by Nicolas Lor
Fashion photography has long been one of the Western societies prerogative. It is intrinsically linked to the mechanism of the production of the garment and it is an essential cog in its valorization. The rise of major fashion names, first in Japan, then in South Korea and China, has given many Japanese, South Korean and Chinese photographers a real artistic legitimacy on the international scene. From fashion magazines editorials to their work and research advertising campaigns, these photographers explore personal and universal themes that give a voice to authentic Far Eastern culture. Three countries, three profiles :
La photographie de mode a longtemps été l’apanage des sociétés occidentales. Intrinsèquement liée au mécanisme de production du vêtement, elle constitue un rouage essentiel de sa valorisation. L’émergence de grands noms de la mode d’abord au Japon, puis en Corée et en Chine a permis de donner à de nombreux photographes japonais, coréens et chinois une véritable légitimité artistique sur la scène internationale. Des éditoriaux de magazines de mode aux campagnes publicitaires en passant par leurs travaux et recherches, ces photographes explorent des thématiques personnelles et universelles qui donnent une voix à la culture extrême-orientale authentique. Trois pays, trois portraits :
MONIKA MOGI (Japan)
Born in the early 1990s, Monika Mogi is a fashion photographer based in Tokyo. A free spirit from today’s Japan as she is one of the only representatives of fashion photography in a world dominated by men. Her work is clearly defined by the popular Japanese culture whose impact is still perceptible today and by reflections related to the Japanese history of the 1970s–1990s is included in a global context. Beyond the national issue, her research explores the figuration of many subcultures that are involved in a divided society. If Monika Mogi’s photography could be described as political in that it conveys a message of identity defense on several levels, the fact remains that its proportion spares its aesthetic questioning. Indeed, the themes chosen by Monika Mogi have a common characteristic of extreme vitality. The surrounding world is captured and magnified in both its movement and its symbols. Choosing the human being – often the woman – as the protagonist of her goal, Monika Mogi likes to tell portraits, to build stories of an intimate sometimes poured into everyday life and in the eyes of all. There are smiles, parties, tears and joys, sparkling lights and distant blurs, all signifying states of soul(s) of the photographed personalities. Monika Mogi shows a work of rare narrative and emotional strength in a dreamed day and night Japan.
Née au début des années 1990, Monika Mogi est une photographe de mode basée à Tokyo. Esprit libre du Japon d’aujourd’hui, elle en est l’une des seules représentantes de la photographie de mode, dans un univers dominé majoritairement par les hommes. Son travail est marqué de manière évidente par une culture populaire japonaise dont le retentissement est encore perceptible de nos jours et par des réflexions liées à l’histoire nippone des années 1970–1990 inclue dans un contexte mondial. Au-delà de la question nationale, ses recherches explorent la figuration de nombreuses sous-cultures participant d’une société clivée. Si la photographie de Monika Mogi pourrait être qualifiée de politique en ce qu’elle transmet un message de défense identitaire à plusieurs niveaux, il n’en reste pas moins que sa proportion épargne ses questionnements esthétiques. En effet, les thématiques choisies par Monika Mogi ont une caractéristique commune de vitalité extrême. Le monde environnant se trouve capturé et magnifié à la fois dans son mouvement et ses symboles. Choisissant l’être humain – souvent la femme – comme protagoniste de son objectif, Monika Mogi se plaît à raconter des portraits, à construire des histoires d’un intime quelques fois déversé dans le quotidien, aux yeux de tous.tes. Tout y est sourires, fêtes, pleurs et joies, lumières scintillantes et flous lointains, autant de signifiants d’états d’âme(s) des personnalités photographiées. Monika Mogi donne à voir un travail d’une force narrative et émotionnelle rare dans un Japon rêvé, de jour comme de nuit.
CHO GI SEOK (South Korea)
Born in 1992 in Seoul, Cho Gi Seok began his university studies at the Kookmin Faculty. At the age of 20, he decided to devote himself essentially to his artistic and photographic work. Interested at first by his nearby environment, he takes as a subject the essences of Seoul’s flowers, as well as his friendly entourage. These themes converge gradually and define an increasingly radical and personal style. The young photographer develops a refined vocabulary that questions the canons of beauty. Cho Gi Seok’s research on the “Unexpected Beauty” is intrinsically linked to both the photographic process and the fashion industry. Gi Seok links organic, mineral and robotics in precisely elaborated compositions where “a priori” incompatible elements are coexisting harmoniously. These composite universes are related to the imprint of time and the subject photographed interiors dualities; the artist reveals their mutual complexities. The human being, central iconographic figure of his work, dialogue or fusion with the animal and the plant with which he ends up being confused. A body like a stem, a bird like a face; divergent figures who yet try to deliver a similar idea, a singular and instantaneous beauty. Cho Gi Seok’s work allows to discover the particular implementation of the Korean philosophy contemplative living in fashion. The sublime paintings proposed by the photographer illustrate an over-planned construction, a balance of colors and volumes just at the service of a frontal but subtle sensuality, the obvious and ambiguous purity.
