INTERVIEW – RENAN LARU-AN

Dialogue avec le nouveau directeur artistique de SAVVY Contemporary : Renan Laru-an de Sultan Kudarat, Philippines

Dialogue with SAVVY Contemporary New Artistic Director: Renan Laru-an from Sultan Kudarat, the Philippines

By Alain Zedrick Camiling (Manila, the Philippines) – May 2023

Barbora Kleinhamplová. Biennale Matter of Art 2022, installation view, General University Hospital in Prague © Jonáš Verešpej

« Tous les projets sont alimentés par un travail émotionnel et soutenus par un réseau de confiance communautaire et réciproque. Nous considérons souvent ces sujets comme gênants, mais ils constituent en réalité le capital qui fait ou défait un projet », explique le chercheur et conservateur philippin Renan Laru-an, lorsqu’on lui demande comment il aborde la collaboration en travaillant sur des projets à grande échelle, le tout en lien avec sa pratique prolifique dans le domaine de la culture et de la création.

Laru-an, né à Sultan Kudarat, a été récemment nommé directeur artistique de SAVVY Contemporary à Berlin, Allemagne. Il s’ancre dans une pratique dynamique et prolifique tant dans la curation que dans la recherche, comme en témoignent ses engagements antérieurs sur la scène artistique mondiale. L’équipe ACA Project a eu un dialogue instructif et intéressant avec Laru-an sur son travail, son activité récente en tant que l’un des commissaires de la 2e Biennale Matter of Art 2022 à Prague, et son rôle étendu en tant que directeur artistique de SAVVY Contemporary à Berlin.

“All projects are funded by emotional labor and enabled by a network of communal trust. We often think of these matters to be inconvenient, but they really are the capital that make or break a project”, shares Filipino researcher and curator Renan Laru-an, when asked about how he approaches collaboration and network when working with large-scale projects in connection to his prolific practice across cultural and creative work.

Having a dynamic and prolific practice in both curation and research as seen in his past engagements through notable endeavors in the global art scene, Sultan Kudarat-born Laru-an was recently appointed Artistic Director of SAVVY Contemporary in Berlin, Germany. The ACA Project team had an insightful and interesting dialogue with Laru-an on his curatorial and research practice, recent engagement as one of the curators for the 2nd Biennale Matter of Art 2022 in Prague, and his extensive role as artistic director of SAVVY Contemporary in Berlin.

Renan Laru-an
ACA Project : Tout d’abord, félicitations pour votre nomination à la SAVVY Contemporary ! Je voulais vous demander votre réaction face à cette nouvelle. Avez-vous été surpris ? Je suis également curieux de savoir ce qui a motivé votre décision d’accepter ce poste, étant donné que vous aviez auparavant une pratique curatoriale très prolifique s’étendant à l’échelle mondiale.

Renan Laru-an : Merci. J’ai accidentellement ouvert mes mails avant d’aller me coucher et vu l’offre, j’ai littéralement sauté de mon lit. Ce n’est pas un secret que je cherchais un rôle dans une organisation depuis un certain temps. En tant que curateur indépendant depuis près de dix ans, j’ai travaillé dans différents contextes et capacités, exposé à de nombreux styles de gestion et conditions de production, de sorte que j’avais l’impression d’avoir été préparé pour ce poste. Bien entendu, cela était difficile à traduire ou même à communiquer, car les professionnels de l’art, en particulier les praticiens issus d’un milieu et d’une formation spécifique, n’obtiennent pas facilement un emploi auprès des institutions. Les institutions ne font généralement pas confiance à des pratiques qu’elles ne peuvent pas lire facilement ou dont le CV peut avoir une forme ou apparence différente. J’ai ressenti comme une obligation d’accepter le poste parce que j’ai commencé dans un secteur – le monde de l’art international, peu importe ce que cela signifie aujourd’hui – où je ne vois pas beaucoup de personnes qui me ressemblent occuper des postes de direction.

ACA Project : Foremost, congratulations on your recent appointment as the new director of SAVVY Contemporary in Berlin! I wanted to ask your initial reaction on the appointment. Were you surprised at all? I also am curious about what shaped your decision to accept it, having such a prolific curatorial practice which extends globally prior to this.

