasons. Based in Paris, she wraps the threads of time in subtle arabesques, capturing the ephemeral in the folds of her creations. Her work, a veritable hymn to resilience and beauty in decay, reveals a timeless elegance that transcends the limits of time.
L’exposition « En ondes les instants » présente trois artistes, à savoir An Xiaotong, Julie Navarro et Shi Qi. Le titre, qui s’inspire d’un vers d’un poème de François Cheng, rapproche ces trois trajectoires et positions artistiques différentes. Les œuvres de l’exposition abordent ainsi la question de la transmutation. En alchimie, la transmutation désignait la possibilité de transformer une substance en une autre, voire un élément en un autre. Ici il s’agit de la transmutation des matériaux, des formes et des figures, des positions et des perspectives, pour toucher à la possibilité d’un dialogue sans entrave et détaché entre l’individu et la réalité.
The « En ondes les instants » exhibition features three artists: An Xiaotong, Julie Navarro and Shi Qi. The title, inspired by a line from a poem by François Cheng, brings together these three different artistic trajectories and positions. The works in the exhibition address the question of transmutation. In alchemy, transmutation refers to the possibility of transforming one substance into another, or one element into another. Here, it’s a question of transmuting materials, shapes and figures, positions and perspectives, to touch on the possibility of an unfettered, detached dialogue between the individual and reality.
Galerie cadet capela / Huang Ko Wei, « Tunneling » / 09.03 – 20.04.2024 / 13 rue Béranger, Paris 3
Reconnu pour sa maîtrise audacieuse des couleurs, des lumières, et son jeu subtil entre l’imaginaire et la réalité, Huang Ko Wei cherche à élargir les horizons de la peinture en combinant et composant des images. Pour sa nouvelle exposition, « Tunneling » à la galerie cadet capela, l’artiste inscrit ses personnages dans des lieux en mouvement, des lieux d’échanges tels que les gares, les trains… Intéressé par les vies transitoires de ces voyageurs de passage, l’artiste souhaite évoquer la fluidité de l’identité et la dynamique géopolitique fluctuante de Taiwan, dont il est originaire. Cette série de peintures est également inspirée de ses recherches actuelles sur la mécanique quantique et sur la notion de « possibilité ». Pour Huang, alors que nous naviguons à travers des éléments tels que l’environnement, la classe sociale, la politique, etc., qui exigent constamment des compromis avec des règles établies, la probabilité de « possibilité » qui se déploie nous permet de maintenir un élan positif face à des situations apparemment sans issue. L’artiste aspire ainsi à perturber et à remodeler notre perception du mouvement, de la forme et de la texture afin de créer un espace à l’équilibre précaire, mais où toute éventualité est envisageable. La création de cette « zone grise » représente un territoire à la fois fascinant et troublant, lui offrant un espace d’expression privilégié.
Renowned for his bold mastery of colors, lights, and his subtle play between the imaginary and reality, Huang Ko-Wei seeks to broaden the horizons of painting by combining and composing images. For his new exhibition at cadet capela gallery, « Tunneling, » the artist situates his characters in dynamic locations, places of exchange such as train stations, trains, etc. Interested in the transient lives of these passing travelers, the artist aims to evoke the fluidity of identity and the fluctuating geopolitical dynamics of Taiwan, his home country. This series of paintings is also inspired by his current research on quantum mechanics and the concept of « possibility. » For Huang, as we navigate through elements such as the environment, social class, politics, etc., which constantly demand compromises with established rules, the probability of « possibility » unfolding allows us to maintain a positive momentum in seemingly hopeless situations. The artist aspires to disrupt and reshape our perception of movement, form, and texture to create a space of precarious balance where any outcome is conceivable. The creation of this « gray zone » represents a territory both fascinating and unsettling, providing him with a privileged space for expression.
A2Z Art Gallery / Ma Desheng, « Ma’s colours » / 14.03 – 20.04.2024 / 24 rue de l’Échaudé, Paris 6
La Galerie A2Z présente une nouvelle exposition de Ma Desheng, « Ma’s Colours », une exploration audacieuse des couleurs inspirée de la dialectique d’Henri Matisse. Né à Pékin en 1952, Ma Desheng fait partie des premiers artistes contemporains chinois à avoir libéré l’Art chinois de la propagande maoïste. Souffrant très jeune d’une grave maladie le contraignant à se déplacer en béquilles, l’artiste ne restreint ni sa productivité ni sa créativité. Il dédie sa vie à l’Art en formant le groupe des Etoiles dont il sera avec Wang Keping, Ai Weiwei et Huang Rui l’un des piliers majeurs de cette intelligentsia.