Né en 1992 à Séoul, Cho Gi Seok suit d’abord un cursus universitaire à la faculté de Kookmin. Dès l’âge de 20 ans, il décide de se consacrer essentiellement à son travail artistique et photographique. Intéressé dans un premier temps par son environnement proche, il prend pour sujet les essences de fleurs de Séoul, ainsi que son entourage amical. Ces thématiques convergent progressivement et définissent un style de plus en plus radical et personnel. Le jeune photographe développe un vocabulaire raffiné qui questionne les canons de beauté. En effet, la recherche de Cho Gi Seok autour de la « beauté inattendue » (trad. Unexpected Beauty) se trouve intrinsèquement liée à la fois au processus photographique et à l’industrie de la mode. Gi Seok y lie l’organique, le minéral et le robotique au sein de compositions précisément élaborées où coexistent harmonieusement des éléments a priori incompatibles. Ces univers composés ont trait à l’empreinte du temps et aux dualités intérieures des sujets photographiés ; l’artiste révèle leurs complexités réciproques. L’être humain, figure iconographique centrale de son travail, dialogue ou fusionne avec l’animal et le végétal avec lesquels il finit par se confondre. Un corps comme une tige, un oiseau comme un visage : des figures divergentes qui tentent pourtant de délivrer une idée similaire, celle de la beauté singulière et instantanée. Le travail de Cho Gi Seok permet de découvrir l’implémentation particulière de la philosophie coréenne contemplative du vivant dans la mode. Les tableaux sublimes proposés par le photographe illustrent une construction sur-planifiée, un équilibre des couleurs et des volumes justes au service d’une sensualité frontale mais subtile, d’une pureté à la fois évidente et ambigüe.
LESLIE ZHANG (China)
Born in 1992 in Yangzhou, Jiangsu, renowned Chinese photographer Leslie Zhang works today from Shanghai. After training in painting and visual arts, he turned to fashion photography as a mean of expressing human beauty and textiles. In the manner of a painter, Leslie Zhang has defined since his beginnings an easily recognizable style. The constructions he imagines appear to be largely inspired by pictorial structures: postures and perspectives are cleverly reflected in order to lead the eye to the heart of the scene. If the human figure remains the central element of the composition, Leslie Zhang repeatedly chooses to have his dialogue with a decorum of his own. The constructed scenes depict an intense and frozen atmosphere, out of time, in which an almost iconic sculptural figure flourishes. The rather limited palette of colors used participates in the valorization of the message delivered by the colorist photographer. The clothes and decorations chosen from the photograph both reflect the themes that are dear to Leslie Zhang. In a regular collaboration with the stylist Audrey Hu, he draws on the themes and writings of the classical and modern ages. Together, they are Chinese historical and decorative developments in fashion photography spearheads. In connection with the creative dynamism of current Chinese fashion, Leslie Zhang explores the ideas and memory of the past by cultivating iconographies from before. This powerful historical interest constitutes an essential means of understanding in order to apprehend today part of the Chinese identity.
Né en 1992 à Yangzhou dans le Jiangsu, le photographe chinois de renom Leslie Zhang travaille depuis Shanghai. Après une formation en peinture et arts visuels, il se tourne vers la photographie de mode comme moyen d’expression des beautés humaines et textiles. À la manière du peintre, Leslie Zhang a défini depuis ses débuts un style aisément reconnaissable. Les constructions qu’il imagine apparaissent comme étant largement inspirées de structures picturales : postures et perspectives sont savamment réfléchies afin de mener l’œil au cœur de la scène. Si la figure humaine demeure l’élément central de la composition, Leslie Zhang choisit de manière récurrente de la faire dialoguer avec un décorum qui lui est propre. Les scènes construites dépeignent une atmosphère intense et figée, hors du temps, dans laquelle s’épanouit une figure sculpturale, presque iconique. La palette de couleurs employées, assez restreinte, participe de la valorisation du message délivré par le photographe coloriste. Les vêtements et décors choisis au sein de la photographie reflètent tous deux les thèmes chers à Leslie Zhang. Il puise en effet dans les thèmes et écrits des âges classiques et modernes en collaboration régulière avec la styliste Audrey Hu. Ensemble, ils sont les fers de lance des développements historiques et décoratifs chinois dans la photographie de mode. Leslie Zhang sonde les idées de passé et de mémoire en cultivant des iconographies de temps révolus en lien avec le dynamisme créatif de la mode chinoise actuelle. Ce puissant intérêt historique constitue un moyen de compréhension essentiel afin d’appréhender aujourd’hui une partie de l’identité chinoise.