Renan Laru-an : Thank you. I accidentally opened my email before going to bed and read the job offer so I literally jumped out of my bed when I learned the news. It is not a secret that I had been looking for a role in an organization for quite some time. As a freelance curator for almost a decade, I worked in different contexts and capacities, exposed to numerous management styles and conditions of production, that I felt I had been prepared for this position. This of course was difficult to translate or even to communicate because art professionals especially practitioners who are from specific background and training do not easily secure jobs with institutions. Institutions usually do not have the confidence to trust practices that they cannot easily read or whose CV may have a different form or appearance. It felt almost like an obligation to accept the job because I started in a sector—the international artworld, whatever this means now—where I do not see a lot of people who look like me take leadership roles.

Renz Lee. Biennale Matter of Art 2022, installation view, Prague City Gallery, Municipal Library, 2nd floor | (c) Tereza Havlínková
Le rôle étendu d’un directeur artistique implique beaucoup de choses. Cela m’incite à penser aux fonctions qui se chevauchent au sein des infrastructures. Pourriez-vous nous faire part de la vision que vous avez pour votre poste ? Y a-t-il des choses que vous avez l’intention de supprimer, de remplacer et de reprendre ? Y a-t-il des points de conversation et des intérêts spécifiques que vous voulez mettre en avant ? Comment le processus de transition des rôles est-il abordé ?

Je crois au pouvoir de la somme et l’addition, dans l’éthique, la politique et l’imagination : c’est la force de …et ceci, ou cela. C’est à dire que la possibilité d’une alternative sans devenir dogmatique ou nostalgique est cruciale pour opérer dans les transitions. Cela permet d’accepter les réalités du travail et de la vie d’une manière qui ouvre la voie à une approche délibérative dans le jugement et la prise de position. Il faut donc bien comprendre les urgences quotidiennes et la manière dont elles façonnent la vision, et l’engagement à long terme de l’organisation. Il ne s’agit pas simplement d’exécuter une décision qui promeut quelque chose de « correctif » ou de « déconstructif » afin de faire les choses efficacement ou, pire encore, d’éluder des questions ou des processus difficiles. Connaître l’histoire de l’organisation, l’anthropologie des ressources humaines, et la géographie des aspirations de l’équipe, est aussi important que d’être capable de naviguer la bureaucratie des politiques culturelles et le champ de mines qu’est la gestion des fonds. On dit souvent qu’il est impératif de trouver un équilibre entre ceci et cela ; je ne pense pas que cela fonctionne tout le temps. Un directeur sensible aux questions de conservation dirige le flux, observe le courant et danse avec les vagues. Être directeur artistique d’une institution d’art contemporain aujourd’hui signifie être capable de travailler et d’apprécier les forces qui vous enveloppent ou les angoisses qui ébranlent vos valeurs fondamentales.

Au cours des derniers mois depuis que j’ai commencé mon travail, on m’a demandé quelle était ma stratégie pour être à Berlin et/ou devenir un leader à Berlin. Cette question s’est présentée sous une multitude de formes, englobant des demandes intentionnelles, problématiques et venant de collègues. Le sentiment palpable d’un désir militariste est constant dans cette ligne de questions : venir avec des munitions ou arriver avec une protection qui assure la sécurité d’une institution artistique, de la communauté dans son ensemble et de ses mécènes. Je surinterprète peut-être ces interactions, mais il s’agit d’une atmosphère et d’un paysage intéressants qui ressemblent à un état post-conflit. Tout semble être en transition. C’est le sentiment que l’on éprouve lorsqu’un lieu est décrit comme un « pays en transition » ou « en transition vers la démocratie ». C’est ce que l’on retrouve dans le langage que je retiens en ce moment. Je me suis demandé comment me comporter face à cela.

Dernièrement à SAVVY nous avons travaillé sur les termes d’un code de conduite. Bien sûr, cela répond à des situations organisationnelles particulières, mais je voulais le mentionner parce qu’il s’agit d’une tâche délicate qui complique les relations à de nombreux niveaux et dans différents registres. L’écriture de ce document contribue à l’histoire de la rédaction et du dialogue sur la manière dont nous vivons et travaillons ensemble, que, heureusement, de plus en plus de collectifs mettent en œuvre à l’heure actuelle. Il syndicalise le désir d’être pris en charge et le droit de ne pas être blessé dans un espace qui promet d’être convivial. SAVVY a été créé à un moment où il y avait une insuffisance d’espaces pour que les minorités puissent se retrouver et avoir un temps artistique ainsi qu’un lieu culturel. Maintenant qu’il est établi, nous arrivons avec de nouveaux devoirs et obligations. L’un d’entre eux est consacré à la sûreté récréationnelle, une sécurité dans la participation à ces loisirs.