A2Z Art Gallery presents a new exhibition by Ma Desheng, « Ma’s Colours », a bold exploration of color inspired by the dialectic of Henri Matisse. Born in Beijing in 1952, Ma Desheng is one of the first contemporary Chinese artists to release Chinese art from Maoist propaganda. Suffering from a serious illness at a young age compelling his mobility to crutches, the artist restricts neither his productivity nor his creativity. Not short of strength and courage, this great man and artist has had a very complicated life. Poet, engraver, calligrapher, painter and performer, Ma Desheng embodies for a model of combativeness and creativity. He dedicates his life to art by forming the group named « Stars”, in which he was with Wang Keping, Ai Wei Wei, and Huang Rui, three of the major pillars of this intelligentsia.
Considéré comme un des plus grands artistes indiens de sa génération, le peintre Atul Dodiya présente à la Galerie Templon une nouvelle série de toiles inspirées par les classiques de Bollywood. L’exposition prend pour point de départ le cinéma de Bombay des années 1960, celui qui a marqué l’enfance de l’artiste. Le titre « I know you. I do. O’ stranger » est notamment inspiré du film Charulata (1964) de Satyajit Ray. Les scènes choisies, faussement anodines, sont le fruit d’une composition complexe dans laquelle la célébrité de l’acteur s’éclipse au profit de l’anonymat. Hors de tout contexte narratif, leur beauté mystérieuse se révèle, laissant le spectateur libre d’en interpréter la signification. A la manière d’un cinéaste, d’une toile à l’autre, Atul Dodiya promène notre regard à travers l’espace. Si certains fragments de pellicule semblent rendre hommage aux prouesses techniques du cinéma, d’autres mettent en évidence, à travers un univers recréé de toutes pièces, l’émergence d’une nouvelle société de consommation, avec ses meubles et ses décors sophistiqués.
Painter Atul Dodiya, regarded as one of the greatest Indian artists of his generation, is showing in Galerie Templon Paris a new series of canvases inspired by Bollywood classics. The exhibition’s entry point is the Mumbai movie world of the 1960s that marked the artist’s childhood. The title “I know you. I do. O’ stranger” is inspired by the film Charulata (1964) by Satyajit Ray. The deceptively ordinary chosen scenes are the fruit of complex compositions where the actor’s fame takes a back seat to anonymity. Liberated from all narrative context, their mysterious beauty is revealed, leaving the viewer free to interpret their meaning. In the manner of a filmmaker, Atul Dodiya directs our gaze through space, from one canvas to the next. Certain fragments of a roll of film seemingly pay tribute to the technical feats of cinema. Others highlight the emergence of a new consumer society, with hand-crafted movie sets becoming, in the artist’s hands, some sophisticated furnishings and interiors.
Pour sa cinquième exposition à la Galerie Jeanne Bucher-Jaeger, la première en France depuis 2019, Susumu Shingu présente quatre nouvelles sculptures, qui répondent dans l’exposition à un ensemble d’œuvres plus anciennes, caractéristiques de l’art subtil de l’artiste : des épanchements aériens blancs ou jaunes, ou encore ce ‘Petit Bois’ formé de tiges graciles qui oscillent légèrement à la moindre brise. Cet ensemble sera également accompagné de dessins, croquis et études qui montrent le processus créatif de Shingu, et sa manière singulière de déployer dans l’espace la bidimensionalité des esquisses. À la fois peintre, sculpteur, chercheur et philosophe de la nature, Susumu Shingu (né en 1937 au Japon) est considéré aujourd’hui comme l’un des artistes les plus importants de la scène contemporaine japonaise ; ses sculptures d’eau et de vent, souvent monumentales, ont été installées dans le monde entier au cours des 40 dernières années.
For this exhibition, his fifth at the Bucher-Jaeger gallery and his first in France since 2019, Susumu Shingu presents four new sculptures which resonate in the exhibition with a group of older works that are characteristic of the artist’s subtle art: white or yellow aerial effusions, or ‘Petit Bois’, made up of graceful stems that sway slightly in the slightest breeze. The exhibition will also be accompanied by drawings, sketches, and studies that illustrate Shingu’s creative process and his unique way of deploying the two-dimensionality of his sketches in space. A painter, sculptor, researcher and philosopher of nature, Susumu Shingu (b.1937 in Japan) is today considered one of the most important artists on the contemporary Japanese scene; over the last 40 years, his often monumental sculptures of water and wind have been installed all over the world.
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