The extensive role of an artistic director involves a lot of things (on top of others). This propels me to think about overlapping roles among infrastructures. Could you share with us your vision during your tenure? Are there things you intend to remove, replace, and resume? And would there be any specific points of conversations and interests which you intend to put forth? How is your role transition process being tackled/approached?

I believe in the power of addition in ethics, politics, and imagination: that is the force of …and this, or that. The possibility of an alternative without becoming dogmatic or nostalgic is crucial in operating in transitions. It accepts the realities of work and living in a manner that opens up to a deliberative approach in judgment and taking positions. This requires careful understanding of daily urgencies and how these shape the vision and long-term commitment of the organization. It is not merely executing a decision that promotes something “corrective” or “deconstructive” in order to do things efficiently or worse to evade difficult questions or processes. Knowing the history of the organization, the anthropology of human resource, and the geography of aspirations of the team is as important as being able to navigate the bureaucracy of cultural politics and the minefield of fund administration. Often they say it is imperative to strike a balance between this and that; I don’t think that works all the time. A leader who is curatorially sensitive conducts the flow, observes the current and dances with the waves. To be an artistic director of a contemporary art institution today means being able to work and enjoy the forces that envelop you or the anxieties that shake your core values. 

In the past months since I started my work, I have been asked about my strategy of being in Berlin and/or becoming a leader in Berlin. This question has presented itself in a multitude of forms, encompassing intentional, problematic, and collegial inquiries. Consistent in this line of questioning is the palpable sense of militaristic desire: to come with ammunition or to arrive with protection that ensures the safety of an art institution, the community at large, and its patrons. I may be over-interpreting these interactions, but it is an interesting atmosphere and landscape that resembles a post-conflict state. Everything seems to be in transition. It is a feeling that you get when a place is described to you as “country in transition” or “transitioning to democracy”. This exists in language right now that I pick up in speech.  I asked, how do I conduct myself in this language?

Lately, at SAVVY, we have been working on the terms of a code of conduct. Of course it responds to particular organizational situations, but I wanted to mention this because it is a sensitive task that complicates relationships on many levels and in various registers. Writing this contributes to the history of drafting and dialogue-making on how we live and work together that thankfully more collectives are enabling right now. It unionizes desires to be taken care of and the right not to be harmed in a space that promises to be convivial. SAVVY was created at a time of insufficiency in spaces for minorities to commune with and to have the artistic time and cultural place. Now that it is established, we enter with new duties and obligations. One is devoted to safe recreation.

Larisa Crunțeanu, Lenka Vítková Biennale Matter of Art 2022, installation view, Prague City Gallery, Municipal Library, 2nd floor | (c) Tereza Havlínková
Vous avez réalisé une myriade de projets au cours des dernières années de la pandémie, et je ne peux qu’associer des mots tels que contingences et compulsions lorsque je commence à penser aux différentes échelles de ces projets. Lors de la récente (2e) Biennale Matter of Art (du 21 juillet au 23 octobre 2022 à Prague, République tchèque), vous avez travaillé avec une équipe de commissaires composée de Rado Ištok et Piotr Sikora, ainsi qu’avec un réseau tel que tranzit.cz. Pourriez-vous décrire votre approche quant à la collaboration lorsque vous travaillez sur des projets à grande échelle, en relation avec votre pratique de chercheur et commissaire d’exposition ?

La pandémie a mis à l’épreuve nos conceptions de la collaboration. On a beaucoup parlé de notre résilience et de notre ténacité dans des conditions extraordinaires, ce qui pourrait être une amorce à l’optimisme cruel de Berlant. Elle a également remis en question notre compréhension ou peut-être même notre perception des bourses, des fonds, y compris les vertus de la camaraderie et du fait d’être ensemble en tant que pairs. J’invoque cette famille d’étiquettes pour désigner nos relations, parce que je crois qu’elle détermine la durée affective d’une collaboration. Il est impossible de cultiver un arrangement social prédonné sans la promesse de devenir des compagnons avancant différemment dans leurs aventures de vie et qui, pourtant, se retrouvent dans l’humilité des contraintes de la vie en commun. Tous les projets sont alimentés par un travail émotionnel et soutenus par un réseau de confiance communautaire et réciproque. Nous considérons souvent ces sujets comme gênants, mais ils constituent en réalité le capital qui fait ou défait un projet.

You’ve pulled off myriad projects for the past years of the global pandemic, and I can only attach words like contingencies and compulsions when I begin to think of varying scales of such. In the recent (2nd) Biennale Matter of Art (21 July to 23 October 2022), you have worked with a curatorial team with Rado Ištok and Piotr Sikora as well as a network such as tranzit.cz, could you describe how you approach collaboration and network when working with large-scale projects in connection to your practice as researcher and curator?

The pandemic tested our conceptions of collaboration. Much has been said about our resilience and tenacity in extraordinary conditions, that it could be a primer to Berlant’s cruel optimism. The pandemic also challenged our understanding or maybe even our perception of fellowships, including the virtues of collegiality and being together as peers. I invoke this family of labels to a relationship because I believe it determines the affective tenure of a collaboration. It is impossible to cultivate any pre-given social arrangement without the promise of becoming fellows who move through their adventures in life differently and yet they are humbled together by the constraints of living together. All projects are funded by emotional labor and enabled by a network of communal trust. We often think of these matters to be inconvenient, but they really are the capital that make or break a project.

APART collective. Biennale Matter of Art 2022, installation view, Prague City Gallery, Municipal Library, 2nd floor | (c) Tereza Havlínková Biennale
Toujours à propos de la Biennale Matter of Art : Je voulais savoir comment vous établissez les connexions ou ponts vers la compréhension/les conversations entre l’art et les publics, voire la production et la circulation des connaissances. Cela peut s’étendre à la manière dont vous présentez vos œuvres aux Philippines et à Prague, dans le cas présent. En consultant mes notes, je constate que la biennale se déroule également dans un studio, une bibliothèque municipale et une ancienne blanchisserie. Avez-vous des observations spécifiques sur la manière dont les publics reçoivent ou interagissent avec ces types de projets dans différents lieux ?

Les contextes et les publics ont pris à partie la pratique curatoriale. Notamment pour son initiation, maintien et intervention dans la création de liens entre l’art et la vie. Il faut revigorer ces canaux de production et de circulation pour qu’un contact puisse avoir lieu. Bien entendu, cela ne se produit pas dans le cadre d’un seul projet ou d’une résidence. Parce que le temps est crucial ici – le plus souvent agissant contre nous -, les curateurs et artistes doivent être capables de proposer des mécanismes permettant au public d’expérimenter et de percevoir le temps différemment à travers les œuvres d’art. J’apprécie lorsque les artistes nous invitent à considérer la temporalité comme un compagnon, un ami ou un amant. Cet accompagnement nous permet de trouver le langage pour entrer dans un contexte qui n’est pas encore complètement exploré. Lors de la réalisation d’expositions, je suis souvent déconcerté par l’utilisation du terme « contexte » et par la façon dont il a été utilisé pour remplacer la notion du sens critique : Je ne peux pas accéder au contexte. L’exposition n’a pas assez de contexte. Le contexte est tout. J’entends rarement cela de la part du public qui n’est pas professionnalisé dans les normes de production d’art et du discours. Je crois que nous ne pouvons organiser que des expositions qui nous entourent déjà. L’exposition est déjà un contexte et un engagement.

Still about Biennale Matter of Art: I wanted to enquire about how you resolve connections or bridges to understanding/conversations between art and publics, perhaps knowledge production and circulation. This can extend to how you present your works both in the Philippines and in Prague, in this case. Do you have specific observations on how publics receive or interact with these types of projects in various locales? Going through my notes, the biennale locations also are in a studio, a municipal library, and a former laundry facility. Are there differences and similarities in connection to public reception/engagement? How so? 

Contexts and publics have taken the curatorial to task for their initiation, maintenance, and intervention of connections between art and life. One has to invigorate these channels of production and circulation in order for a contact to take place. This of course does not happen in one project alone or by doing a residency. Because time and timing are crucial here—most of the time operating against us, curators and artists must be able to propose some mechanisms that the audience can experience and perceive time differently through the works of art. I find it rewarding when artists invite us to consider time as a companion, a friend, or a lover. This accompaniment allows us to find the language to enter a context that is not fully unpacked yet. In exhibition-making, I am often confused how the term ‘context’ is used and how it has been weaponized to substitute for criticality: I can’t access the context. The exhibition does not have enough context. Context is everything. I rarely hear this from the public who is not professionalized in the standards of art and discourse production. I believe that we can only curate exhibitions that already surround us. Exhibition is already context and engagement.

Biennale Matter of Art 2022 curators (c) Tereza Havlínková
Pourriez-vous nous faire part de réflexions spécifiques que vous avez eues sur l’art contemporain, la culture et le marché de l’art au cours de vos dernières années de travail, dans des contextes locaux et mondiaux ? Existe-t-il des besoins ou des intérêts spécifiques auxquels nous devons répondre de toute urgence ou d’autres conditions préexistantes qui prévalent encore ? Auriez-vous une liste de souhaits à formuler à ce sujet ?

Je souhaiterais que nous prenions plus de temps pour nous écouter les uns les autres.

Could you share with us any specific reflections on contemporary art, culture, and the art market for the past few years of working across local and global contexts? Are there specific needs or interests that we must address urgently or any other pre-existing conditions which are still prevalent? Would you have any wishlist on these?

I wish we would have more time to listen to each other. 

En relation avec la question précédente, avez-vous des conseils spécifiques à donner aux praticiens en herbe qui travaillent dans la curation ? Cette question découle de conversations sur la durabilité de sa propre pratique, l’établissement de sa visibilité dans ce domaine, et peut-être la meilleure façon de naviguer cette scène.

J’y ai pensé en passant du temps à l’hôpital pour m’occuper de mon père. Je me suis demandé pourquoi il n’y a pas de « bon » art dans un lieu de soins et de convalescence comme l’hôpital. Pourquoi y a-t-il tant de « mauvaises » expositions dans les établissements de santé ? Peut-être parce que l’art n’a pas besoin d’être bon ou mauvais pour être vu ; il suffit qu’il soit proche de l’expérience de la douleur ou de l’espoir d’une guérison. Je crois qu’une exposition d’art peut être simplement à côté d’un patient, d’un compagnon d’infortune. La conservation est une pratique non curative. Je suis déjà heureux si nous pouvons réimaginer l’art comme une aventure sans violence.

In relation to the previous question, do you have specific advice to budding practitioners who work curatorially? This question stems from conversations on sustainability of one’s practice, establishing one’s visibility in the field, and perhaps how to best navigate the scene.

I thought about this when I spent some time in the hospital caring for my father. I wondered why there is no “good” art in a place of care and convalescence like the hospital. Why are there so many “bad” exhibitions in an institution of cure? Perhaps because art doesn’t have to be good or bad at all to be seen; it only needs to be close to the experience of pain or to the hope of a cure. I believe an exhibition of art can be simply next to a patient, a fellow sufferer. The curatorial is a non-curative practice. I am already happy to know if we reimagine art to be an adventure of no-harm.

Robert Gabris & Luboš Kotlár. Biennale Matter of Art 2022, installation view, Šaloun Studio, Prague © Jonáš Verešpej
Vous êtes membre fondateur et actuellement coordinateur de l’engagement public et de la formation artistique pour le réseau philippin d’art contemporain (Philippine Contemporary Art Network, PCAN). Pourriez-vous nous en dire plus sur la façon dont ce rôle va changer et comment vous envisagez de le poursuivre avec votre nomination à Berlin ? Devrions-nous nous attendre à ce que vous travailliez entre Manille et Berlin dans les années à venir ? Ou vous concentrerez-vous davantage sur ce dernier lieu ? Dites-nous également ce que nous pouvons attendre de Renan Laru-an alors qu’il entame son poste chez SAVVY.

Mon implication dans PCAN sera plus limitée. Heureusement, le PCAN est conçu pour être une organisation agile pouvant se soutenir grâce à une programmation et des activités dynamiques. La pratique de la publication est une approche que nous explorons afin de poursuivre les engagements que nous avons avec le réseau.

Au cours des deux prochaines années, je me concentrerai sur SAVVY Contemporary. C’est un travail à plein temps, et je suis enthousiaste à l’idée de la constellation d’échanges et de plateformes que je peux produire avec mon équipe à Berlin.

You are founding member and current Public Engagement and Artistic Formation Coordinator for Philippine Contemporary Art Network. Could you tell us more about how this role will change and how you plan to continue in line with your appointment in Berlin? Shall we expect you to work between Manila and Berlin in the coming years? Or would you be focusing more on the latter? Let us also know what we can expect from Renan Laru-an as he starts his SAVVY stint.

I will have a more limited involvement with PCAN as I assume my position in Berlin. Thankfully PCAN is designed to be an agile organization that can sustain itself through dynamic programming and activities. The practice of publishing is one approach that we are exploring in order to continue the commitments we have with the Network.

In the next two years, my focus is on SAVVY Contemporary. It is a full-time job, and I am excited about the constellation of exchanges and platforms that I can produce with my team in Berlin. 

Entretien mené par Alain Zedrick Camiling / Relecture et traduction en français par Amandine Vabre Chau
Interview by Alain Zedrick Camiling / Proofreading and French translation by Amandine Vabre Chau

Festival of Performance Art We Are All Emotional. May 6–7, 2022, Divadlo X10, Prague, Czech Republic | © Tereza Havlínková